Inside - Test PC
Jeux Vidéo / Critique - écrit par Islara, le 10/04/2021 (Tags : inside limbo playdead video test jeux xbox
Vous aimez les jeux de réflexion / plates-formes ? Alors, Inside est pour vous avec une bonne dose d'épouvante en prime.
Quand on commence Inside, il n'est pas déplaisant de découvir qu'on incarne un petit garçon. On pense alors avoir affaire à une petit jeu sympathique, même si la forêt dans laquelle on évolue au départ est un peu glauque et sombre. C'était vite oublier que le studio danois Playdead, créateur de Limbo, ne fait habituellement dans les Bisounours. Je n'avais en plus pas prêté attention au fait que le jeu était classé PEGI 18. Autant vous dire qu'on est vite hapé par une ambiance des plus opressantes et épouvantables. Sang, écrabouillement, contemplation de la mort après une chute vertigineuse, se faire dévorer par des chiens d'attaque pendant plusieurs secondes, avec bruitage inclus, se faire étouffer par des hommes sans scrupules, monde délabré, métallique, industriel et quasiment sans vie, expériences scientifiques dégueulasses sur les humains façon Alien 4, lumière et couleurs quasiment absentes ou très ternes. Rien de véritablement horrible dans les visuels. On est plus dans l'épouvante que l'horreur, mails il faut bien avouer que cela nous laisse un lourd sentiment de malaise.
Etait-il utile de nous laisser contempler les scènes où l'enfant se fait dévorer ? Peut-être.
Notre petit garçon, sans visage, et qui ne prononcera pas une parole de tout le jeu, commence donc dans cette forêt sombre. Il avance en défilement 2D horizontal dans un univers néanmoins en 3D. Rapidement, il rencontre des hommes sans pitié auquel il doit échapper, sans quoi ils le tuent sans le moindre scrupule. Comme dit plus haut, le jeu nous laisse à chaque fois assister à la scène de l'exécution pendant plusieurs secondes. Avec la découverte de ce monde morbide où le garçon évolue et des abominables secrets qu'il cache, on comprend que ce choix n'est pas anodin : tout est fait pour dénoncer une forme d'inhumanité, faite de contrôle mentale, d'exploitation et d'asservissment d'hommes par d'autres hommes, mais aussi de négation de l'individu. De ce point de vue, Inside n'est pas sans nous rappeler Black . The Fall, ce jeu qui dénonçait la morbidité et l'inhumanité de l'enfer communiste. Sauf qu'il s'agit ici d'un monde plus scientifique probablement post-apocalyptique. Et sauf que l'oppression est plus présente par l'aspect épouvante et que c'est un très jeune garçon qui y évolue, ce qui touche d'autant plus notre empathie. Certaines scènes de jeu et de fuite sont d'ailleurs véritablement angoissantes et stressantes.
Des passages aquatiques aussi.
Au-delà de cette ambiance très travaillée et très réussie, aussi bien dans les choix graphiques que du système de jeu, les différents mécanismes de jeu sont quant à eux très innovants, malgré le peu d'actions que peut faire le petit bonhomme et qui se limitent à avancer, sauter et actionner. Il faudra ainsi redoubler d'ingéniosité et de réflexion pour pouvoir progresser dans l'histoire, comme penser à balancer des poussins sur une botte de paille, contrôler de façon très précise des hommes à distance, faire tomber des caisses au bon endroit, entasser des propulseurs, placer le niveau de l'eau au bon endroit, utiliser une gravité inversée et j'en passe. Il faut véritablement plus d'une fois se creuser la cervelle, et si on ne bloque jamais très longtemps, il m'est arrivé deux trois fois de remettre un passage à plus tard. La partie plates-formes n'est de son côté pas très exigente, mais plus d'un passage nécessite de s'y reprendre à cinq ou six fois. De ce point de vue, il faut d'ailleurs privilégier le jeu à la manette plutôt qu'au clavier.
Les développeurs du studio Playdead ont aussi eu la très bonne idée d'ajouter des passages aquatiques très nombreux, ce qui a renforcé l'oppression, surtout quand on évoluait dans un petit sous-marin. Il a aussi fallu repenser les moyens de progresser de A à Z.
Pour les afficionados de réflexion, Inside propose aussi des zones cachées à découvrir pour y désactiver des machines étranges. Ce ne seront pas seulement des bonus à collecter, on le comprend vers la fin en explorant la dernière zone cachée. Et il y aura ainsi une fin aletrnative. C'est d'ailleurs extrêmement dommage car cette fin alternative finit véritablement en queue de poisson et je ne l'ai pour ma part pas du tout comprise. En allant voir les méditations d'autres joueuses et joueurs sur les forum, je me suis aperçue qu'il y avait un sens particulièreemnt profond et sombre dans cette fin, et dans la fin normale aussi, mais Inside a été bien bien trop implicite. On manque un peu de codes pour tout comprendre et de multiples interprétations parfois très différentes sont élaborées, toutes tenant plus ou moins la route. Quoi qu'il en soit, Inside a le mérite d'aborder des thématiques aussi terribles qu'actuelles et aussi de nous cibler, nous, en tant que joueuses et joueurs.
Cependant et malheureusement, comme beaucoup trop de jeux indépendants, Inside est d'une durée de vie assez rachitique. Même pas 5H. Le chapitrage et les zones cachées à trouver ajouteront une heure ou deux, mais cela reste insuffisant pour un titre aussi captivant.
Pour autant, Inside fait partie des titres trop bien pensés et réalisés pour ne pas figurer dans la ludothèque d'un joueur ou d'une joueuse digne de ce nom. On n'est pas loin du petit chef d'oeuvre artistique. Alors, profitez d'une solde sur Epic ou Steam et vous vivrez une expérience ludique particulièrement captivante, dérangeante et un peu angoissante. Et après l'avoir terminé, vous vous plongerez peut-être comme beaucoup d'entre nous dans certaines méditations.
Réflexion largement de mise, surtout avec la gravité inversée de l'eau.
Crédits : quelques astuces
- Pour trouver les zones cachées, il faudra toujours suivre un câble jaune, sauf dans le champs de maïs.
- Il y a donc une zone cachée dans le champ de maïs. Je suis toujours passée à côté et ai fini par aller voir la solution
- Dans la dernière zone cachée, il y a une carte qui vous donne une idée de l'endroit où se trouvent les zones que vous avez manquées (seules y sont allumées celles que vous avez trouvées). Grâce au chapitrage, vous pouvez ainsi y retourner pour les débloquer et ensuite retourner à la dernière zone pour y faire la dernière action qui donner accès à la fin alternative
- Après avoir effectué cette dernière action, un point reste allumé sur la carte, c'est normal, à vous d'en déduire ce qu'il faut ensuite faire.
- Le code final est une suite de notes que vous trouverez dans une des zones cachées. Assez impossible à trouver puis à reconstituer. Bon courage. ^^'