Tomb Raider Anniversary - Test
Jeux Vidéo / Critique - écrit par Mandark, le 04/08/2008 (Tags : tomb raider lara anniversary test croft jeux
Indiana, c'était le nom du chien.
Rongée au mythe
Ahhh ! 1996 !
Une année magique, 1996. C’est en effet il y a un peu plus de 10 ans qu’une certaine petite boîte grise commençait à se faire l’ambassadrice du jeu vidéo tel qu’on ne l’avait jusque là jamais vu dans son salon (ceux qui se souviennent du frisson qui a parcouru leur échine quand ils ont fait tourner pour la première fois Resident Evil dans leur console me comprendront, et ceux qui sont tombés de leur canapé en jouant à Wipeout aussi).
Parmi ces titres, un tout particulièrement est arrivé comme une claque dans la face et s’est immédiatement hissé au top du box-office ; Tomb Raider, un jeu conçu par un jeune anglais du nom de Toby Gard et dont l’héroine, la « pilleuse de tombes » Lara Croft, allait se retrouver immédiatement propulsée reine du cyber-espace en même temps que vedette adulée du star system. Figure d’aventurière sexy dont le potentiel érotique a largement séduit le public masculin tandis que son côté casse-cou et farouche décidait soudain la gente féminine à tâter du pad, Lara est rapidement devenue la figure représentative d’une nouvelle ère vidéo ludique, fière d’elle et de ses formes.
Fière de moi et de mes formes !
A l’époque ce fut le choc. C’était la première fois qu’on avait dans un jeu la possibilité de parcourir en 3D les vestiges de civilisations disparues dont la simple évocation fait à coup sûr rêver quiconque s’est jamais imaginé habillé d’un vieux cuir, le fouet à la main et le chapeau rabattu sur les yeux sous le cagnard d'Égypte.
Les environnements étaient tellement crédibles, la sensation d’être les premiers depuis des siècles à fouler le sol de temples cachés aux yeux de tous depuis une éternité tellement prégnante, que Tomb Raider créa instantanément un nouveau standard dans le jeu d’exploration et d’aventure 3D et devint LE titre à jouer (à noter que le soft fut d’abord édité sur Sega Saturn un an auparavant et ne connu pas le même engouement. Peut être que le faible parc de machines de la firme au hérisson cocainé installé à l’époque en Europe y est pour quelque chose). Le succès se révéla énorme (la légende veut que le volume des ventes rien que pour le premier épisode représente quelque chose comme 27 fois la hauteur de la tour Eiffel !) et bien sûr, loi du succès oblige, il fut rapidement question de mettre en route un nouveau million seller afin de répondre aux attentes d’un large public désormais sous le charme de la belle exploratrice.
No problèmo
Malgré le départ de Toby Gard pour cause de dissensions au sujet de l’utilisation à venir de l’image de Lara (comprenez en faire un sex symbol commercial), TR2 fut un hit en plus d’être un excellent jeu, et ce nouveau carton un an après la sortie du premier opus poussa le studio Eidos à tabler sur la parution d’un épisode tous les ans.
Les p’tits gars de Core Design se retrouvèrent alors sur la brèche à plein temps avec pour rude mission de livrer chaque année un nouvel épisode à la hauteur de l’attente des aficionados.
Ainsi suivit un Tomb Raider 3 de bonne facture, mais dont les ficelles commençaient à lasser. L’aventure était prétexte à des environnements vraiment exotiques, mais une difficulté excessive faisait qu’une partie se terminait souvent en séance de test sur l’aérodynamisme de la manette de jeu. On vit malgré tout beaucoup de manettes voler cette année là.
Pour le quatrième volet, Lara retourne aux sources et l’action de Tomb Raider : The last revelation se situe intégralement en Égypte.
On y est !
Ce « retour aux sources » n’est pas fortuit. En effet le nombre des fans de Lara est devenu conséquent depuis le premier épisode, et tous ressentent l’épuisement de la série, d’où cette décision de revenir sur le terrain de jeu « emblématique » de la licence. Au final la magie opère inégalement au gré de niveaux plus ou moins réussis, mais ce volet reste malgré tout un des plus intéressant de la saga.
Gros twist quand même (et désolé pour le spoiler si vous comptiez faire le jeu bientôt, ce dont je doute quand même beaucoup), à la fin du jeu Lara est laissée pour morte, ensevelie sous cinq cent tonnes de temple écroulé.
Cette conclusion non plus n'est pas anodine. En effet, de l’aveu même de l’équipe de Core Design, turbinant à l’époque depuis quatre ans non-stop sur les diverses séquelles, il n’y avait plus rien à apporter au personnage de Lara Croft qui, en plus, commençait à carrément leur bouffer la vie. Aussi décidèrent-ils de la faire disparaître.
Mais Eidos, propriétaire de Core Design, n’était pas vraiment décidé à laisser tuer la poule aux œufs d’or (même si ces œufs semblaient de plus en plus « plaqués or » avec le temps), et The Tomb Raider Chronicles, ou TR5 pour faire short, sortira l’année suivante. Comme Lara est toujours supposée morte, c’est une sorte d’épisode « flashback » qui nous est proposé où l’on incarne la belle à travers cinq niveaux différents, chacun faisant référence à un moment crucial de sa vie d’exploratrice, de son adolescence jusqu’à ses dernières années. Mais rien n’y fait. Les attributs mammaires de Lara ont beau se développer, la série accuse définitivement les signes d’essoufflement apparus auparavant et outre les classiques bugs que l’on retrouve systématiquement d’un épisode à l’autre (car oui, si il y a aussi une raison pour laquelle la série est aussi mondialement connue, c’est bien celle là) - ainsi qu'une maniabilité d'une rigidité crispante, une autre constante de la série - cet épisode n’apporte vraiment rien de plus, ni au gameplay, ni au personnage de Lara.
Toujours pas de problèmes de souffle
S’ensuit une longue attente, et il faudra attendre 2005 pour pouvoir jouer à Tomb Raider : Angel of Darkness (TR6, vous suivez ?), qui sort sur PS2 et PC.
Ce sera l’affront ultime. Vendu comme la résurrection d’un mythe et malgré certains niveaux pas désagréables, ce jeu pénible fini d’entériner l’idée que la belle exploratrice n’est devenue rien de plus qu’une licence juteuse à exploiter. Nerfs, nerfs !!
Alors quand on apprend un an plus tard qu’un nouveau volet titré Tomb Raider Legend débarque sur les étalages, on craint le pire, et pourtant….
On prend (presque) pas les mêmes et on recommence
Pourtant, Tomb Raider Legend arrive comme une vraie surprise. Surprise car il est non seulement beau, il est aussi fun et ultra maniable !
Après examen du boîtier de jeu, on constate que le développement de cet opus à été confié à Crystal Dynamics, qui reprend donc après Core Design le flambeau d’une série considérée par beaucoup comme étant aux fraises (et peut-être pour toujours !), et le moins qu’on puisse dire c’est que la différence avec les précédents épisodes saute tout de suite aux yeux ! Une Lara croft relooquée et athlétique qui rushe au cœur de niveaux magnifiques sur un rythme ultra soutenu, une palette de mouvements fluides à rendre jaloux un certain prince de perse et une véritable trame donnant à l’héroïne une importance qui lui faisait jusqu’ici défaut, Tomb Raider Legend est une véritable cure de jouvence et on souhaiterais presque avoir découvert la série avec cet opus brillant et nerveux qui ne souffre que d’un défaut majeur, une durée de vie très limite (un peu moins d’une dizaine d’heures pour terminer l’aventure), et même si on le refait avec plaisir l’impression de rester sur sa faim demeure. Mais le coup est marqué et la nouvelle se propage : Lara is back ! Big time !
Ave Lara...
Courant 2006. Une rumeur enfle sur la toile! Un nouvel épisode de la saga serait sur le point de voir le jour. En effet les fans s’interrogent depuis peu au sujet d'un trailer disponible sur le net présentant un « Tomb Raider Anniversary Edition » à venir qui serait lui aussi développé par Crystal Dynamics.
Mai 2007. Ce n’est pas une arlésienne ! Tomb Raider Anniversary débarque sur les rayons des revendeurs, et là, bonjour la baffe !
Pour tous ceux qui s’y sont cru lors de leurs premières parties sur Playstation ou Saturn, c’est comme de découvrir le jeu à nouveau, et pour ceux qui n’ont pas eu la chance d'y jouer il y a 10 ans c’est l’occasion de succomber à la magie qui en ensorcela beaucoup à l'époque. Car Tomb Raider Anniversary reprend exactement la trame et la progression de l’histoire originale, ainsi que les niveaux et les boss ; mais là où les développeurs ont fait très fort, c’est en réinventant les dits niveaux et la façon de les aborder tout en restant en permanence respectueux et fidèles du modèle original.
L’ambiance est magnifiée par des graphismes somptueux et on a à nouveau (ça vaut le coup qu'on insiste dessus) vraiment l’impression d’être les premiers depuis des siècles à contempler des vestiges fabuleux et oubliés de tous.
Et joie ! Cette fois-ci Lara ne se mange plus les murs de face !
...morituri te salutant
On retrouve la même maniabilité du tonnerre que Crystal Dynamics avait mis en place sur Tomb Raider Legend (TR7, ok ?), et quand j’y repense, ça fait bizarre de se dire qu’a part ce dernier volet on a précédemment eu la patience de parcourir six épisodes dont la jouabilité était franchement limite.
Le personnage même de Lara y est aussi présenté sous un angle différent. Elle a gagné en humanité et fait nettement moins « chienne enragée » qu’avant (le retour de Toby Gard, appelé en tant que consultant sur le projet y est bien sûr pour beaucoup) ; « dépoussiérée » elle aussi, comme une relique dont on découvre la vraie splendeur après restauration passionnée. Je sais, c’est beau ce que je dis.
Même si Lara reste sexy (soyons sérieux, on parle de Lara Croft, pas de Mario), on sens bien la volonté de rendre à une icône malmenée son statut de légende et à la départir de cette image de pouffe siliconée qui lui collait aux pixels depuis son accession au titre d’ambassadrice du jeu vidéo nouvelle génération (d’ailleurs, si vous êtes familiers de la série, vous remarquerez que maintenant, quand Lara s’accroupit, elle ne se retrouve plus à quatre pattes « doggy style » comme c’était le cas depuis TR3. Mine de rien ça en dit long ). Certains joueurs vont y perdre côté libido malmenée. Le personnage lui y gagne en profondeur et le plaisir à l’incarner en est renouvelé.
Le prince de quoi ?
Un petit bravo au passage pour l’excellente partition de Troels Folmann qui reprend tous les thèmes musicaux du Tomb Raider original en leur insufflant une gouache pas possible. Une bande originale tantôt discrète, tantôt épique mais étonnante de justesse.
Enfin, précisons que ce ne sont pas les rares bugs du jeu ( étonnant non ?) qui terniront une aventure d’une bonne vingtaine d’heures.
Edition anniversaire oblige, le jeu contient de nombreux bonus à débloquer, notamment un comparatif prenant entre les visuels de la version d’origine et ceux d’aujourd’hui. On mesure alors vraiment la distance parcourue depuis 10 ans en terme de graphismes et d’atmosphère (quand je pense qu’à l’époque je pensais qu’on ne ferais jamais mieux !). D’ailleurs, si vous avez la chance de mettre la main sur un exemplaire de la version collector (à ma connaissance uniquement disponible sur PS2), n’hésitez pas. Vous y trouverez en plus un excellent documentaire sur la saga et un CD comprenant les musiques du jeu ainsi que celles de l’épisode précédent.
Je pourrais encore continuer pendant un bon moment (désolé Athanagor), mais je pense que l’essentiel est dit (tu m'étonnes, quatres pages!).
Bref, Tomb Raider Anniversary, c’est un hommage vibrant au mythe originel créé par Toby Gard et une véritable déclaration d’amour à sa création. Et pour l’amateur d’aventures virtuelles le plaisir est total !
Rien que pour ça le jeu mérite amplement sa note.
Et raison de plus d’attendre impatiemment la sortie de Tomb Raider Underworld en novembre prochain…