7.5/10Mass Effect 3 - Test

/ Critique - écrit par gyzmo, le 17/03/2012
Notre verdict : 7.5/10 - Choix multiples ? Pas des masses... (Fiche technique)

Tags : effect mass shepard test bioware jeux choix

Ne soyez pas surpris, et pour une fois, ne tournons pas autour du pot : si Mass Effect 3 écope d'un 7,5 sur 10 (15/20 pour ceux qui ont un problème avec les conversions), c'est principalement parce que j'ai eu non seulement la bonne idée d'aller jusqu'au bout de mon aventure, mais aussi de tester les trois (pauvres) fins disponibles... et quasi-identiques (du moins, basées sur la même cinématique). Car honnêtement, poussé par l'impératif de sortir un texte d'actualité dans les plus brefs délais, si j'avais du pondre un test en n'ayant parcouru que les ¾ du jeu – voir les 90% - le dernier né de Bioware aurait bénéficié d'un point de plus. Carrément. Or, et si vous avez eu vent de la controverse qui circule sur le net à son sujet, comme pas mal de joueurs qui ont fait le deuil du premier opus, il se trouve que le point final de cette trilogie ne m'a pas emballé. J'ai même été déçu par les 15 dernières minutes.

C'est d'autant plus rageant que dans son ensemble, et bien que simplifié sur de nombreux points par rapport aux Mass Effect précédents, ce troisième épisode embarque une ambiance du tonnerre (parfois à vous pomper quelques larmes), une énergie folle (parfois à vous arracher les tifs de la caboche) et un superbe dépaysement à tous les niveaux (parfois... tout le temps, en fait). Sauf que si le cheminement parsemé d’embûches excitantes a le potentiel de combler sans problème les lacunes d'une conclusion trop légère, les scénaristes et graphistes de ce Mass Effect n'ont pas tenu la – seule et unique à mes yeux - promesse annoncée, à savoir : clôturer ce chapitre de la plus mémorable des façons, et ce, suivant mes choix personnels entrepris depuis 2008 (pour les pcistes) et jusqu'à aujourd’hui. A l'arrivée, je suis au regret de vous dire qu'il n'en est rien. Faute à ces dilemmes génériques et peu inspirés qui nous sont imposés, façonDeus Ex : Human Revolution (et soyons fous : Deus Ex premier). A l'identique, pour tous. En dire plus serait vous bazarder un immonde spoiler en pleine face. Ce qui n'est pas mon intention. J'arrête donc ici ma complainte de joueur tatillon. Voyons aussi le bon côté des choses !

Contextualisation après Saren le traitre, l'apparition de la race insectoïde des Récolteurs, la mort du Commandant Shepard, puis sa résurrection par Cerberus, le sauvetage de la Citadelle et la destruction de Sovereign, voici le temps des Moissonneurs, entité extra-terrestre chargée de faire le grand ménage dans la Voie Lactée. Pour affronter ces monstres de puissance, Shepard n'a qu'un seul moyen : unir les différentes races de la galaxie !

Mass Effect 3 - Test

Colossale tâche en perspective, les enfants... Et pas des plus joyeuses, c'est certain. D'autant que cet épisode sous le signe d'Armageddon, l'urgence de la situation ne permettra pas à Shepard de faire dans le tourisme en dilettante.Exit la visite de capitales aux quatre coins de l'univers pour y glaner tranquillou quêtes et informations diverses. Cette fois-ci, l'action va droit au but, sans fioritures, et se concentre autour de deux hub : La Citadelle (plus grande que le 2, moins imposante que le 1) et le Normandy. Ce qui n'empêche pas le jeu d'être diversifié et vivant. Graphiquement, d'abord. L’œil abonné aux visuels HD et à la motion capture hyper réaliste louchera forcément sur les textures baveuses (et vraiment laides dans certains cas), les éclairages saturés ou l'animation un peu rigide de certains personnages (plantés droit comme des poupées). Mais malgré la plupart des tares de son moteur graphique vieillissant, les artistes de Bioware ont tout de même réussi le tour de force de lifter un peu plus le rendu visuel, axant le boulot sur des environnements qui prennent aux tripes. Qu'il s'agisse de décors post-apocalyptiques, de paysages extérieurs ouverts ou d'architectures majestueuses, Mass Effect 3 force le respect et mouille le maillot lorsqu'il se met à faire dans du Dead Space, avec ses intérieurs sombres où seul le faisceau d'une lampe-torche est source de lumière. Scénaristiquement, ensuite. Cela ne vole pas haut, mais reste la plupart du temps droit dans ses bottes (avec prise en compte partielle de ses choix passés). Les auteurs du périple ont mixé deux types de quêtes. Les premières, bien écrites et mises en scène, baladent Shepard d'un point à l'autre de la galaxie, dans des configurations souvent identiques (le jeu reste un action-rpg assez linéaire), sans omettre toutefois de renouveler ses phases de jeu : enquêtes entrecoupées de combats, course-poursuites, tirs de couverture et utilisation de tourelles, lutte contre des Boss.

Ces missions (principales ou secondaires) font également la part belle aux compagnons qui ont croisé la route de Shepard depuis le premier opus, aussi bien dans les jeux standards qu'à travers les DLC. Quelque fois en marge de la trame principale, la plupart de ces retrouvailles chargées d'émotions sont l'occasion de clore une histoire personnelle, ou d'en révéler les secrets. L'ensemble s'imbrique à la perfection. Aucune fausse note à l'horizon. Quant aux autres types de quêtes, Mass Effect 3 retombe dans les travers du premier opus : d'un côté, des missions brutes de décoffrage et sans mise en scène particulière dans des décors semi-ouverts (les mêmes qui serviront de mappour le multijoueurs) avec vague d'ennemis à la clé ; de l'autre, du FedExminimum syndical et ses allers-retours aux quatre coins de l'espace pour sonder / scanner des planètes pour y récolter divers items.

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Hors missions spéciales, la visite des planètes se fera depuis votre Normandy et à l'aide du désormais célèbre scanner orbital – encore plus assisté pour l'occasion (système de GPS pour enfant de 5 ans). Mais pour ce faire, vous devrez sonder les systèmes de la Voie Lactée pour débusquer les points d'intérêt (épaves, vestiges, survivants, crédits...). Contexte d'occupation oblige, plus la sonde est utilisée, plus les chances de se faire repérer par les Moissonneurs seront élevées. Une jauge de détection fait d'ailleurs son apparition dans Mass Effect 3 pour indiquer le niveau de furtivité du Normandy. Lorsque celle-ci est pleine, les Moissonneurs débarquent et pourchassent l’intrus. Seule alternative : fuir le système en changeant de secteur ou de galaxie. Ces ressources collectées, en plus de servir de monnaie d'échange pour grappiller des points d'expérience auprès de pnj de la Citadelle, ont l'avantage de servir les efforts de guerre.

Concrètement, cela se traduit par un score de préparation, menu spécialement dédié et consultable depuis le Normandy, via lequel le jeu retrace toutes vos découvertes, alliances et actions pour faciliter la guerre contre les Moissonneurs qui se prépare en fond de toile. Une carte galactique donne d'ailleurs un aperçu des cinq théâtres envahis par l'entité destructrice et des niveaux d'alerte associés, du plus critique (couleur rouge) ou plus stable (couleur verte). Cette nouvelle fonction est loin d'être anecdotique. Parfaitement ancré dans le contexte crépusculaire de Mass Effect 3, le score de préparation jouera un rôle déterminant dans l'affrontement final. Suffisamment haut, il permettra également de débloquer le troisième dénouement du jeu. Enfin, l’augmentation de ce score n'est pas uniquement lié à votre capacité à résoudre le plus de quêtes (principales ou annexes) possibles. Les joueurs qui veulent tracer sans se soucier des à-côtés de l'aventure auront le loisir de gonfler leur score en participant aux parties à plusieurs.

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Apport majeur de cette nouvelle mouture, le multijoueurs est sans contexte une surprise bien agréable. Que dis-je ? Très addictive ! Le mode n'apporte rien de neuf (il n'y a même pas de chat), mais sa connexion avec la campagne solo et l'efficacité avec lequel il exploite le gameplay nerveux et plus complet que d'ordinaire (combat au corps-à-corps enfin disponible, esquive, glissade, roulade, mort subite depuis une couverture) font mouche, et poussent à s'y abandonner, pleinement. Les joueurs auront le choix entre toutes les classes du jeu solo (ainsi que certains compagnons), pourront les faire évoluer grâce aux gains d'expérience accumulée au fil des parties, ou utiliser des packs pour customiser ses armes (retour des mods !) et d’octroyer des bonus d'armures (à usage unique). Toutes les actions étant récompensées (du sauvetage d'un coéquipier à la répétition de headshot, en passant par l'utilisation favorite d'un pouvoir), médailles et crédits sont généreusement distribués, permettant d'éviter de cramer ses euros dans la Boutique et de monter rapidement de niveaux. Lorsque votre personnage atteint le niveau 20, il peut être converti en points pour gonfler le score de préparation de la campagne solo.

Pour l'instant, seulement cinq environnements semi-ouverts (présents également dans la campagne solo) sont jouables. Et trois sortes d'ennemis peuvent être affrontés : Moissonneurs, troupe de Cerberus et Geth. Leur intelligence artificielle n'est pas toujours à son paroxysme. Le bestiaire, varié et visuellement très réussi, ne rechigne cependant pas à jouer les armoires à glace sur lesquelles deux ou trois chargeurs ne seront pas de trop pour en venir à bout. Certains auront même le toupet de se rendre invisible ou d'utiliser des écrans de fumée pour brouiller les pistes. En multi ou en solo, les affrontements sont nerveux, stressant et jubilatoire. Espérons que d'autres cartes et adversaires s'ajouteront à ce contenu plutôt sympathique par la suite. D'ici là, les quatre joueurs coéquipiers qui foulent le sol de ces champs de bataille doivent survivre et affronter des vagues d'ennemis de plus en plus puissantes. Toutes les trois vagues, des objectifs spécifiques (assassiner des cibles prioritaires ; pirater des serveurs informatiques ; actionner des appareils divers et variés) sont à réaliser en temps limité. En moyenne, ces parties durent une vingtaine de minutes. Le niveau de difficulté étant assez relevé pour qui n'a pas l'habitude de jouer à un TPS en temps réel (la pause étant désactivée), les développeurs ont intégré trois paliers de difficulté (bronze, argent et or). Les débutants ne seront pas déboussolés. Les gamers avides de challenge n'hésiteront pas à lancer une partie aléatoire (avec bonus d'xp et score de préparation). C'est certain, la durée de vie déjà conséquente du jeu (entre trente et quarante heures en prenant bien soin d'écouter les nombreuses conversations d'ambiance des pnj / compagnons et de tout débloquer) n'est pas prête de s’essouffler !

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Grand absent de Mass Effect 2 – sans doute parce que la plupart des joueurs n'ont pas encore connu le grand kiff de conduire un blindé à grosses roues cheveux au vent, Mako l'indomptable et sa salutaire liberté d'exploration en terres inconnues ne refont pas surface dans cet opus. Du moins, dans le cadre du gameplay. Car le bestiau aura ses heures de gloire dans les nombreuses et superbes cinématiques du jeu. Des heures de visionnage (et de lecture via le codex) participent à faire de Mass Effect 3 un produit AAA d'envergure. Et malgré une linéaire plus marquée, de trop nombreux décors couloirs, des choix moraux bipolaires sans nuance, un nouveau compagnon peu intéressant (James Vega, à la consistance aussi maigre que le désastreux zaeed), un journal de quête bordélique et la présence de scripts aux encoignures, ce dernier acte bourré d'hormones et sans temps mort saura marquer les esprits. La réalisation, au top - faut aimer la SF à la Michael Bay, et l'illustration musicale y seront d'ailleurs pour beaucoup. Le souffle épique et ce sentiment permanent de « dernière chance » feront le reste.

Dommage que le final – en partie dantesque et ardu, se termine sur une touche aussi peu recherchée et faussement métaphysique. Shepard et compagnie méritaient tellement plus d'attention. Et nos choix respectifs, tellement plus d'alternatives... Mais qui sait ? Pour la suite des aventures vidéo-ludiques de la franchise Mass Effect (avec ou sans Shepard, ou via les nombreux dlc qui vont pleuvoir dans les mois à venir), Bioware nous réserve peut-être une épopée qui tiendra toutes ses promesses... jusqu'au bout, cette fois.

NB : en bonus, restez jusqu'au bout du générique de fin de Mass Effect 3 pour mirer la séquence best cucul la praline ever de la franchise !