9/10Fable 2 - Test

/ Critique - écrit par Guillaume, le 28/10/2008
Notre verdict : 9/10 - Un jeu qui a du chien (Fiche technique)

Tags : fable heros albion monde test xbox jeux

Fable 2 est le hit tant annoncé. En mêlant le hardcore gaming au casual gaming, Peter Molyneux et l'équipe de LionHead ont su créer un breuvage rafraîchissant et addictif.

Je m'appelle Moineau. Je ne sais pas s'il s'agit de mon véritable nom, mais ce serait bien étonnant puisque je suis un enfant de la rue. En compagnie de ma soeur, Rose, j'arpente les rues de Bowerstone à la recherche d'une meilleure condition.

Le marchand ambulant
Le marchand ambulant
Un marchand ambulant s'est présenté aujourd'hui sur le marché. Il vend toutes sortes d'antiquités. Mon regard s'est porté sur une petite boîte à musique qu'il échange contre cinq pièces d'or. Il paraît qu'elle peut exaucer des souhaits. C'est sans doute de l'escroquerie, mais après tout, on ne peut pas tomber tellement plus bas, alors autant tenter le coup.
Après avoir rendu quelques services : porter une lettre à l'amoureuse d'un homme, retrouver des fiches d'arrestations, etc. nous sommes enfin en possession de notre Graal. Nous posons la boîte à musique à l'écart du chaos de la ville, et nous faisons notre voeu. La boîte disparait mystérieusement, mais de voeu exaucé, pas l'ombre.
Dépités, nous allons dormir dans notre taudis constitué de quelques poteaux et de draps sales. Une cabane de fortune qui accueille ce soir un chien errant que nous avons sauvé des pattes d'un criminel en culottes courtes.
Le sommeil nous saisit.

On nous réveille dès l'aube. Notre voeu est exaucé, il s'agit d'hommes de Lucien, le châtelain de Bowerstone, qui nous emmène au château où nous désirions de tout coeur pouvoir vivre.
La joie est courte. Aussitôt en présence du maître des lieux, celui-ci teste notre capacité magique en nous plaçant dans un cercle de pouvoir. Le résultat ne semble pas lui plaire. En nous indiquant ses regrets, il nous tire dessus. Ma soeur meurt sur le coup. Quant à moi je traverse la vitre sous l'impact...

Heureusement, ma dernière heure n'était pas venue. Une diseuse de bonne aventure me recueille et m'éduque au milieu d'un camp de roulottes. L'aventure commence pour moi alors qu'elle m'annonce qu'il est temps de me venger. Je serais fait de l'étoffe des héros. La suite de l'histoire le prouvera.

Où l'on repasse à la troisième personne

La quête principale de Fable 2 consiste à aller défier Lucien. Mais depuis la première fois où on l'a croisé, celui-ci a bien évolué. Devenu un suppôt de Satan, il travaille sans relâche sur la réhabilitation d'un artefact monumental : la flèche. Celle-ci, en focalisant la magie permettra, une fois terminée, de faire table rase du monde actuel, et d'en élever un nouveau. C'est donc autant un désir de revanche que la nécessité de sauver l'humanité qui anime le joueur.
Tout n'est pourtant pas si facile ; avant de pouvoir se lancer dans un combat peu évident, il faut réunir trois héros autour de soi, chacun caractérisant une capacité : la force, l'adresse et la volonté. L'histoire est donc de façon invisible découpée en chapitres correspondant à la recherche de chacun des héros, sans compter des embûches annexes...


Fable 2
, comme
Peter Molyneux l'annonce depuis un petit moment, possède un gameplay étonnant, et plutôt innovant, bien que ceux ayant déjà joués au premier opus ne seront pas perdus.
Le monde est ouvert. A l'image d'un GTA 4 ou d'un Saints Row 2, on évolue dans un univers bac à sable sans barrières. On peut explorer autant que l'on veut le monde, personne ne nous en empêchera, mis à part quelques verrous qui seront brisés par la résolution des quêtes. Cela implique bien entendu que l'on pourra très bien décider d'aller résoudre des missions dans une contrée plus lointaine sans pour autant avoir écoulé le stock de celles disponibles dans la ville de départ.

On a maintenant l'habitude de ce type d'environnement. Ce n'est pas là que se situe la nouveauté. C'est plutôt dans la liberté élargie et raisonnée du concept de monde ouvert.
On peut ainsi faire tout un tas d'activités hors quêtes, mais tout de même assez importantes pour renforcer l'expérience de jeu. En balade dans une ville vous admirez l'architecture de l'auberge ? Sortez votre bourse et elle est à vous.
De même, tous les commerces peuvent être achetés, à l'image des vêtements que le héros porte. C'est d'autant plus intéressant que des revenus générés par les échopes et la location des maisons que vous possédez tombent toutes les cinq minutes. Si on gère correctement ses achats immobiliers, on peut rapidement devenir riche, très riche. Ce qui permettra bien entendu d'acheter des propriétés plus onéreuses, mais qui rapportent davantage. C'est la grande boucle du système ! Ouf, on génère aussi des revenus pendant que la Xbox 360 est éteinte. Pour une fois que l'on peut gagner sans jouer, de quoi se plaint-on !?

Le labeur, pendant des heures 

C'est bien beau tout ceci, mais avant de devenir propriétaire terrien, il va falloir cravacher ! Trouver un petit boulot et l'exécuter à la perfection pour gagner sa vie. Forger des épées, couper du bois, autant d'activités qui se résolvent en appuyant sur un bouton au bon moment. Préférez le métier de barman, c'est très bien payé dès que vous acquérez un peu de savoir-faire. Avec un multiplicateur et un peu de bouteille (ahah), chaque pinte remplie pourra faire entrer plus de 200 pièces d'or. De quoi s'acheter de quoi manger pour plusieurs jours. Etonnant non ?
A ce régime là, les mouvements d'argent sont même capables de faire bouger les prix. Quand on gagne plus, on dépense plus... et les prix augmentent. Quand personne n'achète rien, les prix baissent.


Après la fortune, que reste-il à conquérir ? La gloire ? Oui ! En terminant des quêtes et en faisant son show dans les espaces publics on gagne en célébrité. C'est un effet de bord... que l'on a intérêt à provoquer puisqu'une plus grande réputation est synonyme de prix plus faibles (à la tête du client !) et de conquêtes plus faciles. Au sens physique du terme. Fable 2 permet en effet de ramener la gueuse dans son lit, ou de charmer son public, en allant même jusqu'à séduire au point de provoquer un mariage. Voire même des naissances... des petits bouts de choux qui grandiront. Mais au pays du politiquement correct, si on ose parler de sexe, il faut le faire proprement. Des préservatifs sont disponibles dans les boutiques, et, bien entendu, le héros masculin peut tout à fait coucher avec d'autres hommes.

Malgré tout, les interactions de coucheries et de mariages semblent un peu surfaites. Tout d'abord c'est vraiment très facile d'y parvenir. Après quelques touches frappées, on emmenera beaucoup de monde dans son lit (ce qui permettra de décrocher un succès de libertinage) et on jouiera d'un fond d'écran d'un noir profond. Encore plus prude que les sims, c'est dire ! Ensuite, cela ne fait pas le moins du monde avancer le jeu. Autant amasser des fortunes permet d'acheter des objets plus onéreux et plus efficaces, autant forniquer ne sera certainement qu'un défi que se lanceront les plus joueurs. C'est une optique résolument casual, surprenante pour un jeu de rôle.

Mes dés, mes dés !

Dans le même état d'esprit casual, on rencontrera des maîtres du jeu aux quatre coins du royaume. Ils proposeront trois types de jeu. L'un inspiré des bandits manchot, le second du black jack, et le troisième de la roulette. Comme dans les casinos, on finit toujours par perdre. Ou alors il y a un truc que personne ne m'a révélé. C'est amusant, mais on fait vite l'impasse dessus afin d'arrêter de perdre ses finances.

Fable, une histoire, une morale ?

Un autre point fort du gameplay de Fable 2 est la gestion des actions du personnage. S'il fait le bien, il sera perçu comme tel. Le peuple l'aimera, le favorisera, l'admirera. Au contraire, s'il ne jure que par la destruction et le meurtre, il fera peur et sera chassé sans répit. Ce n'est pas simplement un indicateur, c'est avant tout un passé qui accompagne le joueur tout au long de l'aventure. Il a fait le nécessaire pour que les malfrats soient arrêtés étant petit ? L'économie de Bowerstone sera meilleure dix ans plus tard... Autant de choix a priori cornéliens que l'on prend sans trop se soucier des conséquences, et donc les conséquences sont assez finement retranscrites. Ce n'est pas simplement binaire et l'on pourra certainement rectifier l'erreur de jeunesse en faisant de grands efforts.

J'en sens qui s'impatientent au fond de la salle !

Pour ce qui est de la partie jeu de rôle plus classique, le gameplay permet quelques apports sympathiques.
On démarre le jeu enfant, et au fil du temps on grandit. Pas simplement en taille, mais aussi en carrure, en hale de peau, etc. C'est à dire qu'en fonction des capacités que l'on utilise et que l'on développe, le physique du personne peut changer du tout au tout. Si on la joue magicien à consumer sans cesse son esprit, on risque de prendre la carrure crevette. Au contraire, en frappant sans relâche à l'épée, les pectoraux et les biceps vont se régaler. La transformation se fait sans à coups, naturellement. Seul hic, on aurait bien aimé pouvoir changer la figure du personnage. Mais non. On se contentera de celle que le dieu Fable a choisi pour nous.


Alors que le graphisme ne se veut pas réaliste, en proposant une touche légèrement cartoon, la présence d'un chien comme compagnon renforce la véracité des voyages. Au fil de nos pérégrinations, il aboiera pour prévenir d'un danger ou indiquer un trésor, enfouis dans le sol ou non. Correctement dressé, il achevera les ennemis au sol. Grâce à lui, fini les tueries qui apportent leurs lots d'objets et de pièces d'or. Les ennemis n'ont rien sur eux... Même si cela est étrange quand on vient de se faire violemment frapper par une épée de guerre. Il est donc le principal garant de la récupération d'items, avec bien entendu les marchands et le vol dans les maisons.

On voyage le coeur plus léger quand on sait qu'un aboiement prévenant signalera un cortège d'ennemis venant dans notre direction. Il ne va pas jusqu'à nous guider, même s'il sait mêmes flairer les portes démoniaques (zip-zip, je n'en dirai pas plus) ; pour cela, un système de chemin lumineux a été implémenté. On sélectionne une quête, et aussitôt la signalisation s'adapte. On peut enfin mettre à la poubelle la mini-map si peu pratique. O joie, O espoir... de ne plus errer pendant des heures à chercher la porte qui permet de poursuivre l'aventure. Indéniablement, c'est efficace. En complément vient se greffer la possibilité de voyager d'une région à une autre en quelques pressions de boutons, ce qui privilégie l'élégance narrative d'une élipse, au contraire de nombres de jeux qui ajoutent des téléporteurs à tout va pour faire entrer à tout prix les voyages dans l'univers du jeu.

Moi vois, moi tue !

On ne pouvait décemment pas terminer le test d'un jeu de rôle sans parler de combats et d'affrontement épiques. Sachez que des joutes armées, il y en aura. Beaucoup, mais pas de façon déraisonnable. On s'en sortira en tirant sur ses ennemis à l'aide d'une arme de jet (très vite ce sera un revolver ou un tromblon), en frappant (à l'épée, la hache, etc.) ou encore en invoquant de la magie (feu, électricité, nécromancie, etc.). Chacun adaptera son style de combat à son éthique personnelle. Quoiqu'il en soit, il semble que l'épée reste une valeur sûre, le corps à corps étant trop présent, et les sorts de hauts niveaux nécessitant bien trop de temps à lancer.

Ne vous privez pas, frappez, encore et encore. De toute façon, si vous succombez, vous vous relèverez. Vous perdrez simplement l'expérience, distillée sous formes d'orbes trainant au sol, que vous n'aurez pas déjà moisonnée.
Cette immortalité a le plaisir de rendre le jeu plaisant pour tous, que l'on soit doué au combat ou non. On finit de toute façon par progresser dans l'histoire car aucun adversaire ne peut nous arrêter bien longtemps.

Cette approche est d'autant plus jouissive qu'elle permette d'éviter la course aux XP. On est certainement en présence du seul jeu de rôle où l'on ne passe pas une heure à tuer des rats afin de passer au deuxième niveau et améliorer ainsi son espérance de vie.

Le concept du bouton unique pour le combat, vivement vanté pendant des mois et des mois par Peter Molyneux, ne semble pas donner un résultat probant. Certes on appuie sur X uniquement pour frapper, sur Y uniquement pour tirer, et sur B pour lancer des sorts, mais ce n'est là pas différent du gameplay de Devil May Cry. Il paraît qu'il faut respecter un certain tempo pour enchaîner au mieux les coups. Difficile à dire. Le résultat semble probant, peu importe la façon dont on frappe.

Casual et hardcore sont dans un bateau

Finalement, si on devait caractériser Fable 2 à tout prix, on pourrait inventer le néologisme hardcore-casual. C'est à dire un jeu assez prenant, complet et approfondi pour satisfaire les plus exigeants des joueurs, et en même temps doté d'une progression aisée et facile à prendre en main qui plaira aux joueurs les plus dilettantes.