8.5/10Total War : Shogun 2 - Test

/ Critique - écrit par Nicolas, le 22/03/2011
Notre verdict : 8.5/10 - Le printemps sera Shogun (Fiche technique)

Tags : shogun war total test unites campagne samourais

Total War confirme son statut de leader du macro STR, avec une nouvelle mouture "shogun" parfaitement maîtrisée. Petite configuration s'abstenir.

La série boucle la boucle. Onze ans après Shogun : Total War (notez la dynamique du titre, différente de sa suite Total War : Shogun 2), The Creative Assembly entend revenir aux sources et parfaire sa vision du japon médiéval. Si la technologie pouvait leur faire défaut en l’an 2000, les développeurs ont eu désormais toute latitude pour exprimer leur talent et proposer le jeu dont ils rêvaient probablement. Partageons-nous ce rêve ?

Oubliez un temps Starcraft II, l’actuel roi du STR « de proximité ». Total War a une vision plus large, plus macro-économique, un sous-genre que l’on commence à retrouver de plus en plus souvent mais qui n’a que très rarement été porté à la hauteur des jeux de The Creative Assembly. Votre mission, si vous signez en bas du contrat, est ici de détrôner l’actuel Shogun (chef militaire du japon et représentant du pouvoir en place) pour évidemment prendre sa place et régner sur le pays. Dans la peau du Daimyo (noble japonais) d’une des provinces japonaises du XVIème siècle, vous aurez à conquérir l’ensemble du territoire, que ce soit par la force ou par la ruse.
Commencer cette grande campagne réclame d’abord de choisir votre clan, ce qui sera loin d’être sans conséquence. Chaque faction possède des avantages, comme une spécialisation ou un privilège économique, mais également une situation géographique qui pourra être un atout ou une faiblesse. Certains auront l’avantage du terrain, d’autres des facilités diplomatiques, et ce choix servira donc de mètre étalon à la difficulté de la partie. On imagine bien que l’on pourra recommencer une partie depuis le début en changeant sa faction de départ et ainsi bénéficier d’une toute nouvelle donne, de quoi conférer au jeu quelques points de rejouabilité bienvenus.


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Vous voici donc aux commandes de votre territoire, et il s’agit bien d’un euphémisme. Lors de la première approche, et pour peu que l’on ait jamais touché à un Total War récent, on est proprement déboussolé par le nombre d’actions qu’il est possible de réaliser dans cette phase au tour par tour. Pour rester simple, il faudra développer et entretenir une armée, gérer la population, calmer les ardeurs des voisins, et garder un œil sur sa propre hiérarchie. On se retrouve face à d’innombrables dilemmes, comme augmenter les impôts pour consolider son armée au risque de provoquer une révolte des habitants. Les possibilités sont plurielles, immenses, et réclament bien souvent un peu plus de subtilité qu’une bête attaque armée. Et si l’on accepte sans condition le premier traité de paix qui se présente, avec l’expérience nous serons tenté de réclamer l’addition d’un solide tribut quitte à froisser les susceptibilités.
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Nous ne sommes pas là pour faire la paix mais bien la guerre, nom d’un samouraï, mais la bataille peut revêtir de très nombreux aspects.
Il y aura également deux autres fonctionnalités à bien considérer. Le premier lieu, assez classique, représente l’arbre technologique de votre clan, scindé en deux troncs bien distincts. L’un servira à la guerre, l’autre à la diplomatie. Il est donc primordial de bien choisir sa stratégie d’approche en amont pour ne pas trop se disperser dans l’arbre technologique, surtout que chaque palier est plutôt long à obtenir. Et en deuxième lieu, il faudra donc tenir à l’œil sa propre lignée, ce qui inclut votre descendance et vos généraux. Loin d’être un simple atour, l’arbre généalogique apporte un surplus de stratégie diplomatique, puisque chaque homme de la famille et chaque général possède un niveau de loyauté envers vous, qui pourra mener à une trahison pur et simple. A vous de dispenser des responsabilités, arranger des mariages, et maintenir la cohésion de votre groupe.
Lorsque deux troupes ennemies se rencontrent, il y a bataille. Vous pouvez passer toute votre partie à laisser l’ordinateur décider mathématiquement de la résolution de chaque conflit, surtout quand la victoire semble acquise d’avance. Mais lorsque le report de force semble équilibrée ou légèrement à votre désavantage, il est plus judicieux de fouler le champ de bataille.

Et maintenant, entrons dans la partie « micro » du jeu.
La formule utilisée ici semble similaire à nombre de softs du même type, mais elle s’avère efficace et suffisamment bien mécanisée pour se démarquer.
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Grosso modo, on retrouve les grands principes de la stratégie dissimulés sous des noms d’allure asiatique. Ainsi, il faudra prendre garde à laisser ses archers à distance tout en faisant attention à leur stock de flèches, opposer les lanciers à la cavalerie adverses, utiliser ses propres chevaux pour mettre en place de sanglants raids, et user à bon escient des capacités spéciales de chacune de ses troupes. Un grand didacticiel, assez long, permet de se familiariser avec tout ça et de véritablement juger de l’efficacité de tel ou tel concept, parfois dans l’échec.
Là où il faudra montrer un évident sens stratégique, ce sera évidemment pendant les missions de siège, où votre armée pourra tout à fait s’écraser mortellement sur les murailles de votre opposant.
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Il faudra repérer les points les plus sensibles des forteresses, détourner les forces de l’adversaire, parfois user d’un peu de camouflage pour escalader les murailles, s’introduire chez l’ennemi, ouvrir en grand les portes, et capturer le bastion principal. Loin d’être faciles, ces phases de conquête ne sont pas à négliger et doivent faire l’objet d’une attention toute particulière qui augmente un peu en bouche la saveur de ce Total War, surtout que l’intelligence artificielle est loin d’être idiote.
La problématique avec les STR qui se veulent un peu réaliste, c’est qu’ils prennent généralement en compte le moral des troupes. Il n’y a pas à se leurrer, si un soldat voit son escouade être sévèrement décimée, il va réfléchir à la possibilité de s’en sortir et éventuellement prendre ses jambes à son cou – encore d’avantage s’il s’agit d’un paysan non formé aux arts de la guerre. Recruter ce genre de soldats peut avoir un effet positif sur votre supériorité numérique, mais peut également avoir un effet très négatif sur le terrain, les petits gars étant assez impressionnables et dotés d’un inévitable sens de la conservation. D’une manière plus générale, le moral des troupes est un point à surveiller drastiquement et à entretenir, pourquoi pas en adjoignant un général.


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L’atout final sera évidemment la charte graphique du software, parfaitement en phase avec son sujet. A travers de nombreux artworks inspirés des tendances de l’époque, le jeu dispense du cours d’histoire et de stratégie avec une simplicité visuelle absolument magnifique. L’ensemble du jeu baigne d’ailleurs dans des atmosphères et sonorités japonaises d’un très bel effet, aussi bien sur la carte du pays que sur le champ de bataille. A hauteur d’homme, il faudra parfois un peu zoomer pour reconnaître ses troupes mais on se fait rapidement au design, surtout que l’interface très bien pensée apporte un support de haute qualité.
Tout cela a évidemment un prix : il faut une configuration solide et puissante. Prévoir un gros cran au dessus de ce qu’annonce la jaquette pour profiter un peu du jeu.

Il y aurait beaucoup à dire sur Total War : Shogun 2, et si peu de place pour le faire, qu’il est difficile d’en dresser un panorama exhaustif. Plus de dix ans d’existence n’ont pas entamé la recette Total War, parvenue aujourd’hui à son paroxysme. Shogun 2 est un des fleurons de la stratégie brute, d’une richesse et d’une précision incomparable aussi bien sur le champ de bataille que sur la carte du monde. Comme tout jeu de ce genre, un surplus de motivation est nécessaire pour avoir d’envie de fouiner et subir une courbe d’expérience assez pentue, le qualifiant d’élitiste. Mais la qualité de l’interface et le nombre de conseils prodigués en jeu constituent une véritable incitation à persévérer.