Yakuza 3 - Test
Jeux Vidéo /
Critique
- écrit par Mandark, le 05/05/2010
(Tags : yakuza jeux remastered xbox collection test playstation
Troisième volet des aventures de Kazuma Kiryû et premier de la série à débouler sur PS3, Yakuza 3 séduit autant qu'il déçoit. Un titre à réserver aux amateurs de tatouages dans le dos.
Kazuma Kiryû en a assez vu et sa décision est prise :
pour lui le quartier tokyoïte de Kamurocho et le monde du crime organisé, c’est
terminé ! Sa principale ambition ce sera dorénavant de s’occuper d’un
orphelinat à Okinawa et de venir en aide aux enfants qui, comme lui, sont sans
famille. Une tâche dont il s’acquitte avec une force de cœur et un sens de la
justice qui forcent le respect. Oh bien sûr, ce n’est pas toujours facile de
raccrocher les gants quand on est toujours une légende du milieu et il a parfois
maille à partir avec les voyous locaux, mais l’un dans l’autre
Un vrai papa poule!tout va pour le
mieux dans le meilleur des mondes. Hélas, on ne fuit pas si facilement son passé,
et une sombre histoire politico-maffieuse de projet de construction immobilière
impliquant certains de ses anciens alliés et visant à transformer le littoral
d’Okinawa en resort touristique, et donc menacer la tranquillité de son
orphelinat, vont forcer Kiryû à retourner jouer des poings à Tokyo.
Yakuza 3 fait logiquement dans la continuité chronologique des deux épisodes précédents (et que ceux qui voudraient tenter l’aventure sans avoir pu jouer à ces derniers se rassurent, le jeu propose dans les menus un récapitulatif vidéo de l’histoire depuis le premier Yakuza). Le hic c’est que le titre joue aussi la carte de la continuité directe de la formule qui a fait le succès de la série sur PS2, et que même avec un habillage next gen on ne peut s’empêcher de faire la grimace devant un moteur graphique et un système de jeu qui commencent à faire long feu, maintenant que l’on est passé à la vitesse supérieure technologiquement parlant.
Les affaires reprennentPour ceux qui ne connaitraient pas la saga Yakuza, il s’agit
de jeux basés sur un concept « open world » situé à mi-chemin entre
GTA et Shenmue. Yakuza emprunte en effet au premier son côté scenario de film
de gangsters ainsi que son système de missions principales et annexes
répétables à l’infini tant qu’on n’en est pas venu à bout, et au second son
moteur graphique, la description réaliste de quartiers japonais et
un système de combat basé sur des enchainements inspirés de jeux de tape (pour
info on doit la série Shenmue à Suzuki Yu, créateur d’une autre illustre série :
celle des Virtua Fighter). Car oui, malgré tout le décorum et le background
fouillé des personnages de l’histoire, Yakuza 3, au même titre que ses ainés,
reste avant tout un beat them up déguisé. Comprenez par là que les ¾ des phases
jouables du jeu vous demanderont de fracasser du vilain, que ce soit les
petites frappes, qui ont un sérieux problème soit avec la couleur de votre
chemise soit avec la façon dont vous les avez regardés, ou les cadors de la
pègre qu’il faudra savater sauvagement pour faire avancer l’intrigue. Et malheureusement
ces phases laissent en 2010 un petit arrière goût doux-amer. Car même si c’est toujours
un vrai
Un vrai festival de gueulesplaisir de pouvoir, comme avant, enfiler les combos de bourres-pifs violents
et expérimenter au fur et à mesure du jeu les nouveaux coups appris avec
l’expérience, l’ensemble s’avère maintenant d’une raideur horripilante et donne
le sentiment que le passage à la génération supérieure n’est ici synonyme que
de lissage de textures. Si il y a peu à redire en ce qui concerne les
cinématiques réalisées avec le moteur du jeu (les visages des
protagonistes sont criants de vérité, avec mention spéciale au rendu des
regards, qui par moments a vraiment de quoi filer des cauchemars à David Cage.
A vrai dire il n’y a que les coupes de veuch qui pêchent, avec leur aspect
« coiffe de Playmobil ») et la mise en scène est plus qu’inspirée.
Manque de bol une fois les cut-scenes terminées et le contrôle rendu au joueur
c’est une autre histoire. Kiryû se déplace comme un automate, ne peut toujours
pas enjamber un malheureux muret de 30 cm et doit esquiver des PNJ à
l’animation plus ou moins (et plus moins que plus d’ailleurs) soignée. Pareil pour
ce qui touche à l’aspect « open world » du soft. Une fois encore des
murs invisibles limitent cruellement la progression au sein d’un décor qui tire
toute sa richesse de la promesse de longues heures de déambulations, et dont on
a à l’arrivé fait le tour en moins de 20 mn. Frustrant, tout comme cette
première partie de jeu qui a vraiment tendance à n’en plus finir et où il faut
passer son temps à courir derrière les mômes de l’orphelinat pour résoudre des
conflits de cour d’école, alors que pendant ce temps-là ça chauffe à
Tokyo ! Mais le plus dur à digérer reste indubitablement le rythme de
déroulement du jeu, mettant en place un permanent décalage entre l’urgence des
situations à gérer pour rester dans le fil de l’histoire principale et toutes
les actions annexes qui ont une fâcheuse tendance à ralentir
Super Ouch!cette dernière.
Cette dichotomie malheureuse, acceptable dans le principe, rate un peu le coche
pour ce qui est d’immerger le joueur au cœur de l’intrigue et du coup on doit
choisir entre suivre le fil principal pour rester sous pression et lâcher du
lest pour bénéficier de tout ce que le titre a à offrir en parallèle, quitte à
se sentir complètement déconnecté du scénario.
Alors bien sûr il y a quand même largement de quoi s’amuser
dans Yakuza 3. Entre aider les braves gens du cru à régler leurs problèmes,
la quête des innombrables clés de cadenas de consignes remplies de bonus et les
nombreuses distractions qu’offrent les endroits « funs » pour décompresser,
comme le billard, les fléchettes, les jeux de hasard, les spectacles de pole-dancing, le bowling,
le golf ou bien même le privilège de siroter un excellent 25 ans d’âge au bar
du coin (un bonheur encore trop rare dans les jeux), il y a amplement de quoi
faire pour tuer le temps et se laisser gagner par l’ambiance de Kamurocho et
Okinawa. Mais avec un système de jeu qui n’a pas évolué d’un iota depuis 2006 et
un moteur graphique qui n’aura subit qu’une refonte de rendu de textures, il
est clair que Yakuza 3 ne plaira avant tout qu’aux aficionados des 2 opus
précédents et aux amateurs de films de pègre japonaise (ajoutons à cela que le
titre n’est jouable qu’en version originale sous-titrée en anglais pour finir
d’expliquer qu’il est définitivement et avant tout à réserver à un public
friand du genre). Mais à sa décharge le jeu se permet tout de même de mettre en
scène un des personnages les plus classe et impressionnant du monde du jeu,
j’ai nommé Kazuma Kiryû ! Et pour lui faire face il y a une belle
brochette de
Même de dos, Kiryû a la classe!gueules (aux magnifiques tatouages) qui raviront les amateurs de
films de genre et que l’on prendra plaisir à tanner tellement le soft réussit
toujours à exacerber le côté « now it’s personal ! » des
affrontements. Et même si ils demeurent inextricablement clos, les
environnements de Yakuza 3 toucheront droit au cœur tous les amateurs du pays
du soleil levant (ne serait-ce que pour la plage située devant l’orphelinat, à
Okinawa).
Yakuza 3 n’est donc pas un mauvais jeu, loin s’en faut, mais il est destiné avant tout à un public conquis d’avance par son contexte et qui ne chipotera pas devant l’évident retard technologique affiché par le moteur et les mécanismes du jeu.