9/10Borderlands 2 - Test PC

/ Critique - écrit par gyzmo, le 28/09/2012
Notre verdict : 9/10 - Il était une fois, un poney de diamant (Fiche technique)

Tags : borderlands test premier dlc gearbox jeux armes

A sa sortie en 2009, Borderlands avait étonné la presse et le public. Les raisons ? Parmi d'autres : un visuel cel-shading façon BD animée, une ambiance no man's land – pourtant blindée d’autochtones foldingues, des situations souvent débiles et des répliques pas sérieuses pour un kopeck, un mode multijoueurs fendard, des tonnes d'armes à droper... Le tout, au service d'un gameplay fun et intuitif, mélange habile de FPS et de Hack'n slash. Quatre extensions de belle facture et quelques années de développement plus tard, Gearbox Software et son éditeur 2K Games relancent cette redoutable little boy à atomiser la concurrence : Borderlands 2, le retour de la mort qui fauche tout ce qui bouge !

Borderlands 2 - Test PC
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No suspense, fidèles lecteurs : comme la note du présent article le laisse supposer, ce nouvel opus est en (presque) tout point supérieur à celui dont il reprend la plupart des ficelles. Ce qui explique pourquoi chez Krinein, nous aurions bien eu du mal à le sous-évaluer vis-à-vis de notre test de Borderlands. Ceux qui attendaient donc notre ultime verdict pour se décider (hum) et qui n'avaient pas l'intention de se taper un argumentaire long comme le tentacule d'un poulpe géant (hum²) peuvent dès à présent fermer cette page et courir chez leur revendeur préféré pour se payer une bonne dose de bonheur. Les autres, dames et sieurs tatillons ou fin limiers d'explications, voici notre argumentaire maison pour tenter de vous convaincre.

Borderlands, bien qu'ayant rencontré un succès intergalactique vers l'infini et au-delà, n'était pas exempt d'imperfections. Par exemple, challenge et jeu n'y ont jamais fait bon ménage. Les durs à cuire pouvaient donc s'ennuyer assez rapidement, et lâcher prise. Déserter l'aventure avant le générique de fin n'était à ce propos pas une hérésie, vu la vacuité de son background (des mecs à la recherche d'un supra-trésor : waouh !) et le manque de peps des quêtes annexes typées MMORPG : monster bashing, farm, fedex et autres termes du genre derrière lesquels se cachent diverses joyeusetés abrutissantes. D'autre part, se balader dans ce vaste univers n'était pas toujours synonyme de dépaysement, la faute à des décors semblables et dans lesquels nombreux aller-retour et balades véhiculées laborieuses se télescopaient en permanence. Bref. Pour certains, Borderlands rimait bien mieux avec répétition qu'avec atypique. Sur du long terme, du moins. Mais ça, c'était avant. Car les critiques qui ont fusé à propos de leur bébé, les développeurs Gearbox Software semblent les avoir entendues, digérées, puis comprises. En tout cas, telle est la conclusion qui ressort lorsqu'on regarde leur nouvelle mouture et son lot d'améliorations d'un peu plus près.

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Premier ajustement qui ravira les stratèges : parcourir Borderlands 2 les doigts dans le nez, oubliez ! La difficulté a été effectivement revue à la hausse. Le fait n'est pas simplement dû à la présence de « sacs à PV », mais plutôt à une intelligence artificielle qui gagne en nouveautés (bestiaire étoffé), et surtout en neurones. Les groupes d'ennemis que vous allez croiser communiquent entre eux, se planquent derrière des éléments de décor, balancent des grenades ou des éléments du décor pile poil au moment où vous visez, se replient en cas de soucis. Restent bien entendu des vagues de kamikazes bas du plafond qui foncent droit sur un tir nourri. Mais dans l'ensemble, les affrontements sont dynamiques et orchestrés. La localisation de dégâts est toujours présente. Et même si certains points faibles de l’adversaire sont une évidence, on entre dans la danse l'esprit affûté de vigilance et non plus papillonnant comme il était souvent le cas dans les arènes du premier Borderlands. Concernant l'un des attraits de la franchise, à savoir : le loot à profusion basé sur de l'aléatoire, les développeurs ont eu la main supra lourde. Entre les grenades, boucliers, mods, reliques extra-terrestres et armes d'origines diverses, les collectionneurs d'items en tout genre auront deux fois plus de choix pour trouver l'équipement adapté à leur style de jeu. De nouvelles features (armes jetables, boost de capacité des armes, mods d'apparence des avatars et véhicules) décuplent également le potentiel de base, avec pour seule restriction de ne plus accorder aux joueurs de Borderlands 2 d'amasser trop facilement – et en début de partie, du matériel légendaire hyper cheaté.

Le soldat Roland, la sirène Lilith, le chasseur Mordecaï et le berserker Brick s'effacent au profit du défourailleur Salvador (le seul à pouvoir momentanément prendre en main deux armes), à la sirène Maya (et sa compétence de gel du temps), au commando Axton (et sa tourelle), et à l'assassin Zer0 (et son double holographique). Avec leurs compétences respectives et complémentaires en mode multijoueurs, ces quatre avatars – bientôt cinq en comptant le prochain DLC, n'ont pas à rougir de leurs congénères. Ils offrent chacun une manière bien personnelle d'aborder les combats dans Borderlands 2. L'idée de recommencer l'aventure pour tester de nouvelles facultés (revues à la hausse) germera assez vite dans la tête de nombreux joueurs. Principalement du côté de ceux qui feront le jeu à plusieurs. Que l'on se spécialise dans une des trois branches de leurs arbres de compétences, ou que l'on choisisse la voix de la polyvalence (à vos risques et périls), se dégage un éventail d'alternatives et quelques dilemmes appréciables.

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Côté toile de fond et histoires - principale ou en marge, les scénaristes ont également entendu les reproches et décidé d'injecter du mordant. Oh, pas de quoi se péter la mâchoire, que les détracteurs se rassurent. Une fois encore, il est question de Pandora, du « trésor » de l'Arche, de chasseurs et de fous-furieux. Cependant, l'ensemble se matérialise autour d'un super-vilain tyrannique à combattre, le Beau Jack (big boss de la société Hypérion). Évidemment, cette corde narratologique des plus usées ne figure pas le seul effort engagé dans la construction de Borderlands 2. En plus de son lot de petits rebondissements et de suspense susceptibles de tenir en éveil n'importe quelle cervelle, Gearbox Software, en mettant au cœur de l'intrigue les personnages jouables du premier épisode (remplacés par de nouveaux, nous y reviendrons), parvient à susciter un intérêt salutaire quant au devenir d'un Pandora que les joueurs avaient précédemment laissé dans un drôle d'état. L'humour, noir ou de mauvais goût (selon la couleur de chacun), fait d'ailleurs un retour en force. Et ce, pour le plus grand plaisir des oreilles en béton-armé qui pourront supporter d'un bout à l'autre d'une aventure de longue haleine (un quarantaine d'heures) l'avalanche de vannes arriérées, de vulgarité et de gros mots qui attend au tournant. Cet accent primordial de la série libère toute sa folie dans les quêtes secondaires, charpentées de façon un chouïa plus originales. Bon. Ok. La complexité narratologique ne fait toujours pas partie des objectifs d'un Borderlands. Mais l'attention est visible, en plus d'être louable.

S'il fallait estimer l'envergure et le level design de Borderlands 2 par rapport à son prédécesseur, un expert en kilomètre carré et paysagiste de formation tiendrait à peu près ce langage : plus grand, plus labyrinthique, plus coloré, plus varié. Ce bougre,  avare en exemples précis, n'aurait pas tort. Les étendues désertiques et redondantes qui servaient de carte postale à Pandora première génération passent aujourd'hui en second plan pour laisser la part belle à des décors dissemblables en terme d'ambiance (complexe industriel, bâtiments délabrés, banquise, grottes) et aux identités graphiques uniques, qui vont marquer les esprits. Cela dit, la nouveauté à la chaîne a ses limites et les donneurs de missions annexes n'hésiteront pas à vous demander de revisiter certains décors. A première vue, cette rebelote aurait pu être synonyme d'ennui à l'horizon. Or, les développeurs ont eu la bonne idée d'y déclencher des événements inédits (il n'est pas rare de tomber sur une quête additionnelle), et d'ouvrir des pans entiers de la carte qui ne figuraient alors pas lors du premier passage. Cerise sur le gâteau, et histoire de limiter le trop plein d'aller-retour, des téléporteurs ont été parsemés aux quatre coins de ces immenses territoires pour faciliter les déplacements. Étant donné que ces téléporteurs ne sont pas toujours bien placés (en début de zone), les pertes de temps seront toujours d'actualité, mais moins présentes tout de même que dans Borderlands.

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Enfin, les amateurs de trophées seront ravis d'apprendre que le jeu intègre une ribambelle de succès dits Badass - traduit en « Brutasse » dans la version FR. Ces défis comptabilisent toutes vos actions ingame. Ils sont échelonnés sur plusieurs niveaux et font gagner des jetons à dépenser pour débloquer divers bonus. Et ce, pour l'ensemble des personnages créés et à venir de votre compte. Un ajout plutôt sympathique, permettant de gonfler la durée de vie, de compenser l'absence d'un trop grand nombre de quêtes Fedex et d'enrichir les parties haut niveau.

Les pcistes s'en souviennent sûrement : leur version Borderlands n'était pas très généreuse en matière d'optimisations. Beaucoup de bécanes ont perdu un poumon en tentant de lancer cet opus. Conscients de cette carence, les développeurs ont (enfin) intégré une foule d'options pour paramétrer le nouvel épisode. Distance d'affichage, qualité des textures, importance des détails, etc : les joueurs pourront désormais adapter le soft à la puissance de leur machine. Les configurations les plus modestes auront ainsi le loisir de profiter du jeu. Les possesseurs de machine de guerre s'en mettront quant à eux plein les mirettes. En réglant au maximum les options telles que la complexité du Nvidia PhysX – outils gérant la gestion des tissus, des impacts de balle ou des particules d'un élément 3D, le jeu se montre en effet convaincant, en plus de proposer des environnements visuellement splendides. Sans être à la pointe de la démonstration technique (pas de directx 10/11, par exemple), Borderlands 2 caresse à de nombreuses reprises la rétine.

En contrepartie, le titre traîne la patte sur plusieurs aspects (bugs de collision), dont deux sans aucun doute symptomatiques d'un développement multiplate-formes. A l'instar du précédent épisode, le jeu tarde à afficher les textures, ce qui ne manquera jamais de gêner. Cet inconfort visuel est secondé par un souci d’ergonomie de l'inventaire. La faute à son menu déroulant et ses options bordéliques pas faciles à adopter avec le combo clavier/souris. L'interface allouée à la gestion de l'équipement, certes graphiquement stylé, entrave ainsi le plaisir que le joueur PC aura à passer des heures durant dans cet espace primordial pour comparer ses nombreuses trouvailles. Une malheureuse régression – sans doute la seule, par rapport à Borderlands.

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Borderlands 2, tout en conservant les atouts du premier épisode, est parvenu à raboter la plupart des défauts. Un bon point pour Gearbox Software qui choisit astucieusement d'être à l'écoute de sa communauté. En rajoutant quelques éléments (de customisation, en l’occurrence), le studio ne s'endort toutefois pas sur ses lauriers. Et même si le gameplay d'origine ne bouge pas tant que cela, à l'arrivée, le jeu gagne en équilibre, en intérêt et en nervosité. Une suite pêchue, décalée et sans complexes qui n'oublie pas de fignoler son rendu graphique et nous donner à voir de bien beaux tableaux. Et puis, des doublages français inspirés, aux bruitages percutants des armes, sans oublier les partitions musicales parfaitement raccord vis-à-vis des situations rencontrées, comment résister à cette excellente bande-son ? Non. Vraiment. Borderlands 2, dans son genre, ça claque dans tous les sens.