8/10The Legend of Zelda - Phantom Hourglass - Test

/ Critique - écrit par Nicolas, le 09/11/2007
Notre verdict : 8/10 - Ghost in the Cel (Fiche technique)

« Une console Nintendo ne peut exister sans son Mario ou son Zelda. » C'est une loi immuable, inévitable. Accueillir un opus de The Legend of Zelda n'est donc en soi pas une surprise, je vous l'accorde, et les plus pragmatiques d'entre vous auront peut-être déjà commencé à râler devant cette sortie tardive dudit jeu. Oui, Zelda sert parfois à promouvoir la sortie d'une console, comme se fut le cas pour la Super-Nintendo ou la Wii, mais la fameuse princesse peut tout aussi bien attendre de nombreux mois avant de se faire kidnapper par un vilain ou un autre. Bref, avec l'opus présent, la saga compte quatorze titres rivalisant de qualités et de trouvailles, et je ne saurais donc trop vous conseiller de réviser un peu via le mini-dossier sur la série. Car ici, nous parlerons de Phantom Hourglass, de Nintendo DS, de Cel-Shading, de stylet, et peut-être de poules, si le cœur vous en dit...


Je ne m'étendrais donc pas trop sur le scénario, et résumerais l'essentiel de l'histoire en quelques phrases : Tetra aka Zelda disparaît à peine les deux pieds posés sur un bateau fantôme, et c'est à vous, le minuscule mais néanmoins courageux Link, de secourir votre amie, en retrouvant le navire et en en faisant du petit bois (éventuellement fantôme aussi). Aidé par le froussard mais néanmoins marin Linebeck, vous voguerez gaiement sur les flots en accostant îles et esquifs, histoire si quelques donjons mystérieux ne serait pas de la partie.
Phantom Hourglass, vous l'avez deviné, ne déroge pas à la sacro-sainte loi sacrée des Zelda : l'aventure est ponctuée de donjons plus ou moins difficiles, où vous attendent monstres, objets précieux, et boss de fin. Les habitués retrouveront immédiatement leurs marques, probablement sans se rendre compte d'avoir changé de jeu, à un détail près : l'intégralité des commandes s'effectuera via le stylet, sans dérogation possible. Rebutant peut-être aux premiers abords, ce système de jeu, à l'instar de son pote Fox McCloud (Starfox Command) se révèle intuitif et même très judicieux quant à l'utilisation de certains objets spéciaux de Link.
L'exemple le plus évident : le boomerang, auquel il faudra tracer une trajectoire (tortueuse ou non) avant de l'envoyer au loin - vous imaginez bien que ce système sera au centre de nombreuses énigmes, cela va sans dire. Le reste est du même acabit : Link suit le stylet tant que celui-ci touche l'écran tactile, et il frappe l'ennemi par un simple tapotement de l'écran. Il y a évidemment plusieurs façons de frapper, et le fameux coup spécial rotatif de Link, mais je vous laisse le soin de découvrir par vous-même la jouabilité spéciale mais néanmoins exemplaire de Phantom Hourglass.
Avoir un écran tactile sous la main peut tout au moins servir à quelque chose de plus avéré que le déplacement 3D. Link possède donc une carte, très exhaustive puisque celle-ci prend en charge l'intégralité des lieux visités, sur laquelle il pourra écrire à son bon vouloir les informations importantes ou éventuellement dessiner des trucs et des machins. Comment ne pas tomber de son siège devant tant de simplicité et d'utilité réunies dans une même fonction ! Reprendre une partie et ne plus savoir où aller était légion jusque là, cette époque est maintenant révolue avec Phantom Hourglass ! Il suffit de dessiner une croix aux endroits clés, écrire directement les prochaines destinations, ou même dresser une liste de choses à faire, les possibilités sont multiples.


Les allergiques à Wind Waker auront une raison pour revoir le jugement, et une raison pour le confirmer. Rappelez vous des balades interminables sur les flots de Wind Waker, à changer le cours du vent toutes les deux minutes. C'était beau, c'était inventif, certes, mais sur la longueur, l'opération devenait frustrante. Avec Phantom Hourglass, fini les changements rébarbatifs, votre bateau est équipé d'un moteur, et il suffit de tracer une route sur la carte marine pour l'emprunter, vous laissant tout le loisir de dégommer mouettes, grenouilles, et autres monstres purulents avec votre canon et votre stylet. Ce n'est pas encore extrêmement passionnant, même avec le mini jeu de récupération des trésors sous-marins, mais c'est déjà ça. En contrepartie, suite de Wind Waker oblige, Nintendo conserve le procédé de Cel Shading pour le rendu de l'univers, ce qui est susceptible d'en froisser certains. Le résultat est certes très joli, oserais-je dire mignon, un peu dessin animé même, mais donne une impression étrange, surtout lorsque l'on découvre la tronche assez flippante de Link (qui, pour le coup, récupère un vaste panel d'expressions et de mimiques, à défaut de rester muet comme une bombe).
Tout est affaire de goût, et l'on ne pourra reprocher Nintendo d'avoir voulu livrer un produit de très bonne qualité. C'est pas toujours bezef quant aux textures et modélisation, mais l'ensemble de l'univers se montre très réussi, et l'ambiance bon enfant plutôt appréciable. La Nintendo DS supporte à merveille les ambitions de Link, offre un rendu général assez étonnant, et c'est un réel plaisir de prendre cette jolie mer toute bleue en compagnies d'affables mouettes.


Une autre des grandes innovations de Phantom Hourglass réside dans la présence d'un donjon « central ». Le concept est simple en théorie : un palais gigantesque que Link devra explorer petit à petit au fil des jeux, selon les objets et les esprits en sa possession. Difficultés supplémentaires, pénétrer à l'intérieur du donjon aspire régulièrement la vie de notre héros, à part sur quelques refuges matérialisés, et le seul moyen de prévenir cette décroissance mortelle sera de posséder le fameux sablier fantôme. Celui-ci vous offre un temps de sécurité matérialisé par du sable, et il faudra donc jongler avec cette donnée pour explorer le plus efficacement possible les nouveaux niveaux qui s'offrent à vous. Au fil du jeu, la quantité de sable dans le sablier augmentera à mesure que les salles s'offriront à vous. C'est plutôt malin, et assez crispant quand on sait que quelques énormes chevaliers totalement invincibles rôdent dans le coin, et que chacun de leurs coups au but fait perdre un peu de sable, et donc de temps. Preuve de génie supplémentaire, les concepteurs ont prévu, selon les objets en votre possession, des raccourcis permettant de boucler rapidement les niveaux déjà explorés. Une caractéristique très appréciable, car il faut être honnête, les visites multiples peuvent fatiguer à la longue.

Concluons sur le défaut du jeu : la durée de vie, avec en toile de fond la difficulté. Pas de détour, le jeu est facile, étonnamment facile même lorsque l'on connaît bien la saga de Link. Ce n'est pas tant le contenu qui est mis en cause, tant chaque énigme et chaque boss regorge d'inventivité, non. Mais on s'aperçoit vite que la méthode « avancer en ligne droite » fonctionne pas si mal, et un donjon ne vous prendra généralement pas plusieurs heures. Même, à bien y regarder, en évinçant le donjon central, la durée de vie se prend une sacrée claque. Ca ira chercher dans les quinze heures de jeu, à vue de nez, pour un joueur assidu sans être acharné, et en solo.
Attendez, j'ai dit « en solo » ? Ne hurlez pas tout de suite, pas de nouveau Four Swords à l'horizon, mais un mode « duel ». A tour de rôle, chaque joueur incarne soit Link, soit les chevaliers spectres, et s'affronte dans une arène fermée. Le premier doit, dans un temps limité, récupérer le maximum de morceaux de Triforce et les ramener dans sa base, tandis que l'autre, avec ses trois têtes de pipes invincibles, doit retrouver le gnome vert et lui faire sa fête. Bien sûr, ledit personnage ne possède aucun objet, et encore moins la faculté de voir ses ennemis, excepté en transportant un morceau de Triforce ; tandis que l'autre joueur, pour diriger convenablement son escouade, devra tracer des directions sur l'écran tactile pour chacun de ses gars. Pas mal foutu, il est important de préciser que mode peut également se joueur en ligne, par internet !

Oui, c'est trop court, mais c'est bon, l'adage est respecté. Phantom Hourglass est un des fers de lance dans la logithèque DSienne, et un épisode majeur de la série par son lot de trouvailles et sa qualité globale. La réalisation en Cel Shading, irritante pour certains, splendides pour d'autres, reste impeccable, et l'idée d'un mode multijoueur en ligne ne peut que faire pencher la balance du bon côté. A acheter, cela va sans dire.

Ah oui, et on peut taper des poules !