7.5/10Sacred 2 : Fallen Angel - Test

/ Critique - écrit par gyzmo, le 25/11/2008
Notre verdict : 7.5/10 - Diablo 2.5 ? (Fiche technique)

Tags : sacred fallen angel test monde quetes personnage

Deux extensions et quatre années plus tard, les développeurs allemands de chez Ascaron sortent enfin de l’ombre avec une préquelle, se déroulant une fois encore dans l’univers fantastico-médiéval de Ancaria.

La plupart des Trolls de notre monde n’ont que ce PMT* à la bouche dès qu’il s’agit d’invoquer le Roi des hack’n slash : Diablo. Pourtant, le royaume du genre est peuplé d’autres titres qui valent largement leur pesant d’or. Parmi eux, Sacred (2004) avait connu son heure de gloire et ce, malgré les innombrables bugs qui lui rongeaient alors la moelle épinière. Deux extensions et quatre années plus tard, les développeurs allemands de chez Ascaron sortent enfin de l’ombre avec une suite – ou plutôt une préquelle, se déroulant une fois encore dans l’univers fantastico-médiéval de Ancaria.


Premier constat : Fallen Angel est l’occasion pour ses démiurges de se mettre à la page et de montrer qu’ils savent parfaitement adapter leur franchise à la troisième dimension. Au final, alors que les oiseaux de mauvais augures ont pu croire que ce remodelage ne permettrait pas de faire aussi spacieux que Sacred, les architectes de ce second opus réussissent non seulement à relever le défi, mais en plus, ils ont eu la folie des grandeurs. La légende parle d’ailleurs de 70km² de terrain à parcourir. Un record vertigineux à vous filer par avance des grosses cloques aux pieds, écrasant du haut de son challenge le minuscule 40km² d’un Oblivion. Et à vrai dire, lorsque le joueur découvre dans son intégralité la carte de Ancaria qui s’offre à lui, la légende prend corps et l’idée d’être pris au piège dans un jeu à la durée de vie indéfinie devient la seule vérité. Le level design et les ambiances de cette histoire presque sans fin sont tout autant mirifiques. Les architectures des immenses cités ou des copieuses bourgades s’adaptent en fonction du territoire parcouru. De nombreuses petites zones rigolotes attendent d’ailleurs d’être découvertes aux quatre coins de la gigantesque map, laquelle révèle les détails de sa cartographie au fil de notre progression au mètre carré. Et pour peu que l’on sache faire la différence entre les différentes espèces végétales et animales modélisées pour le jeu, le dépaysement est souvent garanti. Il en va de même du bestiaire, certes peu original, mais très bien approvisionné (respawn powa). Cependant, tous ces ennemis et monstres à affronter s’adaptent à votre niveau d’expérience. Ainsi, un prestigieux guerrier passé maître dans l’art de la défonce devra se farcir de petits rongeurs aussi surpuissants que lui, alors qu’un gringalet de débutant sera à forces égales devant la masse musculaire imposante d’un Champion Orc… Une fantaisie - sans doute tributaire de la totale liberté de mouvement laissée au joueur, qui rend malheureusement le titre extrêmement brutal mais facile pour n’importe quel habitué des hack’n slash.


Au-delà de l'allure tridimensionnelle, la formule magique a subi quelques autres modifications. Depuis Sacred, les guerriers Séraphin sont les seuls survivants parmi les différentes classes disponibles : Haut elfe (la magicienne des temps modernes), Dryade (le Nicolas Hulot du combat à distance), Gardien du temple (chacal croisé entre Anubis et les restes d’un Terminator), Guerrier noir (bourrin de service) et Inquisiteur (dans le rôle du méchant) constituent donc le nouveau vivier d’Avatar aux compétences et pratiques de jeu divergentes. Au détour d’une quête annexe sur l’île des Montures, chacun de ses individus – en plus de débuter à un endroit distinct de la carte, aura l’occasion de chevaucher une bestiole particulière et foutre le souk dans les rangs adverses ! Et croyez-en votre narrateur : une fois que l’on a vu un Guerrier noir et son Chien des enfers ne faire plus qu’un, ça file les pétoches. Le système de combos, quant à lui, est toujours d’actualité à une différence près : plus besoin d’un professeur pour en apprendre les rouages. Tout se concocte désormais au bon vouloir du joueur dans le menu dit des Arts du Combat. Ceux-ci seront bien utiles pour résoudre la longue quête principale qui, avec son entame pas terrible, n’accroche pas des masses. Ca se débloque un peu par la suite, mais au détriment d’un scénario académique. Les bonnes surprises épiques viendront des quêtes respectives de chaque personnage et de la multitude de missions annexes, une fois encore, revues à la hausse (immensité du décor oblige). Au premier abord, ces dernières sont en grande partie primitives : rapporter un objet, escorter un pnj, casser du monstre à tire larigot. Le tout, pour trois copecks et un peu d’xp… Les tisseurs de quête ont tout de même fait l’effort de mettre en place des quêtes secondaires à plusieurs niveaux. Evidemment, ça se termine souvent par un joyeux bain de sang. Mais après tout, on ne lance pas un hack’n slash pour se la jouer négociateur ou fou du roi. Quoique… A l’instar de son prédécesseur, Fallen Angel se démarque réellement de la concurrence pour son humour omniprésent et décalé. Au cours du jeu, il n’est donc pas rare de tomber sur des objets compléments improbables et des situations incongrues. De la quête annexe burlesque aux lignes de commandes surprenantes de l’écran de téléchargement, sans oublier les répliques cultes ou les épitaphes à tomber sous terre, rien n’échappe à cette marque de fabrique des plus appréciables.

Avec cette nouvelle mouture, Ascaron fait le plein de bons points et s’impose en tant que possible référence du hack’n slash. C’est grand, c’est beau, c’est nerveux. Mais les prises de risques du développeur sont minimes et n’amènent rien de bien nouveau dans le paysage du genre. D’autre part, pour tous ceux qui ne peuvent pas patcher le titre, les perpétuels bugs qui submergent Sacred 2 risquent de refroidir le plaisir et de faire lâcher prise assez rapidement. Dommage. Car derrière ces désagréments, le périple mérite qu’on s’y attarde. Des heures, des semaines, des mois. Bref. De quoi largement voir venir avant le retour si attendu du Roi.


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*PMT : syllabes de Porte, Monstres et Trésors.