5/10Hitman : Contracts - Test

/ Critique - écrit par gyzmo, le 26/03/2008
Notre verdict : 5/10 - Mi-figue, mi-raisin (Fiche technique)

Tags : hitman contracts test absolution jeux money blood

A partir d'une idée sympathique, Hitman : Contracts démarre sur les chapeaux de roues l'espace de quelques souvenirs exclusifs pour caler en plein milieu d'un honteux et incompréhensible rabâchage...

Passé à deux doigts de la grande faucheuse, remis sur pieds par un toubib clandestin, pris au piège dans la planque d’un hôtel miteux parisien, en proie à des hallucinations qui plus est, et sur le point d’être trucidé par plusieurs escouades de flics suréquipés… Dans quel bourbier l’agent 47 s’est encore fourré ? Ce tueur à gages flegmatique réussira-t-il cette fois à se sortir d’affaire ? En attendant l’heure fatidique, comme une vie défilant à l’approche d’une mort imminente, rien de tel que de se remémorer une partie de son existence d’assassin de l’ombre. Troisième opus d’une saga d’infiltration qui à ce jour en compte quatre, Hitman : Contracts est sans conteste l’épisode qui a récolté le moins de satisfactions auprès des joueurs. La principale cause de cet échec ? Difficile à dire. Mais une flemme monumentale de la part des développeurs de chez IO interactives pourrait être à l’origine de ce mécontentement...

Comme il aurait été naïf d’avancer avec fierté : C'est un fait ! Aujourd’hui, Hitman : Contracts ne peut graphiquement pas rivaliser avec les derniers nés du genre. Ben voyons ! Merci bien pour cette observation ô combien immanquable et surtout révélatrice d’un méchant manque de pertinence, doublé d’une carence certaine en matière de remise dans un contexte d’époque. Et pourtant : c’est également un fait d’affirmer qu’en son temps (celui de 2004), l’aspect esthétique de Hitman : Contracts n’a pas ébloui les mirettes. Basé sur le même moteur graphique que le précédent opus, les améliorations de cette "nouvelle" mouture se comptaient sur une main : à peine quelques effets atmosphériques bien foutus, une figuration moins timide, des tableaux parfois plus grands et alternatifs. Pas plus. En d’autres termes, en 2004, ça sentait déjà le sapin mal fagoté. Et si la bande-son ou les compositions musicales du Jesper Kyd (prix de la Meilleure Musique au BAFTA Games Awards) ont largement de quoi rehausser le niveau, à moins d’être hors norme, on ne se lance dans un jeu pour sa formidable B.O. ou pour son excellente ambiance sonore. Pour le commun des mortels, ça ne suffit pas. Malheureusement, Hitman : Contracts ne croule pas sous les qualités autres que celles citées plus haut. La modélisation architecturale et l’animation des personnages n’ont pas pris une ride… par rapport à Silent Assassin, plus âgé de deux années tout de même. L’intelligence artificielle quant à elle semble avoir perdu des neurones en cours de routes : les alertes n’accaparent jamais très longtemps l’attention des gardes, lesquels sont dotés d’une mémoire de poisson rouge et d’une acuité visuelle proche de la taupe. Ceci dit, les déguisements de 47 ont été multipliés et servent encore mieux l’intérêt principal du titre, à savoir : s’infiltrer au nez et à la barbe de l’adversaire, sans pour autant être obligé de progresser d’une ombre à l’autre ou de faire systématiquement du rentre-dedans. Une aubaine pour les vraiment méticuleux dont l’objectif premier est (devrait être, vu le concept) d’incarner le parfait Assassin Silencieux.


Si le plaisir de recoller aux basques du mystérieux agent 47 est bel et bien au rendez-vous durant les premières heures de jeu, par la suite, l’impression de tourner en rond à ses côtés reste la plus désagréable des stupéfactions. Sans délirer : sur les 12 missions proposées, seulement 6 sont inédites ! Celles-ci, échafaudées par des level designers compétents, soutenues par une bande-son immersive et des ambiances impressionnantes (plus glauques que d’ordinaire), auraient tendance un instant à classer Hitman : Contracts parmi les meilleures expériences ludiques du genre. Un instant seulement. Puis : plouf ! Une fois traversée l’épouvantable abattoir du roi de la Viande, ou lorsque enfin le dessein morbide du manoir des Beldingford est révélé, le rideau tombe dès que 47 se remémore des passages bien connus des aficionados. Tout le reste n’est effectivement qu’une rediffusion remasterisée des principales missions constituant le meilleur de Hitman : Codename 47, premier du nom. Du jamais vu dans un titre se disant séquelle, n’est-ce pas ? En tout cas, voilà donc un concept unique en son genre, de toute évidence engendré par le poil épais d’une main. Bien sûr, pour peu qu’il est dépassé l’absence d’un didacticiel initiatique et affronté les zones d’ombre de certaines missions, le néophyte parachuté en terre inconnue aura à coup sûr éprouvé du plaisir en cherchant le meilleur sentier d’infiltration de la Conférence Explosive ou de La Mort de Lee Hong (deux segments initialement excellents et tactiquement améliorés par cet étrange remastering, il faut le reconnaître). Mais pour celui qui connaît bien la biographie de 47, qui attendait de découvrir de nouveaux environnements où expérimenter sa logique assassine, pour celui-là, le subterfuge énorme survient comme une atteinte à son intelligence, à son désir de se la jouer flingueur professionnel. Bref ! Léon, pas content !

A partir d’une idée sympathique (plonger dans les méandres de la mémoire secrète de 47 pour revivre les grands moments de son existence) via un fil conducteur des plus classiques (celui du flash back, artifice usé jusqu’à la corde), Hitman : Contracts démarre sur les chapeaux de roues l’espace de quelques souvenirs exclusifs pour caler en plein milieu d’un honteux et incompréhensible rabâchage. Les développeurs, pressés par le temps (?), n’ont pas eu l’occasion de peaufiner l’histoire d’ensemble, à vrai dire quasi inexistante et/ou trop hermétique pour être comprise sans explication de texte. Malgré les minuscules réaménagements plus ou moins débrouillards, cette refonte plus proche de la redite n’apporte pas de challenge supplémentaire, rétablie un certain niveau de logique par endroit, mais au final, se fait bouffer par un ennui mordant. Ajouter à cette liste de mauvais points un replay value superflu (et seulement motivé par l’envie de faire un carton… ce qui n’a plus rien à voir avec l’esprit du jeu, il va s’en dire), et on obtient un cocktail mi-figue, mi-raisin. Certains parleront d’un opus millésimé. Millésimé, oui. Mais pas franchement dans le meilleur sens du terme.