7/10Les Enquêtes de Nancy Drew : La Légende du Crâne de Cristal - Test

/ Critique - écrit par gyzmo, le 14/05/2008
Notre verdict : 7/10 - Par le pouvoir d’Indiana Jones ! (Fiche technique)

Avec cet opus, les fans de Nancy Drew seront ravis. Les amoureux d’abandonwares de qualité, pareillement.

Sixième opus d’une franchise inspirée des Nancy Drew Detective de l’écrivain Carolyn Keene, La Légende du Crâne de Cristal n’a clairement pas l’intention d’en mettre plein les mirettes. Point de prouesse technologique à l’horizon. Pas plus qu’une quelconque envie de gagner la course à l’armement. Chaque titre de la saga s’est toujours tenu loin de l’escalade à l’esbroufe. Tout comme la vérité, l’intérêt de s’y aventurer vient d’ailleurs. Plus exactement, le caractère sympathique de son héroïne, l’affluence d’énigmes bien construites ou les ambiances charmantes (pour leur empreinte rétro) font partie des ingrédients susceptibles d’accrocher les chasseurs de modestes trésors. Alors oui ! la conception est archaïque : ça reste un jeu en vue subjective à la Myst (premier du nom) dans lequel le joueur accède aux différents paysages 3D pré-calculés par à-coups, suivant un système de warp, avec par-ci par-là des décors visitables en fausse 360° (!). Bien qu’il pleuve tout le temps, les animations environnementales sont quasi inexistantes, le rendu général manque de finesse. Par contre, grâce à son contexte exclusivement orageux, ses éclairages lugubres à la bougie ou ses bruits de craquements inquiétants, la maîtrise de certaines atmosphères - assistées d’une bande son remarquable, fait glisser ce petit polar en apparence classique du côté d’un autre genre, celui de l’Epouvante. Les concepteurs ont également misé sur une meilleure modélisation des personnages et des architectures plus abouties que dans les épisodes d’avant.


D’ordinaire, les point’n click génèrent presque toujours de plus ou moins grands environnements dans lesquels très peu d’âmes y vivent - le top du best of the must étant d’échouer sur une île déserte ou d’être perdu dans un village fantôme. Avec ses seulement quatre personnages non joueurs, ses trois malheureux interlocuteurs téléphoniques ou son minuscule espace de jeu, les procréateurs de La Légende du Crâne de Cristal ne dérogent pas à cette forme d’économie drastique. Bien évidemment, la quantité n’est pas un gage de qualité. Si c’est pour se retrouver au beau milieu d’une faune muette qui déambule au hasard et fait comme si vous n’existiez pas, autant aller faire quelques tours de manège au milieu de la dense clientèle d’un grand centre commercial, n’importe quel samedi ou dimanche après-midi. Dans ce sixième opus des investigations de Nancy Drew (et un peu de son amie Bess, puisqu’elle aussi sera de la partie et devra enquêter via votre sens de l’observation), la figuration et le nombre de tableaux ne sont certes pas éclectiques, mais ils ont le mérite d’être employés à plein régime et au service complet du joueur. Le doublage français est effectué par une poignée d’interprètes à la fois à l’aise dans la juste émotion et la caricature théâtrale. Les nombreux dialogues, natifs d’une plume adroite et cocasse, se laissent écouter sans lassitude. L’enquête autour d’une mort douteuse et son (mini) lot de suspects à la conscience agitée peinent à trouver du cachet. Même mâtiné de composants surnaturels (bon ok, un crâne de cristal, c’est du déjà-vu… et du à revoir…), ce type de trame fait depuis des lustres l’apanage du genre. Pourtant, cette histoire sans prétentions tient la route jusqu’à son dénouement abrupt.


En fonction du niveau de difficulté choisi, l’espérance de vie de La Légende du Crâne de Cristal est d’à peine une demi-douzaine d’heures pour les détectives confirmés, moitié moins pour les pros de la loupe, le double pour les jeunes pousses de Poirot. De la séance d’aperçu (didacticiel) à la liste des tâches, tout est d’ailleurs en œuvre pour aider les débutants à comprendre les fonctions proposées par le soft. Un des contacts de Nancy – apparemment spécialiste en science infuse, est joignable par téléphone pour filer des indices (trop) lumineux aux plus obscures énigmes. A ce sujet, la tentation de rentrer en communication avec ce deus ex machina titillera sans nul doute l’esprit embrumé des plus petits tant certains puzzles sont assez coriaces. En effet, destiné à un jeune public, La Légende du Crâne de Cristal ne se résume pas qu’à du ramassage d’objets (il y en a, je rassure les collectionneurs !) et à du bricolage improbable. Par moment, le titre ne craint pas de mobiliser les méninges. Certains passages sont laborieux : drôle mais longuette, la piste des épitaphes fait tourner en bourrique à cause d’une erreur de traduction française. D’autres vont jusqu’à être infranchissables sans assistance : l’absurdité nautique et ses chevauchements de textes perfides (autre traduction bancale ?). La vingtaine (et des broutilles) d’épreuves restent cependant accessibles et logiques. Les brainstormers avertis, quant à eux, n’auront aucun mal à franchir ces différents obstacles à l’esthétisme varié et imaginatif, mais à l’originalité un tantinet plus commune. Enfin, pour couronner l’ensemble, des “quêtes secrètes” ont été éparpillées dans l’aventure. Seulement révélées en fin de parcours, elles ont la malice de booster le replay value et d’inciter à relancer une partie.

A l'égard de son gameplay simple d’utilisation, de son background efficace, de ses énigmes ludiques (sans trop de prises de tête), ou de son charme général tout simplement, La Légende du Crâne de Cristal (comme les précédents) appartient en quelque sorte à la famille des jeux vidéo appropriés pour faire ses premiers pas dans le jeu d’aventure en vue subjective. Evidemment, cela serait dommage d’en rester là ! Peut-être par la suite, cet opus pourrait inciter le néophyte à explorer le genre et s’attaquer à de meilleures références ? Mais pour l’heure, avec cet opus, les fans de Nancy Drew seront ravis. Les amoureux d’abandonwares de qualité, pareillement.