6.5/10Crysis - Test

/ Critique - écrit par Guillaume, le 26/12/2007
Notre verdict : 6.5/10 - Don't Crysis at home (Fiche technique)

Tags : crysis fps remastered jeux switch xbox version

On surveillait Crysis depuis longtemps. Annoncé avec à peine moins de trompettes que le jugement dernier, on pensait qu'à l'image de celui-ci il allait sonner le glas du fps aventurier et plus généralement marquer une rupture, comparable au gouffre qui s'est ouvert entre Ps3 Next Gen et Dreamcast Old School. 

La vie duraille
La vie duraille
La promesse d'une aventure techniquement incomparable, captures d'écrans à l'appui a su draguer les plus réticents. Pourtant, une fois placé devant la galette finale, on ne peut que sentir un petit sentiment de déception poindre. La grande épopée technique n'a pas su tenir la dragée haute sur toute la longueur, et peine principalement à entraîner les autres éléments ludiques qui font la différence entre un jeu moyen, un bon jeu et un excellent jeu. Il n'est pas juste question de savoir si l'on est en présence d'un bon chasseur ou un mauvais chasseur... des éléments objectifs nous guident dans cette analyse.

Avant d'aller plus loin, situons tout de même le contexte du jeu. Mais c'est vraiment parce qu'il faut en parler que je le fais. C'est à mourir de rire plusieurs fois. Envoyé en mission sur une île coréenne (en clair, vous finirez par tuer des soldats par centaines voire milliers), vous êtes témoins de manifestations surnaturelles. Comme dans Lost un machin bizarre emporte vos potes... et vous les retrouvez déchiquetés. La faute à qui ? Au chef de la petite armée ennemie qui a souhaité déterrer et réveiller des artefacts de pouvoirs. Brrr. Vous rencontrerez des extraterrestres abyssiques, et finirez pas tous les descendre. N'est pas Rambo qui veut dans la jungle, mais avoir une armure dotée de capacités spéciales, ça aide...

A part les scénaristes de Return to Castle Wolfenstein, je ne vois personne ayant fait pire scénar... Mais oublions cela pour le moment...

Qui a fait un feu de camp ?
Qui a fait un feu de camp ?
Dès les premières minutes du jeu, pour peu qu'on dispose d'une bécane puissante, on reste stupéfait. On se surprend à se demander si tout cela est du in-game. On bouge alors la souris pour se persuader qu'on ne rêve pas. C'est impressionnant. Entre la résolution élevée, les milliers de polygones, les feuillages étonnants, la beauté de l'eau, le flou de profondeur réaliste, la qualité exemplaire des textures, le moteur physique, on ne sait où donner de la tête. Techniquement c'est incomparable. Du jamais vu sur PC. On a enfin réellement l'impression d'être lâché sur une carte énorme et de pouvoir faire tout ce que l'on veut : nager, abattre des arbres, lancer des objets, conduire des bateaux, des jeeps, tout en restant dans un contexte extrêmement réaliste.

Ce qui constitue la qualité principale de Crysis est aussi son pire obstacle. Changer de PC simplement pour pouvoir profiter pleinement d'un jeu, peut-on croire que cela soit possible ? Pour un seul jeu peut-être pas, mais cette fin d'année a été assez mouvementée, et le début de l'année prochaine risque de l'être aussi, alors pourquoi ne pas y croire...

Quoiqu'il en soit, ceux qui ne pourront ou ne voudront pas franchir le pas devront se colleter des graphismes bien souffreteux en comparaison de ce que du matériel haut de gamme permet d'obtenir. Et encore...

Disons le tout net, même avec une config assez conséquente (le test a été fait sur un E6750 à 2.66 GHz, 4Go de Ram, CG 8800 GTX) il faut s'attendre à une chute brutale du framerate lors de certains passages du jeu. La neige n'aime pas se presser, tandis que la fin du jeu est à la limite de l'injouable sans réduire drastiquement les options graphiques : difficile de se passer de l'anti aliasing quand on a fait la moitié du jeu en l'activant. On a ainsi l'impression que le début du jeu a été codé tranquillement, en prenant son temps tandis que la fin aurait été bâclée. Dommage de finir le jeu sur une telle pensée.

Mais comme je le disais en début de test, on s'attend à voir des prouesses techniques accompagnées de mêmes prouesses dans les autres secteurs du jeu. Or, on reste sur sa faim.

Le graphisme, pourtant très abouti, quasi photo réaliste est certes bluffant, mais il manque cruellement d'âme. Finalement, on aime quand les graphistes apportent leur touche personnelle aux jeux. Là on a tellement le sentiment que tout est fait à base de copie de photographies qu'on devient vite blasé : la débauche technique ne sert pas le graphisme, au contraire, elle lui ôte une grande partie de sa personnalité.

Heureusement, toute la partie visuelle se rattrape grâce aux « effets de manche ». Vous tournez la tête rapidement ? La vision devient flou. Vous regardez des flammes ? Vous remarquez un nuage de distorsion. Vous sortez de l'eau ? Quelques gouttes ruissellent sur vos yeux, etc. Cette foison de petits détails créee une véritable immersion. On se sent réellement dans l'aventure, prêt à en découdre. On se surprend même à encaisser des tirs ennemis rien que pour voir notre vision se brouiller. Miam.

Je te tiens, tu me tiens par la barbichette...
Je te tiens, tu me tiens par la barbichette...
En parlant d'ennemis, il est temps de faire un petit point sur leur QI. C'est assez variable... On va de l'excellence : des grenades qui nous arrivent sur le coin de la gueule pendant qu'une escouade de soldats se met à couvert derrière un muret pour mieux nous surprendre ensuite, jusqu'au plus pitoyable : un ennemi qui se tourne dans la mauvaise direction... et qui se fait méchamment laminer à mains nues. C'est surtout le nombre extrêmement élevé des adversaires qui engendre la difficulté, sans compter quelques bizarreries étonnantes : tirer dans un visage non couvert avec un fusil ne provoque que très rarement la mort. Même à bout portant. C'est à n'y rien comprendre.

Dans le même genre de choses ridicules, on se retrouve parfois face à des choses étonnantes (vers la fin du jeu, est-ce une coïncidence ?) : une porte qui ne parvient qu'à ne s'ouvrir qu'à moitié, nous empêchant de la franchir... et donc de poursuivre la partie (heureusement il y a des tonnes de points de sauvegardes), une mission ridicule consistant à brinqueballer son chef d'escouade d'une ruine en feu à une autre afin qu'il ne meure pas de froid... De quoi faire des souvenirs. Et encore, je vous épargne la fausse bonne idée de Crysis, qui consiste à nous doter d'une combinaison next gen possédant quatre modes distincts : armure, vitesse (on double son déplacement, utile pour aller au corps à corps ou fuir comme un couard), camouflage (devine où je suis caché ! Pratique aussi bien pour fuir que pour vous approcher d'une cible discrètement), force (double la hauteur des sauts, limite le recul des armes, etc.). On se prend le syndrome du super héros de plein fouet dans la tête. Ce n'est pas dérangeant en soi, on s'en sert même plutôt souvent malgré son aspect couteau suisse multifonctions. Mais tant qu'à faire un jeu photo réaliste, autant assumer et faire un gameplay tout aussi réaliste.

C'est la fin du jeu. Sisi.
C'est la fin du jeu. Sisi.
Finalement, Crysis est un bon fps, pas franchement fun, mais démonstratif dans ses performances physiques et techniques. Ni trop bourrin (quoique...), ni trop subtil, il permet de jouer décontracté et possède une durée de vie respectable.

On regrette simplement que les efforts sur les aspects techniques n'aient pas fait des émules sur le gameplay ou le gamedesign. Grosse déception pour un jeu si attendu.