5.5/10Game of Thrones (A) - Genesis - Test

/ Critique - écrit par Penthesilea, le 12/10/2011
Notre verdict : 5.5/10 - Oppressantes manigances (Fiche technique)

Stratégie, diplomatie, fourberie, guerre. Manigances sur les territoires de Westeros.

Alors qu'une série inspirée de la saga de romans Le Trône de Fer de George R.R. Martin est diffusée aux Etats-Unis (et également chez nous depuis juin, via la chaîne Orange Cinéchoc) et que les joueurs s'affrontent déjà depuis des années sur le jeu de plateau, c'est au tour du support vidéo-ludique de suivre la mode de l'adaptation.

Fans de la saga et fins connaisseurs de cet univers, je pense que vous pouvez calmer vos alarmes ! La première question qui vous vient certainement à l'idée est de savoir si le jeu est fidèle à la lettre ou du moins à l'esprit de l’œuvre d'origine. Pour ce que j'en sais, je crois que l'aspect "alliances en tous genres" et "fourberies à tous les étages" est représentatif des relations entre les puissances de Westeros de même qu'il est le cœur de ce jeu de stratégie en temps réel.

Premiers contacts

Autour de moi, le buzz s'est levé... Les premiers échos sont venus de mes camarades qui m'ont parlé d'un jeu de plateau qui avait duré 8 heures en tractations diverses... puis, je les ai surpris en train de s'échanger des romans ; enfin la section télé/médias de Krinein a présenté la série inspirée de l’œuvre. Alors l'arrivée du jeu vidéo ne m'a point étonnée...

Pour les ignares, vous allez pouvoir entrer dans cet univers par la porte de l'Encyclopédie que propose le jeu, ça met dans le bain et vous vous sentirez moins démunis par rapport à l'histoire et aux personnages.

Les didacticiels vous donnent quelques billes pour que vous croyiez être prêt à vous lancer dans le jeu. Mais ne vous réjouissez pas trop vite, le dur monde des manigances est cruel pour les débutants innocents. Et vous risquez de subir bien vite des déconvenues en plongeant dans le grand bain.


ça sent la guerre !

Le but c'est de gagner ! Certes... mais pas forcément en conquérant tout le territoire. Vous aurez une palette de personnages avec des compétences spécifiques : l'émissaire à envoyer dans les villes pour passer des alliances, l'espion concluant des pactes secrets et vérifiant la loyauté des autres unités ou des villes alliées, le filou corrupteur d'unités adverses ou déclencheur de rébellion dans une ville rivale, l'assassin assassine, la courtisane permet de faire des alliances de sang plus difficilement brisables ou séduit des personnages ennemis. En plus de ces unités de "diplomatie", les plus utilisées selon moi dans le jeu, il y a des paysans qui récoltent des ressources pour produire de nouvelles unités et des unités guerrières de divers niveaux. Pour gagner, il faut atteindre 100 points de prestige qu'on gagne en étant allié avec un "septuaire", en étant la maison avec le plus d'alliés, avoir le plus de revenus, avoir fait le plus de victimes par le biais de fourberies. On perd des points lorsqu'un adversaire découvre un de vos bâtards non reconnus, si on déclenche le siège d'une ville en période de paix et si on est victime d'un accord secret.

L'aspect militaire (la guerre quoi !) est moins présent que les possibilités diplomatiques d’alliances et de pactes secrets. Un hommage à Sun Tzu, peut-être, dont l’œuvre indique comment gagner des batailles sans avoir à les livrer.


Attaque barbecue...
Se mettre en selle

Deux configurations de jeu s'offrent à nous : solo ou multi. Deux modes de jeu sont disponibles en solo : la campagne ou l'escarmouche. La tête-brulée se lancera peut-être dans l'escarmouche qui n'a de poétique que le nom. Et c'est là que le drame arrive ! Car ne croyez pas que l'exploration studieuse des didacticiels vous aura préparé à cette avalanche de fourberies.

Explorons d'abord ce mode de jeu, bien que je vous conseille vivement de ne pas faire la même erreur que moi, vous allez comprendre pourquoi. Pour commencer, il faut choisir sa carte et le scénario qui en découle vous affectera une des huit maisons régnantes de Westeros. Dès le début du jeu, on a accès à toute la panoplie de la diplomatie et comme vous avez pu le voir, ce n'est pas rien.

Si c'est très amusant d'avoir l'impression d'être tout-puissant avec ses assassins et autres filous, on se rend très vite compte que les adversaires, eux aussi, disposent de cet arsenal et ne se privent pas de l'utiliser à vos dépens. Le fait que ce jeu se déroule en temps réel provoque un sentiment de débordement, on ne sait plus où donner de la tête. Personnellement, cet arrivage massif d'attaques perfides à mon encontre m'ont laissée tétanisée, il ne faut pas hésiter à user de la touche "pause" au moins le temps de respirer et donner ses ordres.

Durant la partie, des défis sont proposés à chacune des maisons en jeu, ils permettent d'accroître son prestige (par exemple : corrompre ou séduire deux ennemis ou infiltrer des espions dans une demeure adverse).
DR.

Le point noir, c'est qu'on a beau se démener pour essayer de rendre ses alliances sûres, on ne peut jamais être certain que notre émissaire n'a pas été corrompu par l'adversaire et qu'il ne nous fait pas un petit dans le dos, que notre courtisane ne va pas être dézinguée par un assassin, et envoyer des espions vérifier toutes les alliances et la loyauté de tous les personnages est matériellement plus que délicat. Moralité : aucune de nos alliances ne doit être considérée comme acquise, ce qui met le joueur dans un état d'incertitude sûrement très réaliste mais plutôt épuisant.

Le mode "campagne" permet une découverte plus progressive et je vous enjoins vivement à faire vos armes par ce biais. On suit la chronologie de la saga depuis le débarquement de la reine Nymeria et du peuple Rhoynar.

L'aspect progressif de la découverte des possibilités de jeu se traduit par l'accès limité aux unités diplomatiques et combattantes. On a le temps d'apprendre à gérer leurs compétences dans des missions successives, on commence à maîtriser leurs pouvoirs et par la suite, utiliser différentes unités de manière concomitante est un moins lourd fardeau. C'est pour cette raison que je vous conseille plus que vivement d'avancer un tant soit peu dans ce mode avant de vous lancer dans les escarmouches en solo ou en ligne, au risque sinon de vous donner une impression rébarbative de ce jeu.


Rando hivernale pour les combattants

Pour éprouver une satisfaction en jouant, il va falloir vous accrocher sérieusement et parfois passer outre des bugs : par exemple, une unité de cavalerie s'est retrouvée inexplicablement coincée dans un élément du décor et le scénario ne pouvant plus avancer, il m'a fallu relancer l'épisode. De plus, quelques fermetures intempestives de fenêtres de jeu m'ont moyennement plu.

Trop de fourberies tuant la fourberie, cela a surtout tué mon plaisir de jeu (et Dieu sait pourtant que je me suis accrochée et que j'ai voulu bien faire - oui je sais, je suis une laborieuse). Un titre certainement à réserver aux grands adeptes de stratégie qui ne s'affolent pas face à une déferlante d'attaques adverses ingérables.