Heroes of Might and Magic V - Test
Jeux Vidéo / Critique - écrit par gyzmo, le 21/03/2008 (Tags : heroes magic might tour heros test video
Encore sous le charme des ambiances féeriques toute en 2D conçues par feu le studio 3DO – précédent forgeron de la franchise Might and Magic ? Plus pour longtemps : le nouveau Heroes est arrivé !
Encore sous le charme des ambiances féeriques toute en 2D conçues par feu le studio 3DO – précédent forgeron de la franchise Might and Magic, et malgré une certaine appréhension dès qu’il est question de chambouler les habitudes, le puriste renfrogné doit bien l’avouer : la transcription en images tridimensionnelles de ce nouvel opus est à vous couper l’herbe sous le pied ! Derrière cette réussite, deux entités respectivement riches d’un haut niveau d’expérience : les petits gars de chez Nival Interactive, studio de développement russe connu des stratèges grâce à Blitzkrieg (2004), mais surtout pour leurs incursions dans le domaine de la fantasy tour par tour avec Etherlords (2001) – produit d’ailleurs inspiré de Heroes III ; le dessinateur Olivier Ledroit, créateur du magazine pour rôlistes Casus Belli, l’un des pionniers de l’interminable saga Chronique de la Lune Noire (1989), et responsable sur Heroes V de l’aspect graphique d’ensemble. Le résultat de cette association musclée est un régal pour les mirettes, un défi pour les neurones.
Sur la demande d’Ubisoft, le design - tendance gothique chère à Ledroit, échappe un peu aux conventions du genre médiéval-fantastique. Les inspirations vont puiser du côté de la Renaissance ou de la culture celtique. Le tout est plus sombre que l’univers graphique habituel des Might and Magic, tout en gardant à l’esprit l’importance d’une palette de couleurs large et vive, façon cartoon (mais pas trop). Les fonctionnalités 3D permettent d’ailleurs de profiter encore mieux de toute cette attention apportée aux moindres détails. Zoomer ou tourner autour des différents éléments du décor pour découvrir les richesses environnementales est un plus que le puriste ne peut honnêtement regretter. Bien au contraire ! L’exploration de chaque carte s’opère toujours au tour par tour, suivant des points de déplacement. Conquérir les ressources afin de faire évoluer ses domaines (construire des bâtiments, organiser la défense de vos cités, lancer des recherches de sorts, entraîner des unités…), recruter en masse toutes créatures susceptibles de combattre l’adversaire, s’accaparer les trésors pour booster les nombreuses et variées compétences de ses héros, positionner ses troupes sur l’échiquier des champs de bataille : les principaux ingrédients du légendaire gameplay des Might and Magic répondent présents. Le culminant degré de difficulté, également. En effet, certaines missions sont coriaces. Il faut par moment lutter contre le vent de la contrariété, de la colère et du découragement... et ce malgré la possibilité de sauvegarder souvent car un faux pas dès le début de certaine partie est souvent synonyme d'échec à venir : l'erreur n'est que rarement permise. Pas étonnant que les développeurs aient finalement patché leur jeu en intégrant un niveau "facile" pour permettre aux joueurs lambda de profiter tout de même de l'ensemble de la campagne solo sans être bloqués lamentablement par une intelligence artificielle agressive. Même si le très bon didacticiel permet une prise en main rapide, Heroes V reste une franchise décidément faite pour les stratèges à l'aise face à ce genre de challenge.
Côté technique, pas besoin d'avoir une machine surpuissante pour apprécier le travail méticuleux (textures fines et variées), foisonnant (des détails en pagaille) et poétique (les décors infernaux et les éclairages souterrains !) des concepteurs graphiques. Les cités (et leur mise en scène grandiose et émouvante pour certaines) résument à elles seules le haut niveau esthétique de cette nouvelle mouture qui, effectivement, prend un sacré coup de jeune salutaire tout en conservant sa particularité graphique d'antan. Franchement, de ce côté-là, inutile d’émettre des reproches tant il est facile d’être séduit par ce long périple. Long, à propos, n'est pas peu dire. En moyenne, une dizaine d'heures est nécessaire pour que la trame principale des six parties - comprenant chacune 5 missions, de la campagne solo ne délivre sa conclusion. Une histoire simpliste, peu surprenante dans ses rebondissements mais qui introduit quelques éléments anti-manichéens appréciables et un peu d'humour sympathique (notamment avec la campagne des magiciens). La structure scénaristique repose d'ailleurs sur des cinématiques 3D temps réel de bonne facture et utilisant le moteur graphique du jeu. Le tout reste très cohérent et suffisamment intéressant pour en savoir un peu plus, même si l'unité ne libère pas beaucoup de surprises. A noter également les deux belles cinématiques toute en images de synthèse qui introduisent puis clôturent l'aventure solo : du grand art en terme d'animation et d'imagerie tridimensionnelles.
En somme, Heroes V se dote d’une environnement magnifique, probablement l’un des plus aboutis à ce jour dans le domaine du jeu de stratégie d’heroic fantasy. Evidemment, le soft ne peut éviter les défauts tels qu’un niveau de difficulté parfois outrancier, ou un doublage français assez risible. Heroes of Might and Magic V demeure tout de même un hit à tester. Son mode multijoueurs (LAN et internet) et l’intégration originale de "fantôme" - offrant la possibilité perfide à chacun d’agir sur la partie pendant le tour des autres joueurs - ont été pensés pour satisfaire les plus impatients. Enfin, Ubisoft n’a pas lésiné sur les moyens pour faire de son titre une référence marketing : trois éditions différents, dont une impressionnante regroupant l’ensemble des précédents épisodes de la saga. De quoi longtemps se prendre la tête et enchaîner les nuits blanches.