7.5/10Spirit Hunter : Death Mark II - Test Nintendo Switch

/ Critique - écrit par Islara, le 05/05/2024
Notre verdict : 7.5/10 - L'essentiel y est (Fiche technique)

Tags : nintendo switch death mark hunter spirit jeux

Death Mark, la référence en matière de visual novel d'épouvante est de retour sur nos consoles depuis le 15 février dernier, avec un remarquable épisode II. Quoi de neuf dans ce nouvel opus ? La magie est-elle toujours au rendez-vous ? Rappel : comme ses prédécesseurs, Death Mark II est en japonais et anglais uniquement.

Au risque de me répéter, je rappelle que Death Mark est l'exact équivalent en jeu vidéo du thriller d'épouvante, avec touche d'horreur, si ce n'est que c'est un visual novel, ou roman  graphique, genre propre à nos amis japonais et qui mélange jeux vidéo de réflexion, avec une dose plus ou moins importante de scénarios alternatifs et d'action.

Appartenant à la série Spirit Hunter, il en est le 3ème volume après Death Mark et Spirit Hunter NG, mais il est le deuxième Death Mark. Concrètement, cela signifie que l'on retrouve et incarne le même personnage principal que dans le premier épisode. On retrouve aussi avec plaisir de nombreux anciens personnages secondaires, même s'ils ne jouent pour beaucoup qu'un rôle anecdotique.


Le retour du personnage principale et des "mark bearers".

 

Dès la prise en main du jeu, on constate que certaines choses n'ont pas du tout changé : on est toujours à H City, il y a une nouvelle rumeur urbaine de lieux hantés et d'esprit maléfique, le jeu fonctionne toujours en images fixes avec quasiment aucune vidéo, les doublages sont minimalistes mais les musiques toujours aussi envoutantes qu'omniprésentes et épouvantablement mélodieuses.

Mais on constate très vite aussi de véritables nouveautés et évolutions. La plus marquante (sans jeu de mot) est le choix fait par les développeurs de nous proposer, la moitié du temps, des possibilités de véritables déplacements du personnage en 2D dans les différents lieux. Volonté de moderniser un peu l'aventure et de lui donner un peu plus de vie ? Probablement, sauf que la 2D c'est de l'univers rétro donc pas très moderne. De ce fait, si au départ, j'ai trouvé ça sympathique, à la longue en réalité, je me suis rendu compte que cette nouvelle interface ralentissait un peu l'aventure. Car au final, on courait ou avançait toujours plus ou moins dans le même couloir.


Une nouvelle navigation en 2D sans réel intérêt : combien de fois ai-je couru dans ce foutu couloir ?

 

Côté expérience de jeu, Death Mark II dipsose d'un menu plus fouillé que jamais et alterne toujours entre phase d'enquête et d'affrontement, à ce détail près que ceux-ci s'appellent désormais "Suspensive Act" et non plus "Live or Die". Pas de grand changement, ce sont de simples choix d'action avec tout le temps qu'on veut, mais on y prend toujours autant de plaisir : rien n'est laissé au hasard, tout choix est logique et basé sur les découvertes de l'enquête, que l'on peut consulter à loisir dans le menu très détaillé. Seule déception : c'est globalement un peu trop facile dans ce nouvel épisode. Mon personnage a dû mourir 4 fois en tout et pour tout. J'ai beau détester le "die and retry", là on était à l'extrême inverse.

Autre évolution, mais plus anecdotique, c'est l'ajout d'une petit dose de jeu de rôle, avec collecte de "lost souls" permettant à la fois d'augmenter sa jauge maximale de vie et d'acheter des améliorations pour se prendre moins de dommages lors des confrontations avec les spectres et esprits. Même constat que précédemment : dans l'aboslu, ça paraît sympa, mais à l'usage ça ne fait que ralentir l'avancée dans l'intrigue car on perd du temps à fouiller chaque zone de fond en comble pour être sûr de ne manquer aucun "lost soul". Résultat, l'intrigue se trouve hachée et on perd un peu ce qui fait l'essence de Death Mark : son histoire captivante et "marquante".


Des confrontations avec les spectres toujours aussi réfléchies.

 

Et heureusement, dans Death Mark II, cette intrigue brille toujours particulièrement par son sens du détail, sa grande complexité et sa capacité à créer une ligne directrice entre chaque chapitre, tout en donnant à chacun une certaine indépendance. Elle est aussi toujours dotée d'une dimension émotionnelle subtile. Car, loin de tomber dans un manichéisme trop souvent présent dans les jeux d'horreur, Death Mark II nous oblige à comprendre ces spectres mortels effrayants, à découvrir leur tragique histoire et le chemin terrifiant qui les a amenés dans l'état terrible où ils se trouvent, pour pouvoir ensuite les affronter. Ainsi, il ne s'agira pas de les tuer comme de vulgaires méchants, mais de découvrir à travers leur tortueux parcours comment les affaiblir. Ainsi, point de "happy end", des morts nombreuses, y compris parmi nos amis et personnages auxquels on s'était attaché. 

Une importante nouveauté a été cependant introduite dans la construction du scénario : la ligne directrice prend beaucoup plus de place et les histoires indépendantes en deviennent presque secondaires à partir du chapitre III, si bien qu'il s'est avéré impossible que je note indépendamment chaque chapitre. Soit les chapitres étaient trop courts, soit ils n'avaient même plus d'histoire secondaire. En réalité sur les 7 chapitres, seuls trois comportaient un scénario autonome propre, plus un quatrième rachitique mais vraiment trop court. C'est peut-être la seule nouveauté valable à mes yeux. Cette nouvelle construction scénaristique donne une force à l'intrigue générale assez inégalée et rend la fin du jeu absolument extraordinaire. Outre le classique affrontement finale particulièrement long et intense et une explication en béton armé où tous les morceaux du puzzle se recollent, la conclusion de Death Mark II laisse une impression particulièrement amère et terrible. L'état d'esprit de Death Mark consistant à nous mettre à l'écoute totale de la souffrance de l'autre, et nous faire comprendre comment cet autre est devenu un monstre, est probablement à son paroxysme dans Death Mark II et son grand méchant : "The Departed".


Un nouveau grand méchant inégalé : The Departed.

 

De ce fait, il n'y a plus de fins alternatives à chaque chapitre, lesquelles conditionnaient l'accès à la vraie fin du jeu. Mais pour autant, il y a quand même trois fins dans Death Mark II : une mauvaise fin si on se trompe dans la déduction ultime du jeu et de l'identité du grand méchant, une bonne fin si on fait la bonne déduction - mais comme je le disais, on est très loin du "happy end" - et une VRAIE fin quand même où on arrive à faire reposer définitivement en paix le spectre du grand méchant. Regret néanmoins : pour le coup, c'est vraiment compliqué d'accéder à cette vraie fin même si parfaitement logique (voir solution ci-après).

Conclusion

Death Mark II conserve les forts atouts de ses prédécesseurs : un scénario exceptionnel extrêmement fouillé, doté de plusieurs fins, conforté par une ambiance artistique horrifique de haut vol. Cependant, toutes ses nouveautés ne sont pas judicieuses. Seule la nouvelle construction scénaristique lui donne un nouvel élan, alors que l'expérience de jeu en 2D et la recherche de lost souls amoindrissent autant le rythme que l'ambiance. Cet opus reste cependant incontournable si vous avez aimé les précédents épisodes. En plus, il y a encore un chapitre bonus.

Résumé :

- Durée de vie : 20H (sans le chapitre bonus)
- Difficulté : haute quelques fois, un peu trop facile globalement
- Graphismes : 2/5 (les planches graphiques ont géniales, mais il n'y a que de l'image fixe)
- Bande originale et sons : 4/5
- Scénario : 4,5/5
- Jeu en anglais uniquement


Une intrigue principale exceptionnelle secondée brillamment par trois histoires indépendantes.

 

Solution : comment accéder à la vraie fin de Death Mark II

Avant toute chose, il faut d'abord finir le jeu une première fois avec la bonne fin. De plus, même si je ne suis pas sûre que ça ait une incidence, il me paraît logique lors de cette première fin de choisir que l'on pardonne à The Departed.

Ensuite, il faut cliquer sur "continuer" dans le menu (et non pas "nouvelle partie") afin que notre première réussite soit prise en compte. Et là, il faut choisir de reprendre au chapitre 6 (merci au jeu d'avoir prévu ce chapitrage et des unités de sauvegarde à l'infini).

Franchement, je n'y aurais pas pensé sans aller voir la solution, mais rétrospectivement, il est clair qu'il y a une scène dans ce chapitre 6 qui était très ambivalente et que les choix avaient forcément des conséquences pour la suite.

Il y deux passages qui changent tout dans ce chapitre 6 :

1) lors du dialogue mouvementé avec la Professeur Sakamoto dans la "Faculty Room", il faut chosir de la convaincre lorsqu'elle nous parle de Michiho et Himeko. La Professeur cessera alors de chercher des noises à notre personnage, ce qui empêchera The Departed de s'en prendre à elle.

2) lors de la confrontation dans la tour avec The Departed, il ne faut pas tenter de l'agresser (sinon, il nous en voudra plus tard). Donc, dans l'acte 1 du Suspensive Act, il faut juste le menacer, et non le frapper, avec la clé à molette (wrench). Puis dans l'acte 2, il faut juste se défendre avec le pied-de-biche (crow bar).

Il y a ensuite des choix cruciaux dans le chapitre 7 :

1) accepter le petit-déjeuner de Himeko et choisir "vaguely" quand on va à la tour avec elle.

2) après avoir vaincu The Departed, il faut retourner dans la tour. Et là, vous aurez le sésame.

Bon jeu !

Une 3ème fin secrète durement accessible.