4/10Harmony : The Fall of Reverie - Test PC

/ Critique - écrit par Islara, le 08/06/2023
Notre verdict : 4/10 - Narration contre immersion ! (Fiche technique)

Tags : reverie harmony fall xbox nintendo jeux monde

Quand le studio DON'T NOD - à la genèse de la fabuleuse épopée Life is Strange - sort un nouveau jeu narratif, on prête forcément attention. Twin Mirror, sa dernière réalisation en la matière, ayant été très immersif bien que trop court, j'étais plutôt enthousiaste en m'installant devant Harmony : The Fall of Reverie. L'enthousiasme n'a pas duré bien longtemps malheureusement.

Tout commençait pourtant bien. D'abord, un scénario bien pensé mélangeant paranormal et futurisme dans un monde en dérive vers le totalitaire, avec comme personnage principal une héroïne aux prises avec un drame familial. Pas mal de thèmes intéressants étaient ainsi abordés.

Ensuite, le choix graphique, façon dessin animé dans les vidéos qui faisait drôlement du bien, avec en prime ses coloris vifs et éclatants. On ne le dira jamais assez : toutes les images de synthèse - même le plus belles, et elle ne sont pas la majorité - n'auront jamais la magie des images de dessins animés. 

Enfin, l'arborescence. On découvrait avec délectation, que le jeu, qui propose des scénarios alternatifs comme tout bon jeu narratif, fonctionnait avec une arborescence. Et comme je le disais il n'y pas si longtemps lors de mon test du magistral Paranormasight : The Seven Mysteris of Honjo, pour une bonne jouabilité et rejouabilité, pour une bonne fluidité dans la navigation entre les réalités parallèle, l'arborescence est obligatoire. Donc, c'était top de découvrir rapidement que Harmony : The Fall of Reverie disposait de cette arborescence.


Une arborescence, oui, mais trop omniprésente et aux règles confuses.

 

Mais au final, c'est par là que la bât a commencé à blesser. Très vite, le jeu nous impose de revenir très très souvent à l'arborescence, toutes les trois minutes à peine. Donc au lieu de gagner en fluidité, le jeu est cassé dans sa dynamique, et l'immersion dans l'histoire s'en ressent. C'est aggravé par le choix narratif : des dialogues trop courts, très synthétiques et descriptifs, si bien qu'au lieu de vivre une histoire, on a l'impression d'en lire une synthèse permanente. En plus, il y a tout un tas d'outils et de règles pas forcément très clairs, voire confus dans le fonctionnement de cette arborescence, ou alors c'est la présentation qui a donné une allure complexe à quelque chose de finalement simple. Je ne saurais dire.

Sans parler du fait qu'à part naviguer dans l'arborescence, on ne fait rien d'autre que lire ces fameux dialogues synthétiques dans Harmony : The Fall of Reverie. Pas de recherche, pas d'énigme à résoudre, pas de phases d'observations, pas d'exploration, rien à actionner, à faire bouger ou à déclencher. Zéro action de jeu en somme. Gloups !

Point de détail supplémentaire mais qui aggrave un peu les choses : Harmony : The Fall of Reverie a pris le parti de rédiger en écriture inclusive. Je n'ai rien contre, bien au contraire puisque sur Krinein on est amis avec Les Gameuses et puis j'utilise aussi souvent un style rédactionnel non sexiste et évoque toujours les joueuses et joueurs ou également le nom "autrice" à l'histoire très ancienne (le mot existait dès le Ier siècle, puis s'est perpétué au Moyen-Âge et à la Renaissance). Mais quand le jeu n'est fait que de dialogues un peu soporiphiques, se payer en plus l'écriture inclusive, ses points partout et ses mots inconnus rend la lecture déjà ardue encore plus lente. On se demande d'ailleurs pourquoi le jeu n'a tout simplement pas été doublé en Français alors que c'est un studio français qui est aux commandes... Le denier Life is Strange l'était pour sa part.

Bref, la conséquence de tout cela, c'est qu'on s'ennuie profondément dans Harmony : The Fall of Reverie. La recette et ses bonnes idées d'imaginer un autre monde avec des figures représentant les aspirations majeures des êtres humains (Félicité, Vérité, Liens, Pouvoirs, Chaos, Gloire), découvrir vers quelle tendance chacun(e) d'entre nous se serait dirigé, ça aurait vraiment pu être génial, cela aurait pu donner une excellente rejouabilité. Mais, non, ça n'a pas pris. 

Life is Strange, Twin Mirror et le très récent et magistral Paranormasight : The Seven Mysteris of Honjo sont passés par là. Les jeux narratifs à scénarios alternatifs, genre prisé et exigeant dans ses mécaniques et sa construction ainsi que son scénario, nécessitent avant tout une narration immersive, et une immersion tout court comme n'importe quel jeu vidéo qui se veut réussi. Harmony : The Fall of Reverie a manqué le coche par sa narration et son rytme déséquilibrés et bancals. Vraiment dommage.


Des dialogues trop descriptifs, elliptiques et synthétiques et une narration trop souvent interrompue.