Alan Wake - Test
Jeux Vidéo / Critique - écrit par knackimax, le 03/06/2010 (Tags : alan wake xbox test jeux remedy tests
Alan Wake est une de ces sorties que l'opinion publique attend d'un oeil avisé, partagée entre l'impatiente allégresse et l'apparente indifférence. Et pourtant dans chaque commentaire d'internaute, pour chaque discussion dans les cocktails de la société vidéoludique, et ce depuis son annonce appréciée il y a un an au cours de l'E3 2009, on peut lire sur les lèvres une certaine curiosité pour ce titre développé par Remedy (pour Microsoft et en exclusivité). Mais soyons francs, nous n'en sommes plus au premier essai dans le domaine du survival scénarisé, il est donc temps de comprendre ce qui fait la différence avec Alan Wake jeu en main et lumières éteintes ... lumière sur les ficelles de l'angoisse.
Alan est un écrivain de la catégorie des maudits, ceux que l'on retrouve notamment dans les romans de Stephen King. D'ailleurs il ne s'en cache pas, son inspiration est
complètement dédiée à la découverte des livres du maître de l'horreur lorsqu'il était jeune. La peur du noir, le surnaturel qui s'engouffre dans les méandres des esprits fertiles, l'Amérique profonde et ses lieux communs, ses personnages si colorés et sibyllins... Le voila émergeant de sa rêverie à la suite d'un accident de voiture (collision avec un piéton) sur une route de montagne typique alors qu'il allait un poil plus vite que conseillé. Et pourtant pas de trace de sa victime, seule la pénombre baignée de ces lampes puissantes qui bordent la route et éclairent les cimes des pins qui accompagnent son tracé fugace et à peine dessiné dans la nuit. Le cauchemar commence alors.
On aime beaucoup de choses lorsque l'on démarre Alan Wake et que l'on découvre l'univers qu'il nous propose. L'utilisation de la lampe torche dans les phases de cauchemar sublime des graphismes bien maitrisés et des effets de
lumière particulièrement savoureux. De jour, il existe également des ombres et des clartés et il reste très agréable de les découvrir dans ces endroits communs que propose la commune de Bright Falls. Si l'endroit nous fait clairement penser à Twin Peaks par exemple, l'ambiance malsaine qui s'en dégage à l'aide de ces petits artifices qui font tout le talent de la narration renforce un caractère propre à cette histoire. Et pourtant le jeu joue sur les tous les tableaux : une maison sur un lac dont l'eau noire comme la peste renferme quelque oeuvre démoniaque, des flopées de corbeaux malveillants, un diner désert qui danse mélancoliquement au son d'un juke box qui joue The lime and the coconut pour deux poivrots et un ranger, une station service au milieu de la forêt, et j'en passe ...Toutefois, malgré cette luminosité maitrisée à cent pour cent, la modélisation des personnages reste un peu déconcertante. Sans être mal faite, elle ne démontre pas l'exceptionnel potentiel que l'on aurait pu imaginer. De plus un certain clipping vient entacher les cinématiques réalisées avec le moteur du jeu. C'est donc un poil dommage quand on prend tant de plaisir à regarder tous ces paysages baignés d'ombres magiques et de mélancolie.
Car au bout du compte l'ambiance fait tout ici et il faut avouer qu'elle est maitrisée. Vous passerez votre temps a alterner les scènes d'action sur un tracé qu'il vous faudra découvrir le long des routes cabossées du terrain accidenté qui vous servira
de bac a sable avec vos amis morts vivants. Parfois vous démarrerez un générateur pour que la lumière soit, cette lumière qui vous protège dans les ténèbres, tandis qu'au bout du chemin vous apercevez une tache blanche sur le sol, probablement un morceau de votre manuscrit. Il faudra alors quitter le sanctuaire et courir jusqu'à cet objectif pour découvrir un nouveau passage vers l'angoisse le long d'une falaise et quelques mots griffonnés qui vous annoncent que vous allez être attaqués plus loin sur le tertre de cette montagne magique ou pleuvent les rayons de génie d'un esprit, votre esprit, qui tourne d'idée dérangée en moment de folle insomnie.
Toutefois, et c'est le bémol que l'on apportera à ce test, les six chapitres qui totalisent une dose d'effroi chiffrable entre dix et quinze heures selon votre immersion dans le monde compliqué de Mr Wake, se parcourent à la fois avec
impatience que le jeu se termine, et selon un périple d'une longueur presque ennuyeuse. Si on veut connaitre la fin de ce mystère et qu'on s'accroche à notre lampe torche et à nos armes, on ne peut s'empêcher de décrocher parfois pendant quelques temps après avoir crapahuté dans la montagne sans croiser la moindre âme qui vive. De plus, certains passages sont un peu longs pour être honnêtes, et même si on adore ce que l'on voit tout autant que ce que l'on suppose exister un peu plus loin sur le chemin, on pourra se lasser dans certaines missions. Heureusement le découpage en épisodes est particulièrement agréable et il sera donc possible d'échapper à son destin au moins autant de fois que le nombre d'épisodes avec à notre retour un petit previously on ... fort bienvenu.
Pour résumer, malgré un arsenal un peu léger qui fait aussi le charme du jeu de par son côté lampe torche et pistolet à fusée de détresse, le gameplay reste particulièrement efficace et jouissif, baignant le jeu d'une lumière salvatrice et d'ombres parfaitement dessinées sur notre écran. On apprécie l'attention portée à l'ambiance et le travail d'écriture réalisé pour donner au joueur une immersion particulièrement réussie. On apprécie également cette impression d'assister à une série très bien réalisée malgré le sentiment d'impuissance que ces moments d'oisiveté nous font contempler. Alan Wake n'en est pas moins un très bon jeu et une sacrée réussite.