PGW 2011 - Nagoshi Toshihiro nous parle de Binary Domain

/ Interview - écrit par Flob, le 26/10/2011

Tags : vida sonic nous pra sega yakuza jeux

Nagoshi Toshihiro, grosse pointure de SEGA et producteur entre autres des séries Super Monkey Ball ou - excusez du peu - Yakuza, était de passage au Paris Games Week pour présenter son futur titre : Binary Domain.
Ce TPS se déroulant en 2080 dans un Tokyo dévasté, infesté de robots très évolués et peu amicaux, sortira en février 2012.
D'ici là, ce jeu d'action à l'ambiance sombre et futuriste a de quoi susciter de nombreuses questions... Et ça tombe bien ! Car Krinein JV a eu la chance de rencontrer Nagoshi-San, qui a aimablement répondu à toutes nos interrogations !

 

Krinein JV : Quel message vouliez vous faire passer à travers Binary Domain ?

Nagoshi Toshihiro au PGW
Nagoshi Toshihiro : Alors effectivement, le scénario de la guerre des humains contre les machines n'est qu'un prétexte pour pouvoir faire passer mon message. Car le thème le plus important dans Binary Domain, c'est la vie. Et illustrer la vie, c'est assez difficile parce que c'est un thème qui est à la fois universel et difficile à raconter. Ce que je voulais c'est mettre en scène des êtres humains qui sont dans un environnement qui n'est pas très amical et montrer justement ce qu'est la vie: qui est vivant et qui ne l'est pas, du côté des robots mais aussi des humains.
C'est pour ça que le jeu se situe dans un futur proche, en 2080, parce que si on part du principe qu'en 2010 on est plutôt mal barrés... Regardez, la Terre ne se porte pas très bien, le Japon a depuis subit une catastrophe, et il y a des tas de problèmes écologiques. Donc si on continue comme ça le monde de Binary Domain n'est peut être pas si éloigné de ce que sera la réalité dans 70 ans. Ainsi, en montrant justement des êtres humains qui vivent ou survivent dans des conditions difficiles, cela me permet d'avoir une bonne base afin de poser mon thème.

 

KJV : L'idée de domination de l'homme par la machine se retrouve dans beaucoup d’œuvre nippones, Ghost in the Shell entre autres. Est-ce que cette peur de se faire dominer par les robots est particulièrement japonaise ?
NT : Je ne pense pas que ce soit limité au Japon, je pense que tous les gens du monde entier ont un peu peur des machines, mais de manière inconsciente. Parce que si vous réfléchissez bien, les humains ont un rapport assez étrange avec elles. On construit des machines pour nous faciliter la vie, pour faire des choses que l'on n'a pas envie de faire, qui nous ennuient ou qui nous prennent du temps. Du coup, on arrête de faire des choses que les machines font à notre place, et évidemment dès qu'il y a un soucis on blâme les machines et pas les humains qui les ont fabriqués pour qu'elles fassent ce qu'on leur demande. PGW 2011 - Nagoshi Toshihiro nous parle de Binary Domain
Heuuu... Une aspirine ?
À partir de là c'est, je pense, assez dangereux car il y une déresponsabilisation totale de l'humanité. Il est donc très possible qu'un jour on fasse faire trop de chose aux machines, et qu'à partir du moment où on ne s'en passe plus cela devienne un danger pour une humanité qui se retrouverait soudain privée de ses machines.
Regardons par exemple les robots qui existent dans Binary Domain. Il est très possible que des robots comme ça puissent exister parce que l'armée va continuer à faire des expérimentation pour trouver des armes de plus en plus efficaces. Si ça trouve il y a des choses auxquelles on pense et qui existent déjà en secret, on ne sait pas. Finalement, c'est un thème qui je pense n'a rien à voir avec le Japon et qui est universel, car tout le monde utilise des machines et donc tout le monde cesse de faire des tâches qui sont pourtant nécessaires, préférant les laisser aux machines.

 

KJV : Binary Domain est beaucoup comparé à Gears of War, mais a quelque chose en plus : les ordres que l'on donne à ses coéquipiers et la relation que l'on tisse avec eux, pouvez-vous nous en dire plus ?
NT : Je vais vous dire, être comparé à GOW ça me fait très plaisir, même si effectivement je fais beaucoup d'effort pour expliquer quels sont les points uniques que présente Binary Domain, et donc forcément la manière dont on va pouvoir donner des ordres à ses camarades.PGW 2011 - Nagoshi Toshihiro nous parle de Binary Domain
Aïe Robot
D'ailleurs ce n'est pas donner des ordres qui est le plus le plus intéressant, mais gérer les relations humaines. En effet, les relations entre les gens changent au fil du temps et c'est illustré dans le jeu par le fait que la confiance qu'ils ont en vous va changer selon ce que vous allez leur dire. Quand vous trahissez la confiance de quelqu'un, ça ne se passe pas très bien. Là ça va être la même chose ; il faudra tenir ses promesses ou simplement éviter d'en faire. Tout dépendra de votre comportement, de la situation, et du  caractère des personnages qui seront en face. Imaginons par exemple que vous disiez à vos équipiers d'aller à droite et que vous alliez à gauche en les laissant sous le feu de l'ennemi pendant que vous êtes en train de vous protéger, forcément ça va mal se passer et ils vont s'énerver. Mais il y a d'autres moment ou vous allez peut être devoir faire des choses que vous n'auriez pas voulu faire, et c'est aussi ça qui est l'intérêt de Binary Domain. C'est que le plus intéressant n'est pas de finir forcément le niveau mais de creuser les relations que vous avez avec les personnages virtuels.

 

KJV : On peut aussi dialoguer avec ses partenaires en utilisant un micro, quel est le plus de cette fonctionnalité pour vous ?
PGW 2011 - Nagoshi Toshihiro nous parle de Binary Domain
Méchants grille-pains !
NT : Alors évidemment on peut dialoguer avec la manette, mais cela oblige à choisir parmi 3 ou 4 réponses possibles, alors qu'avec le micro on peut vraiment dire ce que l'on veut, tant que le mot est compris par le jeu bien sûr. Utiliser la manette est donc possible mais reste moins sympathique et maniable, car il faut ouvrir le menu en plein combat alors que le micro permet de jouer plus naturellement en parlant à n'importe quel moment. Le jeu reste donc bon à la manette mais si vous voulez vraiment en profiter à 100%, je vous recommande vraiment le micro.

 

KJV : À ce sujet, les coéquipiers de votre héros viennent de divers pays et origines, il semble d'ailleurs y avoir un robot français...
NT : Je ne peux pas trop en parler car c'est un personnage qui n'a pas été annoncé officiellement. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il s'agit du personnage le plus unique et le plus original de toute votre équipe...


KJV : Vous êtes depuis longtemps dans le domaine du JV et chez SEGA. Vous avez ainsi travaillé sur de gros titres comme Yakuza. Pensez-vous que Binary Domain a un rôle important à jouer pour le futur de SEGA ?

L'intervieweur et l'interviewé
NT : Effectivement, vous le savez probablement mais l'industrie du jeu vidéo japonais ne se porte pas particulièrement bien. Il ne faut pas se voiler la face, les studios occidentaux ont aujourd'hui beaucoup plus de moyens - et se donnent plus les moyens - de faire des jeux techniquement plus avancés que les japonais. Et l'un des rôles de Binary Domain est aussi de montrer que les développeurs japonais, et pas seulement SEGA, sont capables de lancer de nouveaux concepts ou séries, car c'est vrai qu'en ces temps de domination des studios occidentaux il devient très difficile de lancer de nouvelles franchises. Et j'espère qu'avec Binary Domain on va pouvoir montrer que le Japon est toujours d'attaque et qu'on peut toujours présenter de grands titres d'actions novateurs, des succès populaires, que ce soit dans le Japon mais aussi ailleurs. Et pour le coup, c'est un challenge totalement différent de ce que j'ai pu vivre sur la série des Yakuza.

Interview réalisée par Plax

Binary Domain sera disponible le 17 février 2012 sur PS3 et Xbox 360.

Merci à Franck, Greg, et bien sûr Nagoshi-San

 

 

.