Dark Souls - Test
Jeux Vidéo / Critique - écrit par Mandark, le 07/11/2011 (Tags : souls dark remastered test xbox video switch
Un truc marrant quand on se déplace sur des forums pour aborder la question de Dark Souls, c'est que l'on a à faire à deux catégories aux points de vues très tranchés.
D'un côté on a une espèce de caste élitiste qui brandit fièrement le jeu, tel un étendard, comme ultime représentant de la race du « vrai jeu vidéo, aujourd'hui que les éditeurs ils font rien qu'à nous faire des jeux où t'as même plus à prendre ta manette tellement c'est mâché », et dont les membres se gonflent tellement de se voir comme les chantres du jeu « à l'ancienne » (comprenez terriblement difficile, voire infinissable) qu'ils crachent dédaigneusement leur mépris à la face du joueur moyen - qui sous-entendu ne mérite pas sa place au sein de la confrérie très fermée des « gamers » (où il est bien connu qu'il faut au moins avoir sa carte de membre officielle, bande de p'tits joueurs).
Et de l'autre côté on trouve au contraire tout ceux qui crient au foutage de gueule, prétextant que Demon's Soul et sa suite - qui nous concerne aujourd'hui - sont des softs qui abusent malhonnêtement d'une difficulté excessive pour gonfler une durée de vie qui serait sans ça à la limite du famélique.
Premier boss, premier changement de slip !La vérité, à mon humble avis, est que ces disputes de clochers n'ont pas lieu d'être, parce que comme à l'école des fans, tout le monde a gagné, tout dépend de la façon dont vous allez aborder Dark Souls.
Car oui, tout comme Demon's Souls, cette suite est incroyablement difficile, d'une façon que nous n'avons effectivement plus vraiment l'habitude de voir. Et tout ce que vous avez entendu dire à son sujet est vrai : vous allez mourir quarante-douze fois avant de passer un boss, vous allez prendre cher même contre les ennemis de base, vous pleurerez de bonheur en accédant à un point de sauvegarde...
Mais le truc, en fait, c'est que si c'est effectivement un titre propre à graver un sourire béat sur la face d'un vrai hardcore gamer of the dead, Dark Souls n'est pas forcément cet Everest de sadisme qui fait qu'il faille tailler un détour de 10 mètres en apercevant sa jaquette sur l'étal d'un revendeur, comme si le boitier allait vous sauter sauvagement à la gorge. Je m'explique : si Dark Souls est aussi difficile (donc jouissif ou frustrant selon le côté de la barrière où vous vous trouvez), c'est parce qu'il nécessite d'y aller doucement et de bien observer son environnement. Pour faire simple, ruez dans les brancards et vous êtes foutu. Comme les méchants de base font déjà très mal, que les boss (magnifiques et effrayants) sont véritablement des tueurs en série - qui en plus n'hésitent pas à vous pourchasser - suffisamment balèzes pour vous envoyer ad-patrès en deux chiquenaudes, et que tout le poids de l'équipement que vous portez influe sur votre rapidité de déplacement et votre agilité, il n'y a pas de secrets : la clef de la victoire consiste à bien repérer le pattern d'attaque des adversaires et tirer partie au mieux des décors, ce qui veut dire i.e qu'il y a effectivement de grandes chances de commencer cette phase d'observation par de grosses bonnes baffes dans le nez, au point de revenir de nombreuses fois continuer l'étude du bestiaire maléfique sous un déluge de coups mortels avant de pouvoir commencer à tirer avantage de chaque situation. En cela, effectivement, Dark Souls fonctionne avec une formule que l'on a plus vraiment l'habitude de voir appliquée de nos jours (mais ne comptez pas non plus sur moi pour vous chanter que « c'était mieux avant » ; c'est le style de gameplay des Souls, point-barre, et soit on se sent la patience d'y investir le temps nécessaire, soit non, tout est question d'affinité, et non pas de je ne sais quel mérite à avoir été tatoué au fer rouge au point de prétendre que tout ce qui existe à côté n'est que de la crotte de bique desséchée et que ceux qui y jouent ne sont que des cafards à peine dignes d'un regard en coin - excusez la digression, mais j'ai jamais pu blairer les élitistes qui se regardent le nombril en solitaire à tout bout de champ...), celle où il faut accepter d'apprendre par l'échec encore et encore avant de triompher (et tu m'étonnes que là c'est gratifiant !).
L'ambiance est impressionnante.Maintenant il faut aussi adhérer à l'ambiance particulière de Dark Souls. Sans être vilain le jeu ne compte tout de même pas parmi ce qui se fait de plus léché sur consoles next-gen, mais son level-design et son atmosphère Dark Fantasy dépressive et morbide enlèvent rapidement le morceau, donnant corps à un univers unique et cruel qui prend aux tripes, d'autant plus que l'utilisation faite de la bande-son, majoritairement composée de silences et de bruits lugubres ou peu rassurants - la musique intervenant principalement dans les combats contre les patrons (effet garanti tant ça se met tout d'un coup à péter), renforce une impression de solitude et de danger constants au sein des donjons, forêts et autres cimetières qui constituent le terrain de jeu de Dark Souls. Des environnements plutôt vastes et ouverts qui regorgent bien sûr de dangers et de pièges synonymes d'arrêt de mort si l'on n'est pas constamment sur ses gardes. Heureusement il y a moyen d'upgrader son personnage (que l'on choisit parmi l'un ou l'autre sexe et dix classes : guerrier, chevalier, voleur, aventurier, chasseur, bandit, pyromancien, clerc, sorcier ou mendiant – tous avec des stats de compétences différentes bien entendu ; le guerrier sera plus lent mais plus costaud, le pyromancien plus efficace à distance mais frêle comme une brindille, le mendiant à poil mais très rapide en plus d'avoir des stats plus importantes et toutes équilibrées) avec les points d'âmes récupérés après avoir défait les ennemis croisés. Bon, il faut en récolter pas mal
Le mendiant. Son slip est déjà marron...pour faire monter ses compétences (et elles sont nombreuses), mais encore une fois Dark Souls ne se rushe pas (du moins pas au premier run, ça c'est sûr). Et pour booster ses capacités il faudra se trouver près d'un bûcher. Ahhh, le bûcher...l'oasis dans le désert, la récompense du voyageur harassé...
Car dans Dark Souls le bûcher est le seul havre de paix, l'endroit qui sert en même temps de point de sauvegarde (bien que le jeu en fasse une automatique, de sauvegarde, chaque fois que vous battez un streum ou que vous récupérez un objet ou arme de valeur, mais en cas de défaite vous ne reprendrez jamais la partie à ce dernier checkpoint) où remplir sa barre de vie et ses fioles d'Hestus (« l'herbe verte » de Dark Souls), de point de respawn (auquel cas tous les ennemis affrontés dans les environs - sauf les boss of course - réapparaitront également à leurs emplacements d'origine) et de point d'upgrade. Une lueur dans la nuit que l'on est donc plus qu'heureux de trouver, d'autant plus qu'ils ne sont pas légion, les bûchers. Le seul hic, c'est que si vous vous êtes fait poutrer à un moment donné, il va falloir retrouver votre dépouille pour remettre la main sur tous vos points d'âmes (encore un facteur de stress).
Habituez-vous à voir cet écran souvent...On trouve aussi dans le jeu des artefacts dits d' « Humanité », ainsi nommés car il faut savoir que le personnage que l'on incarne est en fait un mort-vivant (pas encore totalement décédé, mais quand même salement défraichit), et que ces points vont lui permettre plus tard de revenir - pour un temps du moins - dans le monde des vivants, ce qui donne la possibilité (une fois un certain item en votre possession) de convoquer un autre joueur online à vous assister dans votre quête. Et c'est là l'un des systèmes les plus intéressant de la série des Souls : l'interaction avec les autres joueurs de par le monde, interaction qui prend plusieurs formes, car vous pourrez donc inviter une tierce personne à vous assister mais ne pourrez cependant pas communiquer avec elle de vive voix. Toute la progression se fera alors en comptant sur l'intelligence de votre allié en combat et les seuls échanges possibles se feront via un système de taunt des plus basiques. Mais vous pourrez aussi bénéficier ou faire bénéficier d'autres joueurs de conseils sous forme de messages laissés ça et là dans le jeu, pour par exemple indiquer un danger proche, un objet utile à proximité ou, si vous vous êtes un plaisant farceur, lui donner (ou vous faire donner) des indications totalement erronées histoire de le (vous) foutre dedans (« ouais mon pote, prends à droite, tranquille, c'est safe ! »). Plus vicieux, vous pourrez également vous inviter dans la partie d'un pauvre bougre pour juste le massacrer (ce qui est un des moyens de récupérer de l'Humanité). Bien entendu, l'inverse est également possible, donc gare.
Donjon RPG à l'occidentale oblige, on insistera aussi sur l'aspect poussé du soft en ce qui concerne l'équipement, qui est sujet à l'usure et à la casse. Il sera donc indispensable de faire régulièrement un tour chez le forgeron sous peine de devoir dire définitivement adieu à une pièce d'arsenal dont on chérissait la puissance, parce que quand elle est foutue, elle l'est pour de bon !
Oui, il fait mal !Soyons honnêtes, je ne vous aurais fondamentalement rien appris dans ce papier que vous n'ayez déjà lu ailleurs, et je ne peux au final que corroborer que ce qui fait l'intérêt et la force de Dark Souls (et de son grand frère) c'est l'ardeur qu'il demande pour venir à bout du challenge qu'il propose (d'où ce test tardif, et n'allez surtout pas vous imaginer que j'ai terminé le jeu), cette implication totale qui est la condition absolue pour avancer et qui est en même temps sa propre récompense. Ni un jeu pour kékés qui se la racontent comme de pauvres vétérans d'un Vietnam vidéoludique, ni une arnaque d'où on aurait volontairement supprimé les modes easy et normal pour faire genre, mais simplement un bon jeu qui assume son gameplay exigeant et invite tout le monde à la fête (macabre), pour peu que l'on ait envie d'en découdre (bien) plus que de coutume.
Et ça c'est bien !