Gran Turismo 5 - Test
Jeux Vidéo / Critique - écrit par Flob, le 21/12/2010 (Tags : turismo gran test voitures mode courses spec
Un gros retard et de nombreuses promesses et fantasmes. Le premier épisode de Gran Turismo à l'ère HD était attendu au tournant mais a réussi à négocier son virage, à la limite de la sortie de route... Un résultat qui n'est donc pas à la hauteur de l'attente.
Les jeux vidéo de sports mécaniques n'ont jamais cessé de squatter nos salles d'arcades et salons, marquant notre esprit de pilote amateur au travers de nombreux titres. Débarqué il y a treize ans sur le première Playstation, Gran Turismo est de ceux-là, se targuant même d'être « The Real Driving Simulator », développé par un studio qui lui est de plus complètement dédié. Polyphony Digital publia ainsi un nouvel épisode tous les deux-trois ans, jusqu'à GT4 en 2004. L'arrivée des consoles next-gen et de la PS3 début 2007 en Europe était censée marquer un tournant dans la série, mettant de côté son aliasing prononcé pour passer à la HD. Mais c'était sans compter sur Kazunori Yamauchi et son équipe, qui pour des raisons obscures repoussèrent cette mouture jusqu'en fin 2010, après avoir cependant profité de ce long délai pour nous vendre un Prologue en 2008 puis une version PSP il y a un an.
Une belle vue intérieure... Mais pour les premiums !L'attente fut donc très longue, pleine de mystère et plutôt agaçante, surtout que la concurrence n'a pas chômé pendant ces quatre dernières années. C'est donc avec entrain mais aussi avec une certaine appréhension que l'on insère le Blu-ray dans la console. Première observation, il nous est proposé d'installer la majorité des données sur le disque dur, soit tout de même 8Go et pas loin de cinquante minutes d'attente, mais nous ne sommes plus à ça près. Une phase qui a d'ailleurs eu raison de plusieurs PS3 FAT (ancienne version) qui n'ont pas supporté la surchauffe engendrée par l'opération. Notez que le jeu copiera aussi automatiquement des éléments au cours des chargements des courses. Finalement, la différence n'est pas flagrante et la navigation dans les menus reste toujours aussi lente, divisée entre les modes GT, Arcade, mais aussi l'éditeur de circuits plutôt basiques, et le GT-TV proposant de nombreux programmes de sports mécaniques gratuits ou payants. Ces deux dernières fonctions sont donc sympathiques, mais plutôt dispensables. Ainsi, l'éditeur de circuit est loin de proposer une feuille blanche à remplir tel un TrackMania, et s'apparente en fait à un générateur avec divers paramètres à modifier à partir de plusieurs tracés types ; le nombre de portions, leur largeur ou complexité, la rigueur des virages, la météo, ou encore l'horaire d'utilisation.
Vous reviendrez donc rapidement vers le mode Arcade pour vous défouler contre l'I.A (suivant trois niveaux de difficulté), essayer de viser le meilleur chrono seul en piste, gagner un maximum de points en maîtrisant le Drift, ou alors affronter un ami (réel celui-ci) au cours d'un duel acharné. Bon, le terme est exagéré, surtout que cela peut vite devenir ennuyeux sans aucun autre concurrent ; et en plus l'écran ne tolère toujours pas de vue intérieure ni de condition météo spécifique; peur d'une baisse de frame-rate ? Le reste est heureusement plus amusant, surtout qu'o
Un éditeur de circuit très allégén nous laisse dès le départ le choix entre 52 véhicules variés et 77 circuits, déclinaisons de, finalement, 26 lieux ; sept circuits originaux de l'univers GT, neuf mondiaux et donc réels, sept villes elles aussi existantes, et enfin trois terrains de terre et neige. Il suffit alors d'en sortir plusieurs tracés en les découpant, les empruntant à l'envers, en ajoutant des conditions météo évolutives (sur dix environnements), ou en modifiant l'heure d'utilisation (six de nuit et trois en cycle jour/nuit, effet d'ailleurs très réussi), et vous obtenez vos 77 circuits !
Un principe de « remplissage » étudié, que l'on retrouve aussi dans la liste impressionnante de 1031 voitures gonflée avec des récurrences de modèles se différenciant simplement par leur série ou millésime. Mais cela n'est qu'un détail face au (honteux ?) principe des véhicules premiums et standards. Les premiers, au nombre de 200, ont été soignés, bien modélisés, offrant une vue intérieure plutôt jolie et jouable, la possibilité de s'amuser avec les phares et essuie-glace et la gestion des dégâts (enfin). Les seconds, et donc la grosse majorité, ne sont en fait que des coques avec des rendus plus ou moins réussis qui sentent parfois le modèle GT4 retouché, mais avec un comportement routier tout de même caractéristique pour chaque véhicule, l'un des points forts de la série. En effet, la dynamique de la conduite, le transfert des masses, les freinages et accélérations, les effets de sous et survirage, et toutes les technicités propres au jargon des pilotes sont plutôt bien retranscrites. Certes, la majorité des joueurs roulent plutôt en Renault Clio qu'en Nissan GTR, et ne connaissent pas le comportement réel d'une Ferrari (marque enfin présente dans GT), mais cela semble cependant très réaliste. Notons que nous ne disposons pas non plus d'un de ces joujoux chez Krinein...
Dommage par contre que la simulation soit entachée par la piètre qua
La gestion météo est plutôt bien réaliséelité de la gestion des collisions, fonction pourtant très attendue, demandée, et surtout obligatoire dans un jeu next-gen qui se respecte. On a vraiment l'impression de faire un grand bond en arrière, lorsque l'on fonce à 300 km/h contre un mur et que l'on se retrouve avec le bouclier avant un peu défoncé. De toute façon, les éléments de carrosserie ne se détacheront pas, les développeurs n'ont pas du prendre la peine de modéliser les dessous de leurs créations, se concentrant sur leurs belles robes, ça sent donc la fonction ajoutée sans conviction. De plus, les casses (moteurs et directions) étaient encore inexistantes avant l'arrivée récente d'un patch, mais elles ne sont disponibles qu'en réseau. En mode solo, vous devrez donc vous contenter de l'usure des pneumatique et du carburant, et pourrez continuer à rentrer dans vos adversaires virtuels, car de ce côté, quasiment rien n'a changé. Et c'est encore bien dommage, car c'est un sujet qui était aussi très surveillé par les fans de la série et qui souffre de ces défauts d'I.A depuis sa genèse. Les concurrents continuent donc de se suivre et de jouer au petit train, tentant toujours de regagner leur trajectoire parfaite en vous poussant, forts de leur adhérence à la route très exagérée (pourquoi croyez-vous que l'on s'appuie sur eux dans les virages ?). Enfin, les faits de course sont toujours très scriptés, et il sera rare d'admirer de beaux dépassements courageux ou des sorties de route spectaculaires, mais de toute façon, sans dégâts ni traces visibles dans les bacs à sable...
Les circuits et l'aspect graphique général sont donc comme leurs voitures ; travaillés, détaillés, léchés, mais un peu rigides et austères, voulant s'approcher de la perfection et du photo-réalisme tout en laissant de gros défauts techniques gâcher l'expérience. Alors oui, c'est globalement joli, voire très sympa en cycle jour/nuit, avec de belles lumières et des environnements bien réalisés et proches de la réalité. Oui c'est du 1080p (720p en 3D) et ça reste plutôt fluide, même avec 16 voitures en course. Mais non, il y a encore pleins de défauts techniques et de principes d'ancienne génération, comme les barrières invisibles et l'environnement statique. Mais aussi la présence ponctuelle de clipping (
Les courses de nuit ont un charme particulieréléments du décors qui apparaissent au dernier moment), de l'aliasing, sur certaines ombres et les carrosseries lorsqu'il y a de la fumée ou poussière, ou encore de textures ou d'objets grossièrement modélisés. L'atmosphère sonore du titre a elle aussi été très étudiée, avec des motorisations qui se veulent proches de la réalité et qui sont dans l'ensemble de qualité, mais qui nous laisse aussi parfois perplexes (mais sur plus de milles modèles...). Et sans parler des crissements de pneus caractéristiques de la série, qui sonnent donc toujours aussi faux. Qu'importe, vos oreilles trouveront alors peut-être grâce avec les 189 pistes, musicales cette fois-ci, aux styles et interprètes variés, mais généralement pêchues.
Les fans de simulation automobile préférant certainement le casque à visière que la casque audio, nous allons donc revenir sur la partie principale du jeu, le mode GT, et plus particulièrement le GT Life ; les autres sous-menus, Profil et Communauté, étant plus des fonctions annexes constituées de diverses informations sur sa progression et des outils pour dialoguer entre joueurs. Que retrouvons-nous dans ce GT Life ? Et bien tout ce qui existait déjà dans les précédents opus, et un peu plus. L'objectif est donc toujours de réaliser les meilleures positions ou chronos en course afin d'obtenir le maximum d'argent, de trophées (en or s'il vous plaît), mais aussi de monter en niveau, grande nouveauté pour ce cinquième épisode. En effet, il ne suffit plus de posséder le véhicule adéquat pour participer aux épreuves, il vous faut aussi un niveau minimum. À titre d'exemple, le permis national B est disponible dès le début alors qu'il faut un niveau trois minimum pour le national A ou encore six pour le C international. Vous l'aurez donc compris, les permis sont toujours de la partie, au nombre de six, divisés aux-même en dix examens orientés vers l'apprentissage du freinage et des trajectoires au début avant de passer aux dépassements appliqués pour le Super Permis, dernier sésame de l'aventure.
Le mode B-Spec devrait vite vous lasserUne aventure qui n'en est pas vraiment une en fait, car il n'y a pas de vrai mode carrière avec un suivi et une progression de pilote, mais simplement des séries d'épreuves de difficulté variable sans véritable lien entre elles. Il y a bien le B-Spec, qui propose de se placer en directeur d'écurie afin de donner des consignes de courses très basiques à ses pilotes, mais cela n'a rien de très réjouissant, et la plupart des joueurs bouderont rapidement ce mode simpliste et abusif. Car il est drôle de voir que ce dernier occupe une place très importante sur l'écran de sélection, à taille égale avec le A-Spec dont il reprend toutes les épreuves. Facile donc de faire du contenu pour Polyphony Digital, il suffit de reprendre l'existant et d'y ajouter une idée faussement originale qui est loin d'aller au bout du concept.
Notre âme de pilote nous renvoie alors immanquablement vers l'autre gros pavé, le menu A-Spec divisé en cinq niveaux de neuf épreuves de courses en tout genre. C'est donc ici que vous passerez le plus clair de votre temps pour tenter de réaliser les meilleurs chronos, de gagner des points, des trophées, des voitures, et d'accumuler un maximum d'argent pour agrandir votre garage. Il vous faudra pour cela passer chez le concessionnaire, proposant 51 marques de constructeurs et préparateurs pour 200 véhicules premiums. Le reste de la marchandise devra s'acheter au vendeur de voitures d'occasion, qui ne propose ponctuellement que trente bolides. À vous alors de gérer votre argent et de passer au bon moment afin d'acquérir les modèles utiles pour réaliser vos épreuves. Des courses qui pourront être plus accessibles avec des véhicules transformés par le biais du magasin de préparation, permettant de modifier la carrosserie, le moteur, d'ajouter un turbo, ou encore de changer de pneus. De même, vous pouvez aussi refaire une petite beauté à votre voiture chérie chez GT Auto, établissement qui se fera une joie de laver votre véhicule, le vidanger, le rigidifier, ou modifier certains accessoires esthétiques. À ce sujet, il n'est pas possible de changer et peindre les jantes sur les modèles standards.
Du Kart dans GT5, mais de qualité médiocre.Une fois votre voiture modifiée, vous pourrez aller l'essayer au cours de l'entraînement, regroupant des essais libres, des épreuves de dérapage comme en arcade, et des courses monomodèle, avant de repartir vers du A-Spec ou, si ces modes classiques commencent à vous donner des boutons, passer aux évènements spéciaux. Accessibles aussi suivant différents niveaux, ils vous permettront de vous familiariser avec d'autres techniques de conduite, comme le karting, le NASCAR ou le rallye, mais aussi de vous divertir autour d'épreuves diverses sur la fameuse piste de l'émission automobile Top Gear, à l'Académie de pilotage AMG, en traversant l'Italie pour suivre le très sympathique Gran Tour, ou encore en affrontant Sébastien Loeb. Globalement, ces épreuves donnent un peu de fraîcheur à la série, même si certaines ne sont pas toujours très réussies, à l'instar du kart, et permettent en plus de gagner rapidement beaucoup d'argent. Une fois vos nombreux deniers dépensés et une multitude de circuits parcourus, vous serez enfin prêts pour affronter des adversaires humains en ligne en passant pas le Salon Libre. L'interface du multijoueur, enfin disponible sur Gran Turismo, reste rudimentaire, comme le reste du soft donc, avec un moteur de recherche assez basique mais des courses complètement paramétrables. Certes, il y a quelques lags et certains défauts comme le fait de se retrouver sur le menu d'accueil après avoir quitté une course, mais le fait de pouvoir par exemple activer l'usure ou la casse mécanique est un plus appréciable, surtout qu'elle reste indisponible en solo. Mais le plus gros avantage reste surtout le fait de pouvoir affronter des êtres humains et non cette I.A discutable.
Pour terminer, citons les quelques autres fonctions disponibles mais sans grand intérêt, comme l'Inventaire regroupant vos vidéos de rediffusions, circuits édités, la bibliothèque musicale, le musée retraçant l'histoire de 14 marques automobiles illu
Et l'on peut même bichonner sa voiturestré par des photos gagnées au cours de votre progression, et les photos de vos voitures prises avec le mode Photos de voyage, inintéressant mais pourtant très mis en avant par les développeurs. Dernière option dont nous vous parlerons, qui peut s'apparenter à du gadget mais qui s'avère plutôt réussie, le dispositif de Head Tracking qu'il faut activer dans les paramètres système du menu d'option avec le PlaystationEye. Malheureusement utilisable uniquement en Arcade pour des soucis apparemment techniques, ce système permet de regarder sur le côté en vue habitacle en bougeant légèrement sa tête, fonction évidemment disponible en appuyant sur une touche, mais cela n'a pas le même charme.
Ce cinquième épisode de Gran Turismo a été attendu très longtemps, certainement trop. Ce long délai a fait naître divers sentiments chez les joueurs, mais le plus dangereux après la frustration est le fantasme du jeu parfait. On se dit que tant de temps n'est forcément que synonyme de travail acharné, que Polyphony Digital s'est appuyé sur les bases solides de la série pour faire un épisode next-gen qui, en plus d'être une vitrine technologique de belles carrosseries, s'inspirerait des évolutions de la concurrence pour proposer un jeu au-dessus du lot. Il n'en est rien. Gran Turismo 5 est loin d'être un mauvais jeu de voitures, mais l'équipe de développement s'est reposée sur ses lauriers et sur des mécaniques de jeu qui ont fait leurs preuves, mais aussi leur temps. L'emballage HD est certes joli, le plaisir est bien là, le contenu gargantuesque ; mais trop de fonctions oubliées ou travaillées grossièrement font de ce titre un jeu quasiment anachronique, laissant un arrière goût amer aux pilotes virtuels espérant voir un GT avec les avancées technologiques des dernières productions automobiles vidéoludiques. Si seulement ils nous l'avaient sorti il y a deux ans...