Le Seigneur des Anneaux Online - Les Ombres d'Angmar - Test
Jeux Vidéo / Critique - écrit par EvilPNMI, le 09/05/2008 (Voulant se tailler une part du gâteau sur le marché saturé des MMORPG et visant un public large, le seigneur des anneaux online présente quelques atouts, même un an après.
Dans le seigneur des anneaux online : les ombres d'Angmar, vous allez vivre les évènements qui précèdent et suivent en parallèle ceux imaginés par J.R.R. Tolkien. Pour ce MMORPG à l'univers déjà bien établi et immuable, Turbine et Codemasters ont vu grand, et cherchent à titiller World of Warcraft sur son terrain.
Après une introduction toute en virilité dans laquelle apparaissent les héros que tout le monde connaît (Frodon et consorts, bien entendu), vous n'avez plus qu'à créer votre personnage et entrer dans les Terres du Milieu. Chaque race (Homme, Nains, Hobbits et Elfes, que du classique) peut choisir une classe parmi celles qui leur sont accessibles (seuls les Humains ont accès à toutes les classes : Gardien, Champion, Menestrel, Maître du savoir, Chasseur, Cambrioleur, Capitaine). Malheureusement, rien d'exceptionnel en ce qui concerne la personnalisation de son avatar : coupes de cheveux (malgré les ajouts du livre XII, elles sont en petit nombre, dommage), visage (peu de différences également), couleur de peau, cicatrices, rides... Et l'on croise beaucoup de clones sur sa route.
Moi j'aime les grosses peluches.Pour les habitués des RPG (MMO en option), ils seront sûrement victimes de quelques surprises dans le fonctionnement des classes. Si le Gardien remplit parfaitement sa fonction de mur infranchissable, le Champion de distribution de pains gratuits et le Chasseur de tireur d'élite en corset de cuir, on sera surpris de constater que le Menestrel est à la fois une classe de soin, de buffs (bonus temporaires pour la communauté) et de dégâts, que c'est le Maître du savoir qui bénéficie d'un animal de compagnie et non pas le Chasseur et que le Capitaine est une classe de corps-à-corps hybride qui buffe avec des cris, soigne de la même manière et qui se traîne toujours un porte-étendard qui se bat pour lui.
En guise d'entrée en matière, la quête principale, découpée comme un livre en chapitres, vous propulse au sein de votre première instance, seul(e) avec un personnage non-joueur, qui vous sert de tuteur et vous apprend les bases du fonctionnement du jeu, conjointement avec des fenêtres d'aide qui s'afficheront à chaque nouvelle action à effectuer. Chaque race offre une introduction différente, mais à partir du « Livre I » la quête principale est la même pour tous, alternant quêtes « bla-bla / aller retour ici / là-bas », chasse au monstre et instances. Vous croiserez souvent Gandalf, Legolas ou Aragorn, mais sans jamais participer à l'histoire du livre de Tolkien, seulement à celle du jeu.
Il est toujours possible de faire une pause, et de lacher quelques temps cette quête
Bonjour monsieur, nous sommes perdues... principale, puisque vous pouvez effectuer de menues tâches ici et là pour les personnages non-joueurs qui vous proposent des quêtes à tour de bras (quêtes signalées par un anneau doré pour les quêtes triviales, et enflammé pour les quêtes de livre). D'ailleurs, il est même conseillé de ne pas « rusher » la quête principale en négligeant les à côtés. En effet, ce comportement sera sanctionné plus tard par un anneau gris équivalent à un nonchalant « Vous n'avez pas assez d'expérience pour aller plus loin » et ce sera bien fait pour vous. Sans vous y obliger, le jeu vous propose donc de prendre votre temps dans une région et d'y accomplir quelques missions tout en explorant les alentours. Impossible (en tout cas, laborieux) également de faire du monster grinding. C'est-à-dire se taper, en chaîne et inlassablement des hordes de loups, des clans entiers de gobelins, des troupeaux d'ours ou des essaims d'abeilles. L'expérience que vous engrangez de cette manière est négligeable par rapport à celle qui vous « force » à découvrir les Terres du Milieu et accomplir les quêtes.
L'artisanat prend une place importante de par sa variété, et la complémentarité des métiers qui forceront les joueurs à s'entraider. Chaque classe d'artisanat propose trois branches à développer, dont deux qui sont fortement liées. Par exemple, le Tailleur peut tanner le cuir des animaux qu'il dépèce, puis utiliser ce cuir pour en faire des armures. Sa troisième branche, la prospection, lui permet d'extraire du minerai et d'en faire des lingots, mais ces lingots ne lui servent à rien sans armurier lourd ou un forgeron, qui eux, sauraient s'en servir. Des classes originales d'artisanat sont également présentes, comme le Fermier, le Cuisinier (pour faire des gâteaux aux myrtilles ou de la bière) ou encore l'Erudit, qui étudie des textes anciens pour en faire des parchemins ou des potions de santé.
A noter que pour un même niveau, les armures, armes ou bijoux craftés par des joueurs sont bien plus performants que les objets achetés chez les marchands. Entre les deux vous trouverez les récompenses de quêtes qui suffisent aux personnages de niveaux inférieurs à 20-30. Il existe bien sûr des sets d'armure, qui sont des récompenses de quêtes, accessibles à tous ceux qui voudront bien se donner la peine de faire lesdites quêtes. Ainsi, pas besoin de refaire 462 fois une instance pour espérer looter une pièce d'armure.
Au sujet de l'expérience acquise, la limite de niveau est fixée à 50, et tel quel, chaque personnage est le clone de son voisin de même classe et race. Bien sûr, l'équipement joue une part importante pour différencier les joueurs, que ce soit niveau look ou statistiques, mais les « traits » de vos personnages seront plus importants encore. Ces traits de personnages se débloquent en accomplissant des prouesses. La race du personnage, sa classe et les régions des Terres du Milieu cachent des prouesses nombreuses, dont la récompense sont les bonus à équiper chez les bardes, en ville (les traits, donc). En guise d'exemple, tuer un certain nombre de gobelins débloquera un trait offrant un bonus de moral et d'agilité, accomplir cette même prouesse dans une autre région augmentera ces bonus. L'accomplissement des prouesses est parfois fastidieux et s'apparente au monster grinding déjà cité, seul cas où cette pratique est utile, malgré que pour les traits de classe (utiliser 1000 fois une compétence, faire 500 coups critiques...), les créatures que vous affrontez doivent encore vous rapporter de l'expérience pour valider le trait (pas de créatures grises que l'on one-shot donc).
"It's a rainy day, and the sun will shine..."L'interface est intuitive, et les livres d'introduction guident parfaitement les plus novices. La durée de vie du seigneur des anneaux online est conséquente, atteindre le niveau maximum n'étant pas une priorité absolue, on trouve toujours à faire dans les Terres du Milieu : artisanat (que ce soit pour monter de niveau ou honorer une commande de bière au miel), réalisation de prouesses, exploration et quêtes annexes, quête principale (13 livres d'une dizaine de chapitres en moyenne, on atteint le 50 bien avant la moitié) ou tout simplement réunion autour d'un feu de camp pour un petit air de luth.
Le moteur graphique est performant et optimisé récemment pour DX10. Testé sur deux configs, le seigneur des anneaux online reste fluide et configurable à l'excès afin de tourner sans forcément vendre un rein pour une nouvelle machine (de toutes façons, il ne nous en reste plus beaucoup, de reins). Les Terres du Milieu sont présentées de façon réaliste, les animations sont fluides et de nombreux petits détails vous rendront le voyage enchanteur (vols d'oiseaux, feuilles qui tombent des arbres, neige dans la figure, fleurs qui ondulent au vent...).
L'ambiance sonore est parfaitement adaptée : loups hurlant au fond du bois, rumeurs de foule dans les villes, le bruit de vos petits pas de hobbit sur la pierre et les schlouc schlouc de vos gros pieds de nain dans la neige. Pour l'ambiance musicale, elle se fait présente mais discrète, avec une tournure épique pendant les combats. Pendant votre pause à l'auberge, vous aurez la possibilité d'écouter au coin du feu les ménestrels (joueurs comme non-joueurs) en buvant une pinte de bière.
De ce côté, le roleplay est très poussé et vous permet de jouer le rôle de votre personnage à fond. Même si on peut regretter le côté « RP courbette » de nombre de joueurs, l'ambiance générale est assez agréable et il n'est pas rare de croiser un attroupement de joueurs pour un concert au luth et feu de bois improvisé. Du côté des choses plus ou moins inutiles donc indispensables, vous trouverez en vrac un nom de famille pour votre personnage, une maison personnelle avec son entretien à payer, des décorations (tables, chaises, lits...) à monter soi-même, des trophées de chasse à amener chez le taxidermiste pour décorer votre jardin, des vêtements d'ornements qui ne servent à rien sinon changer de look, des chevaux (à partir du niveau 35 pour la compétence « équitation », la réputation appropriée chez le peuple dont vous convoitez le cheval) de couleurs différentes, des sac à dos qui n'augmenteront pas la taille de votre inventaire... Tous ces services se payent, en jeu, bien entendu.
Pas de PvP (player versus player) pur et dur sur LOTRO, mais à la place, du « Monster Play » (PvMP). Débloqué à votre premier niveau 10, ce mode de jeu vous propulse dans les landes d'Etten, dans la peau d'un monstre de niveau 50.
Orque, Ouargue ou Faucheur, vous aurez là aussi des quêtes à accomplir, mais au lieu de gagner de l'expérience, ce seront des points de destinée qui, contrairement au PvE qui vous offre des bonus d'expérience ou de vitesse, vous permettront de débloquer traits et compétences afin de personnaliser votre créature, et de la renforcer afin d'affronter la faction ennemie (PNJ ou joueurs). Ne vous leurrez pas, votre personnage 50 n'est rien de plus qu'un niveau 1, mais vous pouvez toujours
"Et c'est ici qu'ils font Combe ?"aller chercher des jambes de hobbits et récolter de la bave de limace pour vous faire la main et gagner des rangs en place de niveaux. Un petit regret est à signaler sur la limite de territoire allouée aux personnages monstres, une seule zone alors que l'ensemble de l'Eriador est menacé par l'invasion. Il aurait pu être être intéressant de pouvoir attaquer où bon nous semble, mais Turbine a décidé de se démarquer et de se concentrer sur la partie héroïque du titre. On peut penser à juste titre que cette prise de position a éloigné du jeu bon nombre de joueurs un peu plus hardcore, qui auraient préféré incarner un orque du début à la fin, et sur un serveur PvP total. Le monster play est tout de même un mode de jeu tout aussi suivi et supporté que le mode « normal », et bénéficie d'un succès notable auprès des joueurs qui alternent régulièrement entre leurs personnages PvE et PvMP, voire abandonnent le PvE pour rester dans les Landes d'Etten en permanence, même s'ils sont plus rares dans ce cas.
Pour terminer, le seigneur des anneaux online offre une alternative intéressante, dans un univers qui a fait ses preuves, bien servi par un gameplay accessible au grand public, et une communauté ouverte et active. Pouvant satisfaire le novice et le casual gamer, le seigneur des anneaux online ratisse large et se forge une bonne place parmi les MMORPG du moment (environ 260 000 joueurs pour un an d'exploitation). Cependant, même si les sorties à venir risquent de faire très fort également (Age of Conan, Warhammer Online et WoW : The Wrath of the Lich King pour les plus attendus), parions sur un capital sympathie assez fort pour l'univers heroic-fantasy classique (et plus particulièrement celui de Tolkien), un suivi rigoureux de la part des développeurs, une communauté soudée et passionnée, des ajouts de contenu réguliers et sur la sortie de son premier add-on prévu cet automne, et le seigneur des anneaux online a encore de beaux jours devant lui.
Configs de test :
1 / E 6600 - 3 Go RAM - Geforce 8600 GTS - Config en « Ultra-élevé » (machine à screenshots)
2 / Athlon 3800+ - 1Go RAM - Ati Radeon X800 - Config en « Elevé »
Gamme de prix :
Tarifs dégressifs pour les abonnements : un, trois, six et douze mois, possibilité d'abonnement à vie. Un mois de jeu est offert pour l'achat de la boîte du jeu (45 pour l'édition « luxe »).