La femme est un joueur comme les autres #4 : Islara

/ Interview - écrit par Guillom, le 25/12/2013

Les joueuses sont nombreuses, environ 42% selon Entertainment Software Association (étude de 2010). Pourtant, elles sont bien souvent ignorées des concepteurs, marketeurs, éditeurs et autres distributeurs. Attention, personne ne souhaite se priver de la moitié des parts du marchés. Il existe des jeux pour filles : Léa passion ci, Léa passion ça... Il paraîtrait même que des classiques tels que Les Sims et Wii Sports se destinent à un public féminin ! 

Lasse de ces stéréotypes, Islara a choisi de balayer nos préjugés débilement virilistes (ou plutôt d'illustrer sa réflexion sur les genres et le jeu vidéo) en faisant le portrait de trois joueuses présentes sur Krinein. Une preuve par l'exemple : les femmes elles aussi jouent, parfois à des jeux réputés "masculins". La démonstration fut efficace... à un détail près : Islara oublie de raconter sa propre expérience. Heureusement, votre humble serviteur est là pour combler de telles lacunes. 

Islara, rédactrice Krinein en jeux video (interview recueillie par écrit)

1) Quel a été ton premier jeu vidéo ?


Yu-Gi-Oh, le b-aba d'Islara

En fait, j’en ai eu trois d’un coup, lorsqu’à 15 ans nos parents nous ont offert, à ma sœur et moi, un superbe Atari 520 STE (c’était le top du top à l’époque). Il y avait Twinworld d’Ubisoft (de la plate-forme bien comme il faut, où on doit tout réussir sans sauvegarder, où on recommence 1000 fois avant de finir). Bien que j’aie fini le jeu, ça m’a dégoûtée de la plate-forme à vie (j’y reviens seulement un peu maintenant). Le deuxième, c’était Targhan de Silmarils, une sorte de mélange d’aventure-action dans un univers médiéval fantastique qui m’avait beaucoup plu. Il était assez dur et j’avais bloqué à un endroit pendant pas mal de temps. Après avoir trouvé, j’ai un souvenir assez exaltant de la suite puis de la fin, et du plaisir intense de trouver par soi-même. Le troisième et dernier, c’était le génialissime Les Voyageurs du Temps de Delphine Software, Paul Cuisset, LucasArts, Eric Chahi. J’ai bloqué tout au début et ai dû aller demander une solution sur le minitel (je rigole en repensant à cette drôle d’époque du minitel) et après, je n'ai pas décroché. Forcément, ça a été le début d’un amour sans faille pour le point’n click dans ma vie de joueuse.

2) Quels sont tes 5 jeux préférés ? (sans distinguer les opus d’une série)

Sans hésitation : Myst, Zero Escape, Ace Attorney, Yu-Gi-Oh. Pour le cinquième, j’hésite entre trop de titres pour donner une réponse qui serait vraiment sincère. Les trois premiers de cette liste de jeux m’ont vraiment fait vivre de grands moments d’intensité émotionnelle, de suspense et de fumage de cerveau incroyables. Quant à Yu-Gi-Oh, c’est vraiment l’immense richesse des combinaisons, l’anticipation, le bluff, la stratégie à mettre en œuvre, et l’intensité des duels qui me plaisent.

"Je n’offrirais pas non plus certains jeux où l’image de la femme est sans équivoque et volontairement très dégradée (pour des questions marketing)"

 3) Qu’est-ce que tu as eu comme consoles à toi ? Et celles de ton entourage dont tu as profité ?

À moi, j’ai donc eu un Atari STE, puis un PC où j’ai découvert la série Myst, puis bien longtemps après, une GBA car j’aimais les jeux de course et mon copain m’avait fait découvrir Mario Kart. Je me suis mise très tard aux consoles car, ayant toujours joué sur ordi, c’était très arriéré à mes yeux de jouer avec des boutons, comme du temps des petits jeux électroniques qu’éditait Nintendo. Ce n’est que quand la DS est sortie puis la Wii, que je me suis mise aux consoles, puisque la DS était tactile, ce qui était une révolution, et la Wii en détection de mouvement, ce qui était une autre révolution. Dans mon entourage, personne ne jouait, si ce n’est ma sœur mais elle jouait aussi sur PC, puisqu’elle avait aussi démarré avec un ordi Atari. Donc je n’ai jamais profité des consoles d’autres personnes. À ce jour, j’ai un PC, deux DS, une 3DS, une PSP qu’on m’a donnée et une Wii U (mais c’est mon mari qui a tenu à l’acheter).

4) Tu préfères les jeux en solo ou en multi ?

Pour certains titres, comme Yugi ou Mario Kart et d’une manière générale les jeux où le principe de base est d’avoir des adversaires (combat, courses, etc…), le multi est à mes yeux l’essence du jeu. Donc dans ces cas-là, je préfère de très très loin le multi. Mais ayant un faible comme tu l’auras compris, pour les jeux de réflexion, je joue surtout en solo, dont j’apprécie d’ailleurs l’indépendance et la liberté que ça apporte.

5) Quels sont tes genres de prédilection ?

Sans donc me répéter (mdr) : réflexion (et toutes ses déclinaisons : aventure/réflexion, visual novels, point’n click, réflexion pure, etc…) ; course (j’ai un souvenir ému de F-ZERO) ; beat’em all médiévaux ; jeux de cartes modernes.


Des objections ?

 6) Puisqu’on évoque les risques du jeu vidéo, offrirais-tu des jeux vidéo aux enfants de ton entourage ?

Eh bien, vu que j’ai refilé à ma fille de 5 ans et demi ma vieille DS bleu turquoise pour qu’elle joue à Mario Kart (j’en avais marre de la voir jouer à un jeu de course débile sur le téléphone de son tonton), la réponse est forcément oui. Mais bien sûr, je limiterais le temps de jeu, et clairement je limiterais certains genres selon l’âge. Je n’offrirais pas non plus certains jeux où l’image de la femme est sans équivoque et volontairement très dégradée (pour des questions marketing), surtout si j’offre le jeu à un garçon/un ado. Même si l’influence de ces images ne serait que partielle, surtout si le gamin est sensibilisé au sexisme, j’en fais une question de principe. Bref, c’est du boycott, je ne vais pas agir contre ma propre nature.

7) Petite note statistique : niveau d’études, âge, statut marital ?

Bac + 6 ; 36 ans ; mariée deux enfants.