Our World Is Ended - Test Switch
Jeux Vidéo / Critique - écrit par Islara, le 04/05/2019 (Tags : world ended our switch personnages visual nintendo
Il était une fois une petite équipe de développeurs et développeuses de jeux vidéo pris dans le piège d'une de leurs oeuvres. Absorbés dans l'univers de celle-ci, ils n'arrivent plus à en sortir et doivent combattre les monstres qu'ils ont eux-mêmes créés. Une histoire palpitante ? Pas vraiment, et pire encore, obscène à tout bout de champ. NB : jeu uniquement en anglais.
Sorti initialement au Japon en 2017 sur Vita, Our Wolrd Is Ended appartient à la catégorie des visual novels, ces jeux venus du Japon essentiellement textuels, toujours doublés par des acteurs de qualité, dotés de successions d'images fixes, souvent ancrés dans une histoire solide, et proposant des scénarios alternatifs à la suite de nos choix d'actions. Faute de meilleure traduction, on les appelle communément "romans graphiques". Ils se rapprochent de jeux narratifs occidentaux, avec les vidéos en moins. La lacune majeure dans ce type d'oeuvres vidéo-ludiques est leur manque plus ou moins marqué d'actions de jeu, limitées parfois aux simples choix des dialogues. On reconnaît ainsi les meilleures éditions au fait qu'elles se donnent la peine d'ajouter des phases de jeux supplémentaires : énigmes et point'n click dans les majestueux et philosophiques Zero Escape, procès dans les extraordinaires et délirants DanganRonpa.
Convaincue par les diverses éditions dans le genre, le dernier en date étant l'excellent Death Mark, c'est avec intérêt que je me suis lancée dans Our World Is Ended, opportunément édité sur la Switch, car elle est aussi une console portable et c'est plus adapté pour jouer à un visual novel.
Un jeune groupe de développeurs piégés dans l'univers d'un de leur ancien jeu vidéo.
Sans surprise, le jeu se traîne un peu au départ. On y est habitué. On sait que c'est la règle en la matière car il faut planter le décor et les personnages. On s'étonne un peu quand même de la succession récurrente de blagues graveleuses et de l'obsession sexuelle particulièrement caricaturale d'un des personnages, Sekai Owari, le jeune cofondateur du studio. C'est assez bas, on ne peut plus terre à terre, sans aucune subtilité, avec des images obscènes et ça revient tout le temps. Mais bon, dans les 3/4 des jeux japonais, il y a toujours une fille volontairement créée comme aguicheuse, avec des gros seins et un ou deux bouffons qui se pâment devant elle, donc on n'est pas surpris. Et puis, je suis une grande fan de City Hunter, donc l'humour sur les allusions sexuelles, ça peut vraiment me faire marrer. Mais encore faut-il que ce soit bien fait ou que ça reste très secondaire quand c'est téléphoné et primaire.
Mais, là dans Our World Is Ended, ça prend des proportions assez inouïes. Les allusions sexuelles pourries s'accentuent et finissent par occuper plus de la moitié des dialogues et de l'histoire, sans compter les images ! Exemples : le vilain monstre dont il faut se débarrasser ne s'attaque qu'aux filles aux gros seins ; l'elfe qui accompagne le groupe, quasiment nue, a comme mouvements spéciaux diverses poses lascives et propose régulièrement aux mecs de mettre leur tête entre ses seins (encore faudrait-il qu'il y ait la place tant ils sont disproportionnés) ; pour fabriquer l'épée magique qui viendra à bout du vilain monstre, le rituel consiste, en soutif, à gober une banane enduite de crème ! On ne peut pas faire plus explicite dans l'obscénité... Les caractères des personnages n'arrangent rien : je passe sur Sekai Owari, appelé "pervers" par ses propres collègues ; vient ensuite la greluche naïve gentille de service aux gros seins qui trouve tout cela très amusant et songe à reproduire les poses lascives de l'elfe, car c'est bien connu, pour qu'un mec l'aime, il faut être la plus lascive possible, alors elle veut faire pareil et apprendre ; puis il y a le gentil "héros" que nous incarnons, gêné par la perversité de son collègue, mais dont il approuve secrètement les actes car il ne peut pas se retenir ; enfin, couronne le tout la fille aux seins moins gros, jalouse de l'autre (sa soeur qui plus est) et qui tape les mecs dès qu'ils ont des propos lubriques !? Deux ovnis, un gars et une fille un peu gothiques, font plus ou moins comme si de rien n'était devant ce spectacle affligeant et vivent un peu dans leur monde. Au chapitre 3, une gamine de moins de 10 ans (avec un esprit d'une femme adulte), fait presque tomber le jeu dans des allusions pédopornographiques, sans jamais dépasser la limite, sinon le couperet de la loi ferait très mal.
Du sexe à tout bout de champ. Je ne compte plus le nombre de fois que l'elfe a proposé de foutre sa tête entre les ballons de foot qui lui servent de seins.
Au final, je ne sais pas qui est le plus insulté dans ce schéma : les mecs dépeints comme des êtres incapables de maîtriser leurs pulsions et incapables d'aimer avec leur coeur (aimer = désirer sexuellement dans ce schéma à l'exclusion de toute autre notion) ? Les filles, objets de consommation sexuelle et qui n'ont d'autres choix que de se soumettre à cette posture, sans quoi elles sont violentes ?
Je ne sais franchement pas ce que Red Entertainement a voulu faire. Si vous voulez vous rincer l'oeil et faire péter vos pulsions, autant aller lire de la BD porno, notre collègue Maixent saura vous conseiller avec une rare subtilité les meilleures oeuvres en la matière. Si vous voulez vous marrez sur le sujet, préférez City Hunter, là il y a du génie et du super second degré.
Alors forcément, après quatre longues et pénibles heures de jeu et trois chapitres et demi (sur les 17), j'ai abdiqué. Rarement je m'étais à ce point ennuyée dans un jeu et avait été autant rebutée. En plus, Our World Is Ended ne propose aucune action supplémentaire de jeu que les choix alternatifs de dialogues et, pire encore, ces choix défilent de droite à gauche sur l'écran, sans qu'on ne puisse lire les phrases en entier, et ils défilent trop vite. Bref, ce n'est pas pratique du tout. De temps à autre, on ne sait pas pourquoi, les phrases sont fixes, tant mieux. Quant aux dialogues, quand ils ne sont pas lubriques, graveleux ou obscènes, ils sont futiles et inintéressants. Trop de scènes ralentissent ainsi inutilement l'intrigue dont le principe n'était, en fait, pas si mal à la base.
Autre loupé, le système de sauvegarde rapide ne fonctionne pas. Il faut donc penser à faire soi-même ses sauvegardes. Ce n'est pas bien grave, mais autant ne pas nous faire croire qu'il y a une sauvegarde rapide alors. Pour info, c'est la touche "moins" de la console pour sauvegarder, j'ai mis un peu de temps à la trouver.
Quant aux commandes, j'avoue que c'est quand même super limite de ne pas avoir inversé les boutons A et B. Je m'explique pour ceux qui sont uni-consoles : chez Nintendo, le bouton pour valider, c'est toujours A, et il est placé à droite ; chez Playstation, le bouton pour valider c'est toujours X et il est placé en bas. Dans Our World Is Ended, portage d'un jeu Vita, le bouton pour valider est resté celui du bas, donc c'est B sur la Switch. Cela ne me dérangerait pas plus que ça (on s'habitue vite à jongler d'une console à l'autre), sauf que quand on est sur le menu de la Switch, on fait tout avec A et puis d'un coup, dans le jeu, on doit tout faire avec B. De ce fait, de temps en temps, on s'embrouille et on annule au lieu de valider.
Que puis-je alors louer dans Our World Is Ended ? La qualité du doublage, c'est certain, ils sont toujours infailliblement bons dans les visuel novels. Des planches graphiques très esthétiques et bien travaillées, mais ça ne fait pas tout. Les sept fins différentes et le mécanisme de rejouabilité avec saut d'histoire permettant de juste refaire les choix de dialogues, c'est bien vu. Le système d'affinité avec un top 3 des personnages avec lesquels on est le plus lié, c'est un petit plus sympa. Enfin, les 90 unités de sauvegarde, c'est un débordement de luxe qui me fera toujours marrer dans les visual novels.
Bref, pas grand chose. Donc, si comme moi vous aimez les visual novels, préférez ceux que j'ai cités plus haut, ou l'intense et très rythmé Psycho-Pass : Mandatory Hapiness. Ou encore, du même éditeur PQube, l'intriguant Root Letter.
Des graphismes soignés qui ne peuvent pas rattraper le profond ennui que l'on ressent.