Edito - Y-a-t-il un héros pour sauver le jeu vidéo ?

/ Article - écrit par gyzmo, le 01/07/2011

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A en croire la dernière édition de l'Electronic Entertainment Expo qui s'est déroulée le mois dernier à Los Angeles, un produit qui rapporte de l'argent a 142% de chance de se voir décliné en franchise redondante plutôt que de rester un one shot stimulant pour l'imagination commune.

Le succès financier peut-il tuer dans l’œuf l'énergie de la créativité ?

Un oiseau mal léché aurait sans nul doute tenu à peu près ce langage : à en croire la dernière édition de l'Electronic Entertainment Expo qui s'est déroulée le mois dernier à Los Angeles, un produit qui rapporte de l'argent a 142% de chance de se voir décliné en franchise redondante plutôt que de rester un one shot stimulant pour l'imagination commune. Si bien qu'à l'allure où va l'industrie du jeu vidéo, d'ici la fin du monde consignée dans le calendrier Maya, les joueurs n'auront peut-être le choix qu'entre un Battlefield of Duty, Massassin's Effect , Elders Scroll of Barre ou Tom Raider : Fœtus Renaissance. Sans oublier la fournée de clones, de spin-off, de reboot, de remake, de préquelle et autre mouton de Panurge en tout genre qui ne manqueront pas de faire dans la redite et surfer sur la mode lucrative du moment.

Sournoisement, cet oiseau de mauvais augure n'aurait d'ailleurs pas manqué de prendre pour exemple implacable les sorties du mois de Juillet. Dixit le bec à plumes : rends-toi compte, cher auditoire, que durant les jours qui déboulent, quatre grosses productions cinématographiques – en plus de nous pourrir l'air climatisé de nos salles obscures – vont être adaptées en galettes vidéoludiques pour nos consoles et pc ? J'en veux pour preuve la seconde partie du dernier épisode de l’increvable Harry Potter ! Que dire ensuite de ces adeptes du collants moulants made in USA que sont Captain America d'un côté, Green Lantern de l'autre ? Même les adorables créatures bleues de Peyo passeront sur le billard – en plus d'avoir été complètement dénaturées par le long métrage. Côté franchise “originale” (notez les guillemets !), ça ne s'annonce pas vraiment mieux : un troisième opus de Call of Juarez avec une dénaturalisation inintéressante du contexte western spaghetti de base, une compilation remastérisée des trois premiers titres de Splinter Cell pour la PS3, un énième épisode peu accrocheur de Resident Evil sur la 3DS. Il n'y a pas à dire : le soleil de plomb des solstices d'été aura eu raison des neurones fondus de certains studios de développement...

Cui-cui, tout est cuit, pourrait continuer des heures le déprimant volatile. Mais ce qu'il oublierait de nous dire est qu'il vaut mieux être torse poils sur une plage d'été que transpirer d'entre les fesses devant un écran d'ordi, de salon ou de ciné ! Gardons en mémoire que la période est loin d'être idéale pour sortir des titres novateurs. Et s'il est vrai que les éditeurs frileux face aux risques préfèrent imposer à leurs développeurs un lit pépère de lauriers, l'avenir nous dira si l'oiseau alarmiste qui nous a servi de fil conducteur avait raison de se la jouer rabat-joie de service. Une chose est cependant certaine : ce n'est pas ce mois-ci qu'un studio saura nous surprendre et dégèlera la planète par moment sclérosée du jeu vidéo.


Batman et Robin (dans la fleur fanée de l'âge vidéoludique ?), par Donald Soffritti - 2006.