9.5/10Halo - Test

/ Critique - écrit par CBL, le 29/08/2003
Notre verdict : 9.5/10 - Non, je ne ferai pas de jeu de mot idiot pour un jeu aussi Halocinant ! (Fiche technique)

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Halo, c'est juste quatre petites lettres pour une vraie révolution dans un genre qui commençait à tourner en rond : le First Person Shooter (Doom-like si vous préférez). Halo, c'est aussi un jeu qui est né dans la douleur des uns et pour le bonheur des autres. A la base du jeu, on trouve Bungie Software, les développeurs des célèbres Marathon et Myth. Annoncé à l'origine sur Mac avec un portage PC par la suite, les premiers screenshots étaient très prometteurs. Perçu comme un jeu d'action tactique, le jeu a acquis une grande réputation au fur et à mesure des salons. Dans le même temps, Microsoft peaufinait ses plans de domination du monde des consoles avec la Xbox et il se sont vite rendu compte qu'il fallait un jeu phare pour le lancement qui plairait à coup sûr au public américain et européen. Alors ils ont appliqué la méthode Bill Gates : le rachat. Bungie Software a été racheté par Microsoft et Halo est devenu une exclusivité de la grosse boîte noire. Après un an et demi de carrière, le jeu s'est vendu à trois millions d'exemplaires et arrive enfin sur PC, porté par Gearbox Software à qui on doit Opposing forces, un addon pour un autre FPS culte, Half-Life.

Voilà pour la petite histoire. Revenons à la version Xbox que j'ai testée et avançons un peu le temps, jusqu'en 2552 pour être plus précis. L'humanité a conquis bien d'autres planètes et a même rencontré une civilisation extra-terrestre : les Covenants. Pas de chance, le haut clergé de ces derniers considère les humains indignes de leurs dieux et décide de se lancer dans une guerre sans merci. Les défaites humaines se suivent et les hommes décident qu'il faut tout faire pour empêcher les Covenants d'atteindre la Terre. Ainsi, les vaisseaux pris en chasse sont forcés de suivre des chemins détournés voire aléatoires pour rejoindre la Terre. Sur la planète Reach, fer de lance de la colonisation, des humains sont modifiés pour en faire de super guerriers dans le cadre du projet Spartan-II. Seulement, Reach est attaquée et sa population massacrée. Un seul vaisseau, le Pilar Of Autumn (PoF), celui du capitaine Keyes, réussit à s'enfuir. Après un saut aléatoire dans l'hyperespace, il se retrouve à proximité d'une planète en forme d'anneau appelée Halo. Seulement, les Covenants sont là aussi et attaquent le Pilar. C'est là que vous intervenez, le Master Chief, le dernier survivant du projet Spartan-II équipé d'une armure de combat à bouclier énergétique, le soldat parfait. Evidemment, après une série de combats très violents à bord même du Pilar, le vaisseau va s'écraser sur Halo et vous allez « atterrir » sur cette planète avec votre courage, un flingue et un fusil d'assaut. Pour vous aidez, on a téléchargé en vous Cortona, l'IA du PoF qui contient des données sensibles sur la Terre. De plus, beaucoup de marines ont aussi survécu et n'attendent que vous pour les guider contre les Covenants. Plus tard, attendez-vous à affrontez un parasite très efficace et à faire face à une arme d'une puissance jamais vue. Vous l'aurez compris, le scénario d'Halo donne dans les plus grands classiques de la SF mais n'en reste pas moins passionnant avec ses rebondissements et ses moments dramatiques. Le must reste la fin car elle annonce bien entendu une suite.

Mais place à l'action car nous ne sommes pas dans un jeu d'aventure mielleux mais bien dans un FPS militaro-futuriste de haute volée. Dès le départ, on entre dans le vif du sujet avec la bataille à bord du Pilar. Les tirs ennemis fusent de partout, les marines répliquent, les hommes meurent, les explosions pleuvent et on vous guide dans cette pagaille à travers les entrailles du vaisseau. Tout semble assez scripté mais on oublie rapidement cette impression quand on choppe enfin un flingue et qu'on commence à se battre. On rentre instantanément dans le jeu et on part casser du Covenant. Plus tard, on débarque sur Halo et les attaques reprennent de plus belle. On découvre un deuxième aspect du gameplay : les batailles dans des maps immenses comme de gigantesques plaines ou des hautes montagnes contre des vagues d'ennemis. Souvent, vous serez accompagné de marines qui combattront à votre côté, renforçant l'immersion au sein même de la guerre. Certains assauts contre des positions Covenants qui vous canardent resteront à jamais dans l'histoire des jeux vidéo. Les scripts définissant quelques actions sont présents mais savent se faire très discrets. On est à des années lumières d'un Medal of Honor de ce côté même si on retrouve la même intensité des batailles. Le comble du bonheur est dans l'utilisation des véhicules. Les Covenants vous attaquent souvent à bord de véhicules volants de petite envergure ou de gros blindés. Mais ils ne sont pas les seuls. De nombreuses phases de jeu se déroulent à bord de warthogs, des gros buggys équipés d'une mitrailleuse lourde. Vous allez donc les conduire sur de longues distances avec un coéquipier comme mitrailleur en écrasant tout ce qui bouge. Parfois, vous aurez même un deuxième coéquipier équipé d'un fusil de sniper. Mieux encore, vous allez pouvoir conduire les véhicules ennemis et réaliser des cartons à bord de ghosts, des moto-jets blindés.

Les armes sont assez nombreuses et vous pouvez ramasser celles des covenants : fusil d'assaut, blaster surpuissant, fusil de sniper, bazooka, fusil à plasma... Une des idées de Halo très intéressante est que vous ne pouvez porter que deux armes au choix. A vous de choisir les bonnes et quelle stratégie adopter selon le contexte. Emporter un fusil de sniper sera efficace à très longue portée mais ne servira à rien contre les blindés... Pour la première fois dans un FPS, les grenades jouent un grand rôle. Vous pouvez porter 4 grenades à fragmentations et 4 grenades à plasma, ces dernières collant à vos ennemis. Apprendre à les lancer est primordial et vous sortira de bien des situations désespérées. Le plus jouissif reste le coup de crosse que vous pouvez balancer au corps à corps qui vous permet en plus d'économiser des balles bien précieuses. Comme le disent des gens bizarres dont les pieds sont caoutchouteux, sans maîtrise, la puissance de feu n'est rien. Et là, je l'affirme haut et fort : un FPS se joue bien mieux avec un pad qu'avec un clavier et une souris. Le stick gauche sert à se déplacer et à se baisser en laissant appuyé dessus. Le droit sert à tourner la tête et à zoomer en laissant appuyé dessus. Certes, on réagit moins vite qu'avec le duo clavier/souris mais les autres commandes sont bien plus instinctives : un coup d'index sert à envoyer des grenades avec la gachette gauche et à tirer avec la droite. On change d'arme, on allume sa torche et on saute en pressant rapidement un des boutons de droite. Les commandes répondent admirablement et même les plus réticents des FPS au pad prendront goût au système.

Croyez-moi, vous aurez besoin de cette jouabilité en béton pour affronter les Covenants. Quatre types d'ennemis vous affronteront : les petits craintifs, les petits espiègles qui se cachent derrière des boucliers que seules les armes à plasma peuvent désactiver, les troupes d'élites portant le même type d'armure énergétique que vous qui sont parfois invisibles ou qui vous tuent en un coup d'épée et enfin des colosses surarmés (les Hunters) qui se feront un plaisir de vous réduire en bouillie. Mais les Covenants ne sont pas juste forts et nombreux, ils sont très malins. L'IA a bénéficié de beaucoup d'attention et c'est impressionnant de les voir se cacher, envoyer des grenades, vous contourner, faire des stratégies d'équipe ou fuir quand leur chef se fait descendre. Et plus vous augmentez la difficulté, plus vous souffrirez. Si le mode normal reste raisonnable, le mode hard vous mettra à dure épreuve. Quant au mode légendaire... bah... bonne chance :) Votre armure énergétique se recharge automatiquement mais quand son niveau arrive à zéro, elle reste en panne durant un bout de temps et vos maigres points de vie ne tiennent pas longtemps. Heureusement, la vie et les munitions ne manquent pas mais vous tomberez souvent à court aux moments cruciaux. Très régulièrement, le jeu sauvegarde automatiquement votre progression même si parfois ce n'est pas dans le meilleur des cas. Vous serez très mécontent de sauvegarder avec un point de vie et quelques balles dans le chargeur.

Le level design de la plupart des niveaux est un modèle du genre. Paysages vallonnés, temples mystiques, intérieurs de vaisseaux, immenses espaces glacés ou couloirs de maintenance... tous ces niveaux servent un excellent gameplay. C'est bien stressant de devoir se cacher derrière les murs sur un pont alors que des Hunters vous canardent. Par contre, certains passages sont vraiment décevants. On repasse sans cesse dans les mêmes endroits et on répète les mêmes actions et les mêmes schémas d'attaque. Quoi qu'il en soit, prenez le temps de vous arrêter pour admirer les graphismes. Pour un des premiers jeux Xbox, on reste bouche bée. Les textures sont d'une beauté à couper le souffle, très détaillées et très bien appliquées grâce aux miracles du bump mapping, les particules énergétiques et les effets de plasma pleuvent, les reflets dans la glace, le métal de votre armure ou des vaisseaux sont légion...
Bien plus que le nombre impressionnant de polygones et une lumière volumétrique très bien gérée, c'est le moteur physique qui surprend. Chaque objet pèse son poids et vous le ressentirez lors des explosions. Il faut voir les ennemis, armes et véhicules voler à cause du souffle d'une grenade pour le croire. Par contre, la modélisation et la synchronisation labiale des humains ne sont pas encore au top.

Halo n'est pas né du néant. L'équipe de Bungie a regardé de nombreux films de SF et joué à pas mal de FPS qu'on retrouve dans leur jeu. On pense à Half-life pour l'ambiance de certains niveaux, la combinaison énergétique qui vous parle, quelques petits monstres très sournois qui vous sautent au visage et une arme lançant des projectiles autoguidés. Tribes semble avoir marqué les développeurs pour ses niveaux énormes, l'utilisation des véhicules et même le design des véhicules eux-mêmes. Doom est aussi très présent pour les longs combats dans des couloirs au shotgun contre des masses de zombies, à part que ceux d'Halo ont une fâcheuse tendance à se relever pour continuer à vous harceler et à foncer sur vous. Dans de tels moments, on pense aussi à Aliens surtout que votre fusil comporte un compteur de balles sur la crosse que vous verrez défiler bien trop vite. Enfin, on reconnaît Starship Troopers dans la forme des vaisseaux alliés, le design des armes et armures alliées, le sang phosphorescent des Covenants et les boules de plasma bleues envoyées par les blindés.

La partie sonore a été autant travaillée que le reste. Les armes font des bruits très convaincants et les voix des petits Covenants sont bien marrantes. Il faut imaginer ces petits êtres fuir en disant « je vais mourir » avec la voix de quelqu'un sous hélium. Pour un peu, on trouve ça attendrissant et on hésiterait presque à les tuer. La VF n'a pas fait l'objet du même soin et on ne sent pas trop de conviction dans les paroles du Master Chief et qui contraste avec toute la puissance que dégage le héros. La musique rattrape ce léger écart. Composée de choeurs pour les moments magiques et de violons électriques (à la Apocalyptica) pour les passages épiques, elle saura vous transporter encore plus dans le jeu. De plus et c'est une première technologique, tout le jeu est en Dolby Digital 5.1 ! Ceux qui ont la chance d'avoir l'équipement pourront entendre les balles et les ennemis arriver de tous les côtés.

Je n'ai pas encore pu tester à fond le mode multijoueur mais je peux d'avance vous dire que c'est la cerise sur le gâteau. A quatre sur la même télé ou jusqu'à 16 avec quatre Xbox en réseau, Halo propose 5 modes de jeu comme le classique capture the flag. Evidemment, les véhicules sont de la partie et vous pourrez même faire des courses de warthogs ! Autre chose qu'on aimerait voir plus souvent, il est possible de refaire toute la campagne un peu modifiée à deux sur une seule Xbox. Ca donne vraiment une autre dimension au jeu. On regrettera l'absence du Xbox live, bien pardonnable car cette possibilité est arrivée un an après la sortie du jeu.

Que dire de plus ? Halo est le meilleur jeu de la Xbox actuellement et le meilleur FPS, à la fois long (comptez 15-20 heures pour le finir en mode normal), prenant et innovant. Bien plus que de livrer une grosse baffe graphique, Bungie a su transcender le genre et lui redonner ses lettres de noblesse. Autant vous dire qu'on attend sa suite au tournant et que ses concurrents directs ont du souci à se faire.