Driver : San Francisco - Test
Jeux Vidéo / Critique - écrit par Mandark, le 13/09/2011 (Tags : driver francisco shift missions test tanner jeux
Annoncé il y a plus d'un an à l'E3, Driver : San Francisco devait débarquer en fanfare quelques semaines après, en septembre 2010 pour être exact. Puis ce fut le silence radio, et de la part de certains une inquiétude quant à la qualité finale du titre (vous savez ce qu'on dit en presse vidéo-ludique : quand un éditeur ne communique pas sur un jeu c'est qu'il y a de fortes chances que ce soit une daube).
Et puis, toujours comme ça et sans prévenir, revoilà Driver : San Francisco qui pointe le bout de sa calandre à l'édition 2011 du salon californien, avec une date bien arrêtée au premier septembre chez nous.
Aussi emblématique que Zebra 3 ? Bientôt peut-être...Pourquoi cette disparition, et pourquoi ce retour tout aussi soudain ? Ceux qui ont lu notre preview savent maintenant que le jeu était finalisé il y a un an, mais que les développeurs de Reflections ont estimé au tout dernier moment qu'il manquait un peu de corps, aussi ont ils passé neuf mois supplémentaires à bosser sur des bonus en pagaille pour faire plaisir aux joueurs.
Alors quid du résultat final ? Eh bien allons droit au but, Driver : San Francisco est une heureuse surprise ! Une petite merveille de fun qui tient toutes ses promesses, et ce avec une simplicité et une envie de faire zizir qui réchauffent le cœur et les doigts !
Si tu vas à San Franciscoooo (n'oublie pas d'attacher ta ceinture !)
John Tanner n'est pas tranquille. Certes l'odieux Charles Jericho est sous les verrous après lui avoir tiré dessus à la fin de Driver 3, et c'est aujourd'hui que l'affreux va être jugé et logiquement mis à l'ombre pour un paquet d'années. Mais son instinct lui dit que les choses pourraient ne pas être si simples. Et heureusement, car sinon il n'y aurait pas de jeu ! Comme on peut donc assez rapidement s'en douter, Jericho a tout organisé pour réussir une évasion spectaculaire, et Tanner, qui sentait le coup venir, se trouve rapidement à lui filer le train. Mais Jericho, en vrai crapule de série B, tend un piège à Tanner et percute violemment la voiture de celui-ci, l'envoyant direct dans le coma. Un coma dont il n'a pas conscience, puisque lui s'imagine s'en être tiré indemne, et bien que sur un lit d'hôpital IRL, il va continuer son enquête dans un San Francisco parallèle, en tous points semblable au vrai, mais où il se retrouve en possession d'un pouvoir pour le moins surprenant : le Shift, une capacité qui lui permet tout d'un coup de sortir de son corps et d'investir n'importe quel véhicule dans la ville via son conducteur.
De prime abord ce pitch paraît hautement capilotracté, mais il faut vraiment voir comment les équipes de Reflections ont réussi à tirer le meilleur de ce postulat improbable.
La Terre, vue du ShiftTout d'abord parce que Driver : San Francisco est avant tout un jeu fun, pas prétentieux ni prise de tête pour deux sous. Au niveau de l'ambiance pour commencer, car le jeu dégage vraiment ce feeling propre aux films de bagnoles des seventies (Bullitt en tête bien entendu, mais on pense aussi à l’Épreuve de Force, entre autres) et construit sa narration sur un mode très rythmé et empruntant ses mécaniques aux productions de cette époque. La mise en place efficace de l'action et des personnages que l'on croirait vraiment sortis d'une série policière (mention spéciale au méchant Jericho, le genre de vilain qu'on aime détester) et soutenus par des dialogues particulièrement bien écrits installent le joueur en cinq sec derrière le volant de la Dodge Challenger R/T de Tanner, et c'est là, une fois aux commandes, que l'on comprend que pour ce qui est de la conduite, Driver : San Francisco a déjà gagné son pari !
Physique de véhicule instinctive et irréprochable, quatre vues - les classiques caméra extérieure et vue du capot, auxquelles s'ajoutent une vue ras du pare-choc et une dernière dans l'habitacle - offrant toutes une visibilité impeccable et chacune procurant une sensation de vitesse qui lui est propre, et surtout, un moteur graphique mis au point spécialement pour le jeu par Reflections, et qui se paye le luxe d'afficher un frame-rate de 60i/s en toutes circonstances. Même lancé à toutes berzingues et à contre-sens au milieu du trafic avant de braquer sauvagement et de foncer dans une allée, on ne trouve pas la trace du plus petit ralentissement. Chapeau bas ! Il est vrai que vu la nature du jeu Reflections aurait condamné son titre en faisant l'impasse sur ce point technique particulier, mais le résultat est tellement bon que l'on peut sans arrière pensée se concentrer sur le cœur du gameplay : la conduite, et son sidekick un peu foufou mais tellement bon, le Shift.
Tanner et Jericho : la mort aux trousses !Driver : San Francisco est foncièrement arcade dans son pilotage, mais il garde un petit côté simu qui lui donne tout son sel. Comprenez par là que vous n'aurez aucun souci à lancer votre tire à 200 km/h sur le bitume, mais qu'il faudra apprendre à maîtriser les notions de freinage et de drift en fonction des voitures empruntées ou achetées pour pouvoir progresser dans le jeu (et puis de toute façons, si vous ne le faites pas, vous ne vous amuserez pas), ainsi que de nouveaux éléments de conduite que vous récupérerez au fur et à mesure (le boost pour un petit coup de turbo, le ram pour percuter plus violemment une caisse à stopper), dont le fameux Shift, qui se révèle être un vrai coup de maître. La raison ? Sa simplicité d'exécution ainsi que le speed que cela amène au gameplay de Driver : San Francisco.
Passé le twist scénaristique justifiant sa présence (qui à mon humble avis fonctionne très bien, justement parce que Driver : San Francisco ne se prend pas vraiment au sérieux), on accepte vite ce moyen ultra efficace de switcher entre les voitures sans aucun temps mort car il permet au jeu de toujours garder un tempo rapide. Et preuve que cet élément de gameplay est une vraie clef-de-voute du système de jeu, Reflections le fait évoluer au fil des premières missions pour lui donner encore un peu plus de profondeur. Si dans un premier temps on ne sera pas placé très haut au dessus des toits pour choisir un véhicule à emprunter, on pourra rapidement avoir une meilleure vue d'ensemble des rues de Frisco car on aura gagné la possibilité d'éloigner encore la caméra du niveau du sol, et ce faisant on pourra se déplacer plus rapidement au dessus de la ville avant de fondre tel un oiseau de proie sur le transport qui nous fait envie. Et une fois le Shift bien intégré par le joueur, on gagnera la possibilité d'utiliser un Rapid Shift, permettant d'une simple pression sur la touche R1 de passer d'un véhicule marqué à un autre à toute vitesse, une option particulièrement jouissive en pleine course poursuite entre plusieurs voitures.
L'utile et l'agréable
Good copsLe but de Tanner dans Driver : San Francisco est bien entendu de finir par coincer cette fripouille de Jericho et il y a donc une trame à suivre sous forme de missions qui font « avancer le schmilblick », mais le jeu regorge également d'un bon paquet de missions annexes, pas forcément obligatoires, mais qui sont surtout là pour permettre au joueur de prendre un maximum de bon temps au volant : cascades à effectuer, courses urbaines à gagner, flics à semer (ou, si on utilise le Shift, passer en une seconde du statut de chassé à celui de chasseur) et bonus à récolter à certains endroits plus ou moins faciles d'accès. Chaque mission, optionnelle ou non, ainsi que chaque action de conduite un peu « casse-cou », fait gagner du willpower au joueur, et le willpower dans Driver, c'est un peu la monnaie du jeu. C'est en tout cas ce qui vous permettra d'aller faire un tour au garage pour acheter ou upgrader tout un tas de véhicules parmi les 125 disponibles (29 constructeurs, et pas des moindres - on trouve aussi bien des Volkswagens que des Cadillacs ou des Lamborghinis - ont répondu présent, présentant des modèles de tous styles et d'époques variées parfaitement modélisés. Du rêve de gosse en somme, qui revient moins cher que de passer par Majorette ou Corgi pour faire mumuse avec son garage.
Bad dudeEt bien entendu, si vous ne désirez que vous promener un peu pour profiter peinard des superbes panorama d'un San Francisco magnifiquement reproduit, c'est permis. D'autant plus que c'est là l'occasion de vraiment savourer la somptueuse tracklist du jeu : 80 titres totalement au diapason de l'ambiance brute et seventies de DSF, et qui outre être parfaitement adaptés ont la particularité de ne pas être des hits connus du grand public, ce qui pourrait bien changer maintenant que le jeu est sorti, un peu à la façon de certaines chansons que l'on a pu découvrir grâce aux films de Tarantino.
Sinon, et si vous vous sentez l'âme d'un movie director, il sera toujours possible de filmer vos propres course-poursuites et les monter ensuite comme bon vous semble.
Le plein, siouplait !
Avec tout ça, on a déjà un mode solo conséquent et maîtrisé (auquel il faut vraiment être un rabat-joie ou franchement détester les jeux de caisses pour vouloir y trouver de sérieux défauts), mais Reflections n'a pas non plus oublié de soigner un multijoueurs des plus efficace, et pour cause : il propose pas moins de 19 modes entre le online et le split-screen, profitant une fois encore du Shift pour proposer des types de compètes d'ordinaires totalement hors de la thématique du jeu de bagnoles. Et je dirais même que c'est en multi que le Shift trouve sa vraie raison d'être, car il donne une dimension absolument furieuse à toutes les épreuves qui permettent de l'exploiter, vu que tous les participants (jusqu'à huit en même temps) peuvent changer de véhicule en permanence - pour peu que leur jauge de capacité le permette, mais elle se remplit plutôt vite. Du coup toutes les voitures autour de vous peuvent potentiellement devenir celle d'un adversaire, ce qui met le joueur sous pression constante. Et quand on sait que les différentes épreuves viennent de concepts utilisés par le FPS online (Capture the Flag, Defend the Base) ou du principe du chat et de la souris (Tag, You're It !, Flics et Voyou - où un participant désigné au hasard doit à la fois échapper aux autres et livrer de la marchandise illicite à certains points de la map pour scorer), on comprend rapidement l'intérêt de s'améliorer à utiliser le Shift (mais que les amateurs de course pure se rassurent, il y a aussi de simples épreuves de vitesse, où cette fonction que n'aurait pas renié l'agent Smith est désactivée). Le multi de Driver : San Francisco propose également un tutoriel et un motivant système d'XP à gagner au fil des parties ; motivant car, encore une fois à l'instar des FPS, il reprend à son compte le principe des récompenses et des bonus à débloquer, qu'ils soient utiles (nouvelles épreuves, accès à des voitures plus performantes - y compris celles de son garage en mode solo - et bonus d'attaque, pour ne citer qu'eux) ou juste pour le fun (photos d'avatar par exemple).
Pas le temps de se soucier de son bilan carbone !A noter également qu'avant chaque épreuve à disputer on passera par une phase de qualif, où il faudra remplir un objectif (faire un maximum de drift en un temps donné par exemple) pour se retrouver placé au mieux et avec un léger avantage par-rapport aux autres (c'est-à-dire avec une jauge de capacité mieux remplie, ou la possibilité d'activer son Shift d'entrée de jeu). Et bien sûr, on peut rejoindre des parties en instantané autant que créer ses propres sessions.
L'important à retenir du multi de Driver : San Francisco c'est donc son aspect frénétique, d'autant plus que les sessions ne sont jamais très longues, ce qui pousse à adopter un style nerveux...et vicelard (et je précise au passage et pour la forme que, pas plus qu'en solo, le jeu ne descend au dessous du magical frame-rate de 60i/s !)
Une vraie réussite au final, totalement addictive en très peu de temps.
Difficile donc de faire la fine gueule devant un titre aussi sympathique et réussi que Driver : San Francisco. Reflections nous avait promis du fun, et c'est exactement ce qu'ils apportent sur un petit plateau format DVD/Blu Ray, avec une générosité, une absence de prétention et un savoir-faire qui met de bonne humeur de bon matin autant que tard dans la nuit.
Et si Steve McQueen était encore de ce monde, je suis certain qu'il irait leur claquer une grosse bise !