8/10Phoenix Wright : Ace Attorney - Test

/ Critique - écrit par Islara, le 30/06/2006
Notre verdict : 8/10 - Incroyablement original ! (Fiche technique)

Tags : attorney ace phoenix wright jeux nintendo trilogy

Style totalement inédit en matière de jeu sur console (et presque même de jeu vidéo toute catégorie confondue), Phoenix Wright porte une fois de plus et sans conteste la signature de l'originalité des jeux Nintendo.

Certes, il y a déjà eu des jeux d'enquête sur PC où vous devez jouer le détective et résoudre des affaires de meurtre (ex : les Experts), mais incarner un avocat, ça c'était quand même du jamais vu et mettre en place, sous forme de jeu vidéo, une audience judiciaire était un exercice difficile qui mérite des félicitations.

Alors, bien-sûr, ce décor de tribunaux et de milieu judiciaire n'est qu'un prétexte et Nintendo ne se prend nullement au sérieux sur la question d'une manière tout à fait japonaise : les gags délirants, dialogues surréalistes, musiques farfelues et personnages loufoques et fantasques (jusque dans leur nom) pullulent, et se mêlent au tragique (il y a quand même mort d'homme) tout le long du jeu, pour le plus grand amusement du joueur.

La structure du jeu est assez simple : 5 affaires criminelles, subdivisées, en 2 ou 3 phases d'enquête et d'audiences en alternance : une 1ère phase d'enquête puis une 1ère audience ; une 2ème phase d'enquête puis une 2ème audience ; une dernière phase d'enquête et une dernière et 3ème audience où la vérité sur l'affaire, tant attendue, jaillira enfin.

Car oui, les scénario de ces affaires sont sacrément bien travaillés et vous tiennent en haleine. Parfois, bien que l'enquête soit un peu longue et fastidieuse et que vous vous ennuyiez car vous n'avez pas grand chose à faire si ce n'est lire des dialogues, examiner les lieux et présenter aux personnages la bonne pièce à conviction qui les fera réagir, vous continuerez quand même, car vous voudrez connaître la fin et savoir qui est le meurtrier. Les coup de théâtre et surprises ne manquent pas, et les 5 affaires ont beau être distinctes, elles sont toutes plus ou moins liées et de nombreux personnages réapparaîtront là où vous y attendrez le moins ; et jamais vous ne savez vraiment avant la fin, à partir du 3ème procès, qui peut bien être l'assassin. En ce qui me concerne, je n'ai rien deviné avant le dernier jour, tellement les faits sont étranges, bizarres et déroutants au début de chaque affaire.

Quant à l'intérêt de jeu (en toute rigueur ludique, je ne peux pas dire que l'intérêt d'avoir la fin de l'histoire soit un intérêt de jeu), celui-ci se fera beaucoup plus sentir au cours des phases d'audience : toute l'impatience et l'ennui accumulés au cours de l'enquête se déversera d'un seul coup à ces moments-là. Vous torpillerez ces phases d'un seul trait sans pouvoir vous arrêtez, alors que vous aurez passé 2-3 jours à faire les enquêtes en 5 ou 6 fois.

Ce sont durant ces phases que les concepteurs du jeu ont mis toute leur créativité et leur imagination : pour réussir ces phases, il vous faudra faire preuve de perspicacité, d'ouverture d'esprit, de mémorisation, d'intuition, de sens du détail et de l'observation. Certaines énigmes sont vraiment très bien trouvées et vraiment excellentes. Dans l'ensemble, elles ne m'ont pas paru très difficiles, mais elles sont quand même un cran au-dessus d'Another Code (ouf !). Les créateurs ont, de plus, eu la très bonne idée de rendre la difficulté crescendo au fur et à mesure des 5 affaires. Seul bémol : il y a une ou deux incohérences à mon sens, mais c'est un peu du chipotage.

Cerise sur le gâteau, les fonctions de la DS sont sympathiquement exploitées au cours de la 5ème affaire (rappel : les 4 premières affaires ne sont que des rééditions de 4 anciens jeux GBA qui n'étaient sortis qu'au Japon), ce qui ajoute un piment supplémentaire : examiner les objets en 3D avec l'écran tactile, souffler sur la poudre d'aluminium pour faire apparaître les empreintes digitales est bien amusant.

Bref, pour conclure, un jeu à la double originalité :

- d'un principe et d'un décor totalement inédit (incarner un avocat qui enquête et qui plaide en audience, dans un univers judiciaire anglo-saxon) ;

- d'être un mélange subtil plutôt surprenant et réussi entre le jeu vidéo et le dessin animé de genre policier, avec une touche d'émotion et de tragique, si bien que les personnages nous manquent à la fin du jeu.

Dommage que l'on s'ennuie tant au cours des enquêtes, que la difficulté n'ait pas été un peu plus élevée et que le jeu nous prenne parfois pour un demeuré en nous tendant, plus qu'il n'en faut, la perche.


Sortie : 31 mars 2006
Durée de vie : 45H voire plus si vous bloquez.


Conseils de jeu

1) Attaquer systématiquement tous les fragments de déposition avant d'essayer de présenter une pièce à conviction pour contredire le témoignage ; parfois il n'y a rien à présenter et la situation se débloque d'elle-même par l'attaque ;

2) Sauvegarder toujours avant le contre-interrogatoire et en cours d'audience ; les 5 points de vie qui sont donnés s'épuisent vite ;

3) Méfiez-vous, les contradictions ne sont pas toujours où vous le pensez ; parfois, il semble y avoir des contradictions partout, mais vous avez beau présenter les pièces à conviction, il ne se passe rien ; pensez alors à bien vérifier que vous avez tout attaqué avant de présenter la pièce à convictions ;

4) Relire plusieurs fois le dossier pour avoir toutes les pièces en tête sans vous limiter à ce qui vous semble important (le paraître n'est pas l'être), car TOUT EST IMPORTANT, même le détail le plus anodin (c'est pour ça que je disais qu'il fallait de l'ouverture d'esprit : il faut ouvrir votre attention à tout et pas seulement à ce qui semble important) ;

5) Au cours des phases d'enquête, pour que la situation avance, épuisez la discussion avec tous les personnages ; il y a au moins 4 thèmes de discussion à faire avec chacun ; s'il n'y en a que 2 au départ, c'est qu'il faudra les débloquer en présentant des pièces à conviction au personnage.

6) Phoenix ou ses divers amis lancent souvent des idées à suivre (écriture en bleu en général) ; ce sont la plupart du temps des évidences, mais pendant les audiences, ça sert parfois beaucoup ; prêtez leur toujours un maximum d'attention.


Mes Best of (attention, spoilers)

Le passage le plus énorme et le plus délirant : le témoignage du perroquet (j'en ris encore).

La meilleure musique : la musique Western d'Alex Marshall.

La meilleure affaire : la 4ème, où l'on apprend le passé de Benjamin Hunter, Phoenix Wright et Paul Défès, et où l'on sait enfin ce qui s'est tramé derrière l'affaire DL-6 ; le passage où le juge prononce le verdict coupable sans que l'on ne puisse rien faire m'a aussi bien fait flipper. La dernière affaire suit de très près bien-sûr.

Le personnage le plus réussi : le groom de l'Hôtel Gatewater (complètement dans son trip ; un savoureux mélange entre la classe et le farfelu).

Le personnage le plus détestable : sans conteste, Manfred Von Karma.

Ce que vous préférez chez Phoenix Wright : son adoration pour ses cheveux en porc-épic.


Si vous n'êtes pas d'accord, j'en débattrai volontiers avec vous.