The Next BIG Thing - Test
Jeux Vidéo / Critique - écrit par gyzmo, le 11/04/2011 (Avec The Next BIG Thing, Pendulo aurait pu se remettre en question, nous inviter à vivre un périple plus consistant, corsé et palpitant. Or, les démiurges espagnols ne semblent pas avoir complètement écouté les reproches émis lors de la sortie de leur précédent jeu…
La précédente production des studios Pendulo, Twist of Fate, nous avait laissé un goût amer d'inachevé dans la bouche. Durée de vie ridicule, challenge cérébral inconnu au bataillon, scénario expéditif, le dernier épisode si attendu de la trilogie des Runaway avait effectivement déçu les habitués du point’n click pur et dur, celui qui est mâtiné avec suffisamment de peps et de neurones pour tenir en haleine n’importe quel joueur exigeant avec le genre. Certes, l’humour made in Pendulo et le style graphique inimitable lui ont permis de ne pas se retrouver au fond de la tasse. Mais de peu, comme a tenté de l’expliquer notre test du soft à l'époque. Avec The Next BIG Thing, Pendulo aurait pu se remettre en question, nous inviter à vivre un périple plus consistant, corsé et palpitant. Or, les démiurges espagnols ne semblent pas avoir complètement écouté les reproches…
DR.Une chose est sûre : les artistes de Pendulo, non contents d’être toujours aussi balèzes pour nous pondre des décors sublimes et imaginer des personnages graphiquement mémorables, ont affiné leurs compétences depuis le chapitre final de Runaway. Un œil lancé sur les screens de notre visionneuse, et vous comprendrez qu’à ce niveau-là, le rendu visuel basé sur le moteur utilisé par Twist of Fate reste d’une force artistique vraiment enthousiasmante. Et ce, à plusieurs étages : jolie palette de couleurs, variété des environnements (une poignée étant quand même très banale), richesse de certains angles de vue, moult détails faisant référence à la culture pop. Les animations environnementales se font rares, amputant l’ambiance d’un véritable souffle de vie. Mais ce vent morne est revigoré par une belle galerie de personnages. Sans conteste : le clou du spectacle ! Les auteurs ont poussé le bouchon assez loin, n’hésitant pas à faire de leurs binômes héroïques et journalistes - entre lesquels le joueur jonglera - de sacrés énergumènes. Tandis que le reporter sportif Dan se coltine une carapace plus commune de macho au grand cœur, la curieuse Liz se révèle une frappadingue, limite victime du syndrome de Gilles de la Tourette. Des clichés un peu gonflants qui ne plairont pas à tout le monde, mais qui ont l’avantage d’instaurer des dialogues pour la plupart cocasses, lorsqu’ils ne tombent pas dans l’hallucination collective. Le casting vocal français est quant à lui excellent. Le contraire aurait été étonnant de la part d’une production Pendulo.
DR.Le contexte des monstres de cinéma ou du petit écran essayant de se faire une place au soleil parmi les Hommes n’est bien entendu pas sans rappeler deux sources d’inspiration : celui des X-Men de Stan Lee cherchant à mieux s’intégrer à la société, celui des extra-T de Men in Black pour des raisons identiques et un peu plus axés "attitude décontractée". Fidèles à leur esprit du tout pastiche référentiel, les auteurs de chez Pendulo n’ont surtout pas cru bon de réellement se creuser la tête pour imaginer une histoire originale. Sans être un copier-coller, The Next BIG Thing pioche son background dans le méconnu Hollywood Monsters, premier jeu vidéo du catalogue de Pendulo. Les corrélations ne sont pas flagrantes, ni honteuses. Mais tout de même : la soif de facilité des scénaristes aurait-elle encore frappé ? En fin de compte, parce qu’il fait écho à bon nombre de réalisations et œuvres littéraires, The Next BIG Thing peine souvent à surprendre, même si son traitement humoristique fait mouche. Ceci dit, la structure narrative, sans être de première fraîcheur et un chouïa mollassonne, demeure maîtrisée d’un bout à l’autre du voyage. L’histoire se déploie de manière fluide. Certaines situations prennent place dans des environnements recherchés, explorant le grain de folie de ses protagonistes. De jolis moments vidéo-ludiques en perspective. Point de vue déco, tout du moins.
DR.La jouabilité est quant à elle typique de ce que l’on peut attendre d’un point’n click sans ambition : un curseur de souris à balader dans le décor, des objets à collectionner dans son inventaire, des items à assembler et/ou à associer avec une zone interactive du tableau, "papoter | regarder | agir sur". Rien de plus, rien de moins. Depuis des lustres, le système a fait ses preuves et ne change pas d’un pouce avec The Next BIG Thing. Et comme la conception de puzzles torturés du ciboulot n’ayant jamais été l’apanage de Pendulo, n’attendez pas non plus un bouleversement de ce bord-ci. Les neurones en fusion ne font pas bon ménage avec ce type d’aventure. Seule l’absence de logique de certaines énigmes surprendra ceux qui n’ont pas connu les voyages excentriques de Brian Basco. Les autres seront comme des poissons dans l’eau, l’improbable et le heureux hasard figurant, une fois encore (si ce n’est plus qu’auparavant), l’un des pistons indispensables de la machine. Les brainstormers – si telle étiquette reluisante peut leur être collée sur le dos, ont tout de même fait l’effort d’intégrer une poignée d’épreuves censées relever un peu la difficulté : de la plus rigolote (la syntaxe égyptienne) à la plus agaçante (le tango floral). Mais rien d’insurmontable à l’horizon. D’autant qu’à tout moment, le joueur largué peut quémander deux sortes d’aide : la révélation des zones interactives, et les conseils du narrateur. Un jeu d’enfant, en somme.
Alors oui : The Next BIG Thing est peuplé de créatures au design adorable, de tableaux globalement dépaysants, de personnalités hautes en couleur, d’une bande-son au diapason et d’une dose d’humour dépourvue de l’ombre du terrifiant Premier Degré. Mais à l’instar de Twist of Fate, le dernier né de Pendulo est également marqué au fer rouge par une absence de challenge et un scénario tantôt cousu de fil blanc, tantôt tiré par les cheveux – pour ne pas dire chatouillé en permanence par le poil dans la main de ses scénaristes ! Plus que tout, The Next BIG Thing se contente d’une bien triste espérance de vie : entre cinq et six heures pour un joueur expérimenté ! Et si les novices en quête de divertissement interactif sans prise de tête qui ont quarante euros à dépenser passeront à coup sûr un agréable moment, les vieux radins de la vieille tireront la tronche devant ce produit à l’enrobage appétissant mais au contenu chiche. En attendant l’épisode suivant…
DR.