8/10The Getaway - Test

/ Critique - écrit par CBL, le 01/01/2003
Notre verdict : 8/10 - London, a fugitive and a cop, nothing to lose (Fiche technique)

Après quatre ans de développement et 10 millions d'euros de budget, la production phare de SCEE arrive enfin sur PS2. Est-ce que cela valait vraiment le coup d'attendre ? Est-ce le jeu du siècle ou simplement beaucoup de bruit pour rien ?

Vous êtes Mark Hammond, ancien gangster qui vient de sortir de taule et qui mène une existence paisible avec sa femme et son gosse. Seulement, Charlie Jolson, un parrain local en déclin fait enlever votre gosse et tuer votre femme. Vous allez devoir suivre ses ordres à la lettre sinon il tue votre gosse. Vous allez donc effectuez douze missions avec Hammond en suivant un scénario classique mais très bien ficelé. Après, vous avez encore douze missions qui se déroulent en parallèle avec Frank Carter, un membre de la brigade volante qui ne rêve que de coincer Jolson. Evidemment, les deux scénarios se recoupent. Je ne vais pas les dévoiler mais sachez que vous allez vous mettre tout Londres à dos, flics comme truands. Rebondissements, action, poursuites en voitures, infiltration et cinématiques d'anthologie au programme.

Le jeu ressemble pas mal à Mafia ou à GTA mais en beaucoup plus linéaire. Chaque mission se passe souvent de cette façon : une cinématique suivie d'un passage en caisse suivi d'un passage à pied, que ce soit du shoot à la troisième personne ou de l'infiltration. Toute l'action se déroule à Londres dont le centre a été entièrement modélisé en 3D (42 km carré) avec des textures photo-réalistes et sans temps de chargement, même quand on passe dans les intérieurs. Le résultat est hallucinant : ceux qui connaissent Londres n'auront aucun mal à s'y retrouver et j'ai même reconnu un restaurant où j'étais allé bouffer ! Pour accroître ce réalisme, toutes les voitures sont des modèles réels : Mercedes SLK, Peugeot 306, Renaut Laguna break, Alpha Romeo, Lexus, Opel Vectra... En tout, on trouve une cinquantaine de caisses fidèles à l'original que vous pouvez piquer comme bon vous semble. Décors, voitures, personnages du jeu, tout est modélisé à la perfection avec de magnifiques textures et de jolis reflets sur les voitures, le tout presque sans aliasing ni chute de frame rate.

La réalisation sonore n'a pas été oubliée avec d'excellentes musiques, de très bons samples et des doublages réalisés par des pros, ce qui renforce le cachet cinématographique de l'ensemble. Chaque doubleur a prêté sa voix mais aussi son corps au jeu ; tous les personnages du jeu sont en fait des modèles 3D d'acteurs existants reproduits à merveille. Toutes les cinématiques ont d'abord été tournées sur pellicule avant d'être digitalisées et c'est bien pour cela qu'elles sont aussi réussies.

Le réalisme du jeu est renforcé par l'absence complète d'interface. Pour obtenir des infos sur ce qu'il se passe comme votre état physique, il faudra faire preuve d'observation. Par exemple, à la place des flèches à la GTA, The Getaway introduit le système des clignotants qui vous indique où aller. Quand vous avez une mission en temps limité, je vous conseille d'avoir une horloge à portée de main pour savoir combien de temps il vous reste.

Premier point négatif, malgré le réalisme du jeu, il vous suffira de vous reposer 30 secondes contre un mur pour récupérer de toutes vos blessures, même celles par balle. Ce n'est pas plus idiot que le coup des trousses de soin mais cela fait assez bizarre.

Le réalisme du jeu fait qu'il est très cru et très violent. Aucun second degré, beaucoup de sang et quelques grossièretés font qu'il est interdit aux moins de 18 ans ! Ce n'est pas un simple argument marketing, le jeu est vraiment violent et malsain : on peut prendre en otage n'importe qui et s'en débarrasser sans remord d'une balle dans la tête.

Les phases en voitures sont vraiment excellentes. Le jeu va très vite et on prend plaisir à foncer à toute berzingue entre les bus à deux étages, les taxis et les piétons. On retrouve rapidement les réflexes acquis avec Burnout et GTA tout en faisant un peu plus gaffe : le moteur physique est beaucoup réaliste et ne permet pas n'importe quoi. On casse souvent un paquet de voitures avant d'arriver surtout qu'on est en permanence suivi par les flics et les gangsters qui vous canardent à la kalashnikov. Les flics ne sont pas très vindicatifs. Certes, ils font des barrages et crèvent vos pneus mais vous n'aurez jamais de mal à vous en sortir tant que vous restez dans la voiture.

Malheureusement, les passages à pieds n'ont pas bénéficié du même travail. On retrouve le système de verrouillage de cibles de GTA et un ciblage manuel. Le jouer peut effectuer beaucoup d'actions différentes comme se coller contre les murs et jeter des coups d'oeil dans les angles, faire des roulades, donner des coups de crosse... mais tout cela avec une lourdeur sans nom. Le personnage réagit très mal aux mouvements du stick gauche (pas moyen de jouer à l'analogique) et la caméra se place rarement bien (pas moyen de la replacer). Du coup, on se retrouve à crever parce qu'on a pas vu l'ennemi ou qu'on a pas réussit à bouger le perso à temps. C'est très frustrant surtout quand vous devez éviter des faisceaux lasers (j'ai recommencé plus de 30 fois ce passage). On met vraiment du temps à s'y faire et cela gâche les phases à pied alors qu'elles sont en plus assez répétitives (à base de flinguer tout ce qui bouge). Seuls quelques passages vous obligent à avancer sans être vu.

Une fois le jeu fini, tout ce que vous pouvez faire c'est vous balader librement dans Londres. Ne comptez pas sur des missions secondaires. Heureusement, les deux quêtes vous prendront bien 25-30 heures ce qui est très honorable.

Certes, The Getaway est un peu répétitif et sa jouabilité à pied a dû être imaginée par un manchot mais l'histoire est vraiment prenante, les personnages attachants, l'action est intense, les dialogues sont bien pensés et les cut-scenes très réussies. On pense à Snatch, Reservoir Dogs, Max Payne, Get Carter... sans oublier le fait de se balader à Londres et la prouesse technique qu'il y a derrière. En clair, The Getaway n'est pas la tuerie annoncée, le jeu ultime, mais il est vraiment bon et a pas mal d'atouts pour sortir du lot.