Mémoires de joueur #1 : la difficulté

/ Article - écrit par Nicolas, le 08/11/2011

Grâce au semi-échec de la commercialisation de la Nintendo 3DS, j’ai pu via le « programme des ambassadeurs » renouer avec le tout premier Legend of Zelda – et je me suis pris presque vingt-cinq ans de souvenirs dans la gueule. Je me suis rappelé avoir possédé la console 8 bits, m’être fait offrir la cartouche dorée, avoir galéré des mois durant sur la gigantesque map du jeu, avoir quasiment pleuré lorsque j’ai perdu ma sauvegarde, pour enfin le finir en une poignée de vies dans la foulée. Avec le tournis, le genre d’état second qu’atteignent les plus gros penseurs de notre génération, je me suis alors mis à rêvasser, et à me poser une grande question existentielle : la difficulté dans les jeux vidéo, c’était vraiment mieux avant ?


The Legend of Zelda : rétro mais costaud
Non parce que, attendez, je vous explique. Lorsque j’ai repris Zelda, je me suis dit comme un gros benêt qu’avec l’âge et l’expérience, j’étais forcément plus efficace qu’avant. J’ai même fait mon petit rigolo en mélangeant les donjons pour me mettre du défi. Mais voilà, Zelda est un jeu difficile, à n’en pas douter, même si l’on pouvait sauvegarder à n’importe quel moment. L’anglais n’est plus une barrière pour moi, mais je me rends vite compte que les indices sont rares et rachitiques, que les ennemis sont agressifs, que le jeu n’est pas tendre avec vous (redémarrer un donjon depuis le début avec TROIS cœurs !? De qui se moque-t-on !?), et que cette cochonnerie de level design ne vous facilite pas la tâche avec sa multitude de passages secrets à découvrir par soi-même. Comment ai-je fait pour le finir avec autant de facilité à l’époque ? Et sans internet ? Car, effectivement, si j’ai encore quelques restes de mémoire, je pourrais désormais trouver ce qui me manque sur internet. Ce que l’on appelait, à l’époque, le bouche à oreille entre copains qui possédaient le jeu.


Les Point'n Click, ou résister à l'appel d'internet
Là où je veux en venir, c’est qu’en occultant toute la dimension technique acquise plus ou moins durement ces dernières années, ce qui a marqué le jeu vidéo, c’est le développement de la communauté virtuelle. Qui n’a jamais cherché sur son moteur de recherche favori l’emplacement de tel ou tel objet, ou la façon d’appréhender un boss ? Les mœurs ont changé, et ce qui était un secret bien gardé dans le temps ou des méthodes de combat transmises de père en fils sont dévoilées sans vergogne sur la toile, parfois le jour même de la sortie du jeu. Dans ces conditions, il est difficile de pouvoir évaluer la difficulté ou la richesse du jeu, et dans le cas d’un Zelda ou d’un Point’n Click (au hasard, Sam & Max), on perd forcément en heures de jeu. Il suffira d’un peu de dextérité pour venir à bout des ennemis, tout le reste sera inscrit sur une page internet. Ce que j’ai gagné en confort de jeu, je l’ai perdu en durée de vie.


Batman Arkham Asylum:
pas très dur, mais génial quand même
Et je mets ici mon doigt fort peu boudiné sur le point essentiel de cet article : est-ce que la difficulté est liée intrinsèquement à la durée de vie ? A cela, je répondrais « peut-être », car tout est question de point de vue. Un jeu récent comme Batman Arkham Asylum n’est pas spécialement difficile pour un joueur de ma trempe (un peu d’arrogance et d’auto-exclusion ne fait jamais de mal), mais il a disposé d’une durée de vie largement suffisante pour moi. Pourquoi ? Et bien je pense qu’une troisième composante est à inclure : le plaisir de jeu. Autrefois, on apprenait surtout par l’échec. Aujourd’hui, on peut tout à fait finir un jeu sans perdre trop de temps sur telle ou telle difficulté. Mais du moment que le plaisir reste intact, et que l’on n’est pas spécialement adepte des défis personnels, eh bien une durée de vie de dix heures n’est pas vraiment rédhibitoire. Après tout, en ligne droite, un Legend of Zelda doit pouvoir être bouclé en moins de temps que ça !

Aussi loin que je me rappelle, les jeux que je considère comme les plus difficiles datent tous de l’ère 8 Bits, malgré un Contra Shattered Soldiers (PS2) bien retors mais finissable. Par exemple, j’ai atteint le boss de Double Dragon III, mais je ne l’ai jamais battu, découragé par la difficulté du jeu qui devait être repris depuis le début à chaque fois. Ce qui nous amènerait à discuter du principe de sauvegarde, mais ceci sera un autre article.

Selon votre expérience, quelle est l’époque où le jeu vidéo a été le plus difficile à terminer ? Quel est le titre le plus ardu que vous ayez jamais rencontré ?