7.5/10Enslaved : Odyssey to the West - Test

/ Critique - écrit par knackimax, le 02/11/2010
Notre verdict : 7.5/10 - Une journée loin et à l'ouest. (Fiche technique)

Tags : enslaved west odyssey test jeux monkey aventure

On sortira de l'expérience de jeu avec une très agréable impression de légèreté. Transporté par le nuage bleu électrique de notre héros, nous rêvons. Et ainsi un jeu inégal prend une dimension inégalée.

Enslaved : Odyssey to the West fait partie de cette longue liste de jeux qui se font discrets à leur sortie pour des raisons qui semblent obscures et incomprises. Et lorsque l'on se prend à jouer à une démo qui nous donne envie d'en voir plus la question reste entière quand à cet énigmatique secret qui entoure un soft dont les composantes semblent être du meilleur goût.

Un personnage à la longue queue simiesque et ne portant pas de nom s'échappe d'un avion en flammes. A chaque étape de son évasion une mystérieuse jeune femme le devance. Alors qu'elle rentre dans la dernière capsule de secours, l'acrobate en herbe que vous contrôlez partage comme de par hasard la face extérieure de ce même scaphandre éjectable. Et c'est parti pour un vol plané qui scellera les débuts d'une grande aventure entre un esclave et sa maitresse énigmatique ... vers l'ouest.

Les bases de l'histoire sont simples : pour survivre dans ce monde dévasté, Trip la
jeune indigène à l'œil perçant et à la constitution fragile se sert de Monkey et des ses capacités physiques diverses et variées (se balader de branche en branche, furtivement se faufiler derrière une tourelle pour la réduire en bouillie,...) pour retrouver sa Normandie. Cette association de personnages n'est pas sans rappeler un certain nombre de duos célèbres comme
Le Prince de Perse et Farah, Ico et Yorda, ... Rocky et Bullwinkle ??? Ces jeux basés sur la capacité des sidekicks à s'entraider ont fait leurs preuves par le passé quoi qu'il en soit et servent à équilibrer un gameplay souvent un peu ronron par une variété d'actions; équilibre qui, si il est bien servi, combat une monotonie certaine. Ici pas de puzzles à vous déchirer les neurones mais bel et bien une complémentarité dans l'action et la plateforme même si au final vous ne contrôlez que le singe hirsute et son grand bâton de combat. Certes il vous sera possible d'utiliser Trip pour faire diversion, entre autres lors de ces séquences de slalom entre les tourelles de reconnaissance à la gâchette nerveuse, mais cette dernière servira surtout à faire avancer l'histoire à travers des outils qu'elle mettra à votre disposition (libellule sonar, ouverture de porte,...) et un scénario dans lequel elle est au premier plan et qu'elle fait évoluer en fonction de sa propre quête, vers l'ouest... Vous en tant que bon esclave vous suivez sous peine de mourir. Ça vous donne donc une raison de faire le singe.

Oui, l'action est répétitive et alterne des combats au bâton (de très bonne qualité) et
des phases de plateforme couplées d'avancées silencieuses en terrain ennemi le tout assisté au maximum dans le contrôle même de votre personnage. Autant vous dire que vous ne vous sentirez pas plus responsable que cela de ses déplacement dans la plupart des phases de voltige. Toutefois l'animation singe les mouvements fluides de l'humanoïde que vous incarnez avec un très joli effet pas loin du Balance Balance toi... On apprécie de ce fait la balade entre deux combats relativement ardus ainsi que l'utilisation des quelques compétences à disposition comme le bâton et ses projectiles plasma et  ondes de choc. Cela nous permet de profiter des couleurs de l'arc-en-ciel contenues dans le jeu. Vous aurez également accès à un tableau des compétences (mini mais honnête) qui vous permettra de développer les compétences passives et actives de Monkey. Toutefois ce dernier se remplira sérieusement si vous passez beaucoup de temps à rechercher les orbes rouges un peu partout dans l'univers semi-ouvert à votre disposition. En gros ce sera beaucoup de petits détours pour pas grand chose mais si vous avez un syndrome de collectionite aiguë, vous aimerez probablement vous prêter au jeu. Malgré la légère déception  que ces détails occasionnent face à un jeu qu'on penserait mieux fini, rien n'égale cette sincère incompréhension d'avoir voulu utiliser le roi singe et son appartenance à ce roman d'aventure culte qu'est Le Voyage en Occident sans en utiliser plus de composantes. Car à part être un singe avec un bâton et utiliser un petit nuage pour se déplacer à quelques reprises dans le jeu, on n'est pas sûrs de l'intérêt propre de la démarche (Le Sangoku des 7 boules de Cristal c'est le même personnage de roman). Niveau scénario cela reste relativement anecdotique, tandis qu'on nous baladera avec une histoire d'amour un peu clichée entre les protagonistes. C'est dommage quand on sait la profondeur d'une telle divinité.


Toutefois voici les composantes qui nous rendent heureux dans Enslaved, et pas qu'un peu. Tout d'abord, il faut attribuer à la BO les palmes académiques de l'excellence pour une composition des plus rêveuses et la présence d'une clarté symphonique qui illumine notre aventure dans cet univers étrange si bien retranscrit par l'environnement sonore. Certes, quelques bruitages restent à la ramasse mais profiter d'Enslaved avec un bon système son décuplera votre plaisir de jeu rien que par la présence de ces mélodies diaphanes qui valent le coup d'oreille. Il vous arrivera peut être même de trouver un endroit calme dans votre périple pour laisser votre personnage se relaxer tandis que vous vous adonnerez au plaisir musical. Le tout repose sur des graphismes inégaux dont on oubliera l'indélicatesse face à un design magique et magnifique qui est bien plus propice à la rêverie et immersif que l'on aurait pu le penser au premier abord. Le gameplay laisse alors l'histoire se raconter d'elle même, ce qui nous permet de vivre l'action à chaque moment sans en louper la moindre petite miette du coin de nos pupilles émues, même si certains passages contrediront ce même propos par un mauvais équilibre des commandes ou un manque de lisibilité dans l'action. Heureusement ces moments d'égarements sont rares. Pour parfaire ces notes de fantaisie jubilatoire qui donnent tout son sens au mot odyssée, les deux personnages possèdent un charisme  fou et l'expression de leur yeux humides et émouvants nous transperce d'humanité à chaque cut scene, résumant à eux seuls les rares échanges verbaux qui les animent. Car Enslaved c'est une belle histoire de combat pour la liberté qui malgré son apparence un poil niaiseuse n'en est pas moins d'une efficacité troublante. Et cette efficacité tient probablement de la simplicité de la narration, celle de ces phrases éparses et pleines de sens, de ces yeux qui brillent, de ces moments d'intense effroi au bord des précipices, de ces batailles intenses contre les machines ... chemin faisant, vers l'ouest.

Et au final on sortira de l'expérience de jeu avec une très agréable impression de
légèreté comme si, transporté par le même nuage bleu électrique que notre héros, nous avions rêvé ces moments de sybillisme pur dans un monde emprunt de beauté. Et ainsi un jeu inégal prend des dimensions largement plus inégalées. C'est étrange comme les rêves sont faits. Et si la note technique n'est pas élevée le plaisir, comme le veut son importance, n'en est pas moins décuplé. Approuvé et conseillé donc à part pour les soucieux du gros détail et les anti flou (artistique ou pas) car c'est un agréable conte que voilà. Si l'histoire se pose lentement elle se pose sûrement sur la longueur et surfe sur les notes d'un paradis reconstitué et vers lequel il faut se laisser aller ... un peu plus à l'ouest.