7/10Chrono Cross - Test Switch

/ Critique - écrit par Hugo Ruher, le 22/04/2022
Notre verdict : 7/10 - Serge est pantois (Fiche technique)

Tags : chrono cross dreamers radical edition remaster test

Chrono Cross, la légende du RPG Japonais des années 1990, fait son grand retour sur Switch dans une version "remasterisée". Devenu culte lors de sa sortie, que reste-il de cet opus méconnu de nombreux joueurs européens.

Pour qui s'intéresse aux JRPG, il est assez rapide de recroiser des noms connus entre les personnes ayant travaillé sur les Final Fantay, les Dragon Quest, les Mana ou autres joyeusetés. C'est ainsi que le nom d'Hirochimi Tanaka repasse assez régulièrement. Game designer sur les trois premiers Final Fantasy, il fait ses débuts de producteurs avec Secret of Mana, puis Xenogears. Et c'est en 1999 qu'il s'attelle à Chrono Cross, une suite plus ou moins lointaine de Chrono Trigger sorti quatre ans plus tôt.

Chrono Cross voit le jour au Japon un an avant de sortir aux Etats-Unis mais n'arrive jamais chez nous, et ce malgré ses 1,5 millions d'exemplaires vendus, rien que ça. Il faut dire qu'à l'époque, seuls les Final Fantasy collectaient autre chose qu'un succès d'estime, et les producteurs ont dû penser qu'il ne valait pas la peine de sortir un titre aussi complexe à traduire pour une poignée de nerds.


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Cela dit, la réputation du jeu a perduré pendant des années, et si les joueurs européens sont nombreux à l'avoir découvert via l'émulation, ils ont maintenant une jolie version en bonne et due forme avec un remaster enfin sur consoles.

Passons rapidement sur cette partie "remaster" car il n'y a pas grand chose à en dire. Les graphismes sont à peine plus beaux, les musiques sont les mêmes, et il y a même quelques baisses de framerate un peu gênantes quand on a affaire à un jeu sorti à la base sur Playstation.

Seules nouveautés dignes d'être mentionnées : la traduction française impeccable, et la possibilité de "tricher" en désactivant les rencontres aléatoires et en rendant nos personnages invincibles, pour celles et ceux qui voudraient se concentrer uniquement sur l'histoire.

Car oui, la grande force de Chrono Cross à l'époque, c'était bien son scénario. Vous contrôlez un jeune homme, Serge, qui un beau jour, s'évanouit sur une plage. Jusque là, tout va bien, sauf qu'à son réveil il se retrouve dans un monde quasi identique au sien mais avec quelques différences. La principale étant qu'il est mort depuis dix ans et que personne ne le connaît. Bien embêté, Serge cherche à savoir ce qui se passe et découvre rapidement qu'il peut se promener entre les deux dimensions. Je ne vous en dis pas plus, d'une part parce que le scénario est assez foisonnant et difficile à résumer… Et d'autre part parce que j'ai la flemme ! Déjà, je pourrais vous dire que Serge cherche un allié pour rentrer dans un palais empli de secret. Mais selon vos choix, votre camarade ne sera pas le même. Je pourrais aussi vous dire que Serge va retourner dans sa dimension trouver un élixir disparu dans l'autre pour sauver son amie mourante… Mais vous pouvez aussi bien la laisser mourir !


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Le joueur ou la joueuse est sans cesse confrontée à des choix assez conséquents pour la suite de l'aventure. Vous pouvez faire le jeu une demi-douzaine de fois sans avoir le même scénario car les embranchements possibles sont nombreux. Et sachant que pour arriver au bout ne serait-ce qu'une fois, il faut compter au bas mot 40 heures, bonne chance !

Si vous accrochez au scénario plein de rebondissements inattendus, tant mieux. Et c'est vrai qu'il y a de quoi faire. Le point négatif serait les personnages jouables. Ils sont plus de 40 ! Certains ne feront que passer, la plupart ne sont qu'optionnels… Et fatalement ils sont bien moins développés que les héros d'un JRPG classique avec lesquels on passe des dizaines d'heures. Certains comme Kid sortent du lot mais ils restent globalement stéréotypés avec des tics de langage assez rapidement identifiables qui ne suffisent pas à leur donner une personnalité étoffée.

Cela n'enlève rien à la qualité de l'histoire globale, mais en dehors de Serge, il est difficile de trouver un vrai lien avec un autre personnage.

Côté gameplay, c'est… Compliqué. En combat, vous pouvez effectuer une attaque physique, ou utiliser un élément (souvent une magie pour trouver un équivalent dans d'autres jeux du même type). Pour les attaques physiques, vous avez sept points à dépenser. 1 pour un coup faible mais précis, 3 pour un coup fort peu précis. Sachant qu'à chaque coup réussi, votre taux de chance de réussite augmente. L'idée est donc de commencer avec une petite attaque avant de monter en gamme. Une idée originale mais assez fastidieuse dans la pratique car le système est assez répétitif et frustrant à chaque coup manqué. Au final, on se contente bien souvent de la simple parade 1-2-3 pour provoquer de plus en plus de dégâts.

Le système des éléments est aussi assez bien pensé, il faut avoir donné suffisamment d'attaques physiques pour avoir accès à tous ses éléments, sachant que chacun ne peut être utilisé qu'une fois, et que son efficacité dépend du type d'environnement dans lequel vous vous trouvez (et qui peut changer à chaque tour avec un code couleur identifiable). En combat, c'est assez bien fichu et il est plutôt cool de trouver de bons enchaînements et d'alterner entre attaque physique et élément pour progresser.

Le problème serait plutôt dans l'association des éléments à chaque personnage. Vous choisissez qui aura droit à telle attaque, un peu comme si vous placiez des matérias dans FFVII. Mais d'une part, le menu est assez peu ergonomique, et d'autre part… Il y a 40 personnages ! Alors une fois que vous avez bien équipé Serge, tout est à recommencer à chaque fois qu'un nouveau compagnon vous rejoint pour avoir une équipe équilibrée. Le mieux est d'avoir suffisamment d'éléments pour faire tourner le tout de façon cohérente et bien répartir les sorts de soins et des éléments de plusieurs couleurs, mais tout cela demande une gestion assez intense qui rebutera le joueur moyen.

Mais je râle, je râle… Il faut avouer que Chrono Cross survit plutôt bien au passage du temps. Oui, le gameplay, bien qu'original, est assez énervant à prendre en main, mais le scénario qui se révèle lentement et mêle voyages temporels, voyages dimensionnels et complot politique tient bien la route. L'univers est absolument charmant, la musique signée Yasunori Mitsuda, compositeur pour Xenogears et Chrono Trigger, est excellente et variée. Le potentiel de rejouabilité en fait un objet vraiment à part encore aujourd'hui. Peut-être moins grand public que les autres hits de Square à cette époque, il reste un monument.