9/10Paranormasight : The Seven Mysteries of Honjo - Test PC

/ Critique - écrit par Islara, le 30/03/2023
Notre verdict : 9/10 - Le retour d'un grand visual novel (Fiche technique)

Tags : honjo paranormasight mysteries seven nintendo switch histoire

Il y avait bien longtemps qu'un visual novel de grande envergure n'était pas sorti en Europe. Voilà qui est chose faite en ce début d'année 2023 avec Paranormasight : The Seven Mysteries of Honjo, édité par le studio de confiance Square Enix.

Avec un nom pareil, on pouvait déjà avoir la puce à l'oreille, car je ne sais pas pourquoi, il faut toujours que les visual novels japonais aient des noms à rallonge.

Blague à part, petit rappel pour les néophytes : les visual novels sont des romans numériques ou interactifs, genre extrêmement populaire au Japon, exporté un peu aux Etats-Unis, mais quasiment pas en Europe. Le principe des visual novels est assez simple et bien résumé par son nom : il s'agit de jeux vidéos constitués essentiellement de dialogues, d'images fixes fondées néanmoins sur un bon travail graphique, et basés sur un scénario captivant particulièrement détaillé et développé. Les thèmes varient entre science-fiction ou horreur avec une vaste trame d'enquête. Si certains visual novels ne contiennent pas de phases de jeu, d'autres en proposent largement. Elle seront alors le plus souvent faites de mini-jeux ou de point'n click. Enfin, comme les Livres dont vous êtes le héros, la majorité des visual novels proposent des scénarios alternatifs.


Un visual novel très basique, du moins au départ.

 

Tout commence très bizarrement avec Paranormasight et on ne se rend pas compte tout de suite qu'on est complètement dans le genre. Un vieux monsieur à la dégaine assez loufoque et bigarrée nous intoduit dans dans le Japon des années 1980, appelée ère Shōwa (1926-1989 - pour situer, c'est l'époque des cabines téléphoniques), au coeur de Tokyo, dans le quartier de Honjo, situé dans l'arrondissement de Sumida. Ne soupirez pas, ces détails sont très importants.

On incarne dans un premier temps un jeune employé de bureau qui va se trouver mêlé à une sale histoire de paranormal et de magie noire. Mais tout ça n'est que de la poudre aux yeux, ce n'est qu'une petite introdution à une affaire totalement gigantesque. Car ce n'est pas un personnage que nous allons incarner mais cinq et plus d'une vingtaine d'une importance capitale que nous allons rencontrer.

Où est le génie de Paranormasight pour que je lui accorde un si rare 9/10 ? D'abord, c'est l'effet de suprise. Alors qu'on croit devoir incarner un seul et même personnage tout du long, on reçoit la petit claque d'incarner ensuite d'autres personnages, qui plus est des personnages dont on pensait qu'on les avait tués, ha ha. Autre effet de suprise, c'est qu'on ne pensait pas du tout se retrouver dans un visual novel à vastes scénarios alternatifs. On pensait que ça allait être un peu basique. Eh bien pas du tout. C'est complexe, immense, tortueux et ultra-dynamique. Pas de temps mort, pas de dialogue superflu, ça avance, et vite.

Enfin, la dernière suprise, c'est la manière de jouer de temps à autres par un mécanisme relativement rare : utiliser les options pour interagir dans le jeu. Je n'en dis pas plus, il ne faudrait pas que je vous donne la solution, mais sachez que temps en temps pour avancer, il faudra régler les options comme il faut ou faire des petites sauvegardes à des moments précis.

Autre brillante réussite de Paranormasight : son scénario en béton armé, truffé de coups de théâtre tous plus haletants les uns que les autres, et le tout dans un magnifique univers de magie noire, de malédictions, d'exorcistes nous ramenant à l'époque médiévale japonaise, la fameuse ère Edo. Il faut dire que nous les Européens, nous ne nous lasserons jamais de savourer et découvrir toujours plus avant la culture japonaise. D'ailleurs, de ce point de vue, se balader dans le quartier de Honjo tout le long du jeu et lire avec passion les fiches explicatives des différentes lieux, des légendes des 7 Mystères de Honjo (eh ben oui, cette légence exite vraiment au Japon) ou du peintre Kuniteru Utagawa, c'était la cerise sur le gâteau. Mais soyez rassurés, ces fiches ont toujours un rapport avec le jeu et il est utile de les lire car certaines de leurs informations sont requises pour avancer dans l'aventure. Donc ce n'est pas fastidieux. Sauf bien sûr si vous n'aimez pas lire dans les jeux vidéo mais alors dans ce cas les visual novels ne sont pas pour vous.


L'action se déroule intégralement dans le Honjo (Tokyo) de l'ère Showa mais aussi de l'ère Edo.

 

Les personnages sont également exaltants, complexes, variés et incroyables. Ils constituent eux aussi une grande part de la réussite du scénario. C'est toujours la signature d'un bon visual novel : beaucoup de personnages - j'en ai compté 22 ! - avec une histoire fouillée pour chacun(e) d'eux. Les meilleurs visual novels ne s'y sont pas trompés là-dessus, aussi bien la série Zero Escape que la série DanganRonpa.

Mais ce n'est pas tout, là où Parnormasight brille aussi de mille feux, c'est dans le séquençage de la narration et l'existence de son arborescence. Qui dit visual novel, dit le plus souvent scénarios alternatifs, pas juste 3-4 fins différentes et quelques variantes. Non, de vrais hisoires parallèles avec a minima une dizaine de fins différentes, des "bas ends" et des "true endings". C'est tellement plus exaltant quand, nous joueurs et joueuses,  jonglons de réalités parallèles à une autre. Et pour s'en sortir, l'arborescence est obligatoire. Et Paranormasight l'a fait. Oui, elle est là l'arborescence, et à l'instar de Zero Escape, on ne peut bien souvent pas aller d'une réalité à une autre, sans d'abord aller à une troisième ou quatrième réalité. Parfois, elles se croisent quand même et reviennent à la même réalité, mais pas toujours. Il y a aussi un chapitrage dans chaque case de l'arborescence ce qui rend la jouabilité très fluide et évite de rejouer fastidieusement des scènes déjà vues. Bref, c'est une façon de jouer unique et exaltante, dont on ne se lassera jamais même si ça fait fumer nos neurones.

Autre point très puissant du jeu : la dimension émotionnelle. Certains pans de l'histoire sont particulièrement tragiques ou émouvants, au point d'avoir la gore qui nous serre. Je compte sur les doigts d'une main les jeux qui m'ont fait verser une larmichette. Paranormasight est de ceux-là.

Enfin, la bande-son musicale est à la hauteur pour nous envoûter et nous immerger dans l'ambiance glauque et d'épouvante voulue par l'oeuvre. Ses mélodies restent gravées dans notre cerveau de manière durable et on n'a qu'une envie c'est de les réécouter. Mais il manque les voix. Et ça manque parfois un peu trop. Le manque de moyens s'est quand même un peu fait sentir dans cette production : aucune vidéo, des planches très fixes et souvent répétitives quelles que soient les scènes, aucun doublage même partiel et peu de fond sonore d'une manière générale. On s'en passe largement et on s'en remet, mais un petit peaufinage sonore aurait quand même ajouté un certain plus au jeu. Ce qui passe moins, c'est que malheuresuement, comme souvent, le jeu n'est sous-titré qu'en anglais. Le manque de moyens a dû là aussi se faire sentir.


Oui, l'exaltante arborescence est là ! Ceci n'en est qu'à peine le tiers.

 

Conclusion

Si vous n'êtes pas allergique à la lecture et avez déjà tâté du visual novel ou des jeux narratifs, Paranormasight : The Seven Mysteries of Honjo est littéralement et absolument incontournable. Il vous offria entre 15H et 20H d'enquête parnormale exaltante dans le Japon de l'ère Shōwa et de l'ère Edo. Tout y est : réalités parallèles, balade dans ces réalités via une arborescence, scénario en béton armé, musiques immersives, personnages nombreux et complexes.

Une fois de plus, Square Enix ne s'est pas trompé dans son choix de jeu, bien que ce soit la première fois qu'il édite un pur visual novel (si l'on met à part Tokyo Dark mais il fut édité par Square Enix Collective).

Le scénariste et directeur, Takanari Ishiyama, ainsi que son équipe méritent un grand bravo. Que ce type de réalisations perdurent !

Astuces

- Afin d'être sûr de ne rien manquer, il faut épuiser tous les dialogues, ainsi que toutes les explorations : tant qu'une petite vague n'apparaît pas à côté du nom, du dialogue, du lieu ou du personnage, c'est qu'il y a encore des choses à découvrir.

- Parfois, il est indispensable de mourir pour accéder à la suite dans une réalité parallèle car les circonstances de la mort donnent des informations utiles.

- Comme dit plus haut, il faut lire les fiches de personnages ou de lieux ou autres car elles contiennent des informations nécessaires pour débloquer la suite. Elles permettent aussi de s'y retrouver dans ce scénario très complexe.

- Dans l'arborescence, le chapitrage permet de rejouer une scène à un point précis, ce qui est très utile pour éviter de tout refaire.

- Le jeu sauvegarde automatiquement mais il y a aussi cinq unités de sauvegarde parfois très pratiques pour reprendre à un point précis ou débloquer certains succès.

- Dans l'arborescence, lorsqu' une case est toujours en couleur, c'est qu'il y a encore des variantes à expérimenter. Sinon, la case est en noir et blanc.

- Le dossier n° 41 est très bien caché. Il apparaît lorsque les deux détectives viennent le matin au lycée. Explorez bien le lieu.


Connaissiez-vous Kuniteru Utagawa ? Les Sept Mystères de Honjo existent vraiment.