8/10The Witness - Test PC

/ Critique - écrit par Islara, le 20/04/2022
Notre verdict : 8/10 - Boire jusqu'à plus soif de la réflexion (Fiche technique)

Tags : witness ile test enigmes puzzles video playstation

On regrette souvent que les jeux de réflexion à l'ancienne, façon point & click, soient de plus en plus rares. Ils furent légion dans les années 90, certains devinrent légendaires comme Myst. Donc lorsqu'en 2016 sortit The Witness, un jeu de pure réflexion qui pouvait tenir jusqu'à plus de 40H, ce fut le choc à bien des aspects. Retour sur cette aventure avec un peu de recul.

Sur Krinein, on aime les jeux de réflexion, donc forcément on ne pouvait pas attendre plus longtemps pour parler de The Witness. On pourrait en tartiner des dizaines de pages tant sa richesse est infinie et tant le concept de base fut exploité jusqu'à la dernière goutte. Mais ce serait trop. Alors je vous propose un condensé qui n'a que deux objectifs : louer ce chef-d'oeuvre même s'il a quelques défauts assez rudes et, pour les fans de réflexion qui seraient passés à côté, vous inviter à l'apprécier par vous-même. Bref, à y jouer car il est incontournable.

Fait étonnant, sachez avant tout que ce jeu, un peu comme Lemma, peut se résumer à un seul nom : Jonathan Blow, ce qui est rare en jeux vidéo. Même si toute une équipe, y compris artistes, architectes et paysagistes, était derrière lui, il est le véritable auteur à la source de la trame entière du jeu. Il avait préalablement réalisé le très réussi Braid en 2009 et se lança 8 longues années dans la création de The Witness.

Venons en au fait presque ubuesque voire grotesque : imaginez un quadrillage ou une ligne sur un panneau, un rond au départ, une flèche à l'arrivée. Le concept de The Witness est de faire un tracé en partant du rond pour aller à l'arrivée. Bref, d'aller d'un point A à un point B. Voilà, c'est tout. Et ça vous tient plus de 40H. Délirant, non ? Impossible ? Ben si, c'est possible. Pourquoi ? Parce que comme dit plus haut, ce concept ultra simple a été usé jusqu'à la corde dans toutes ses potentialités. Exemples : séparer des cubes dans le quadrillage, faire des paires, calquer un son, reproduire des bouts de tetris, créer un chemin, reproduire un chemin au sol, trouver un chemin grâce à des rayures, des ombres, des branches, séparer des couleurs, tenir compte des variations de couleurs selon le point de vue et les vitres, et puis vous mélangez peu à peu tout ça.


Aller d'un point A à un point B mais pas n'importe comment, et ça active des tas de machines.

 

Et évidemment, cela n'est pas proposé de manière absurde et isolée, comme une accumulation d'énigmes déconnectées d'une histoire, façon Pr Layton. Non, non, non, nous sommes sur une grande île, seul(e) à déambuler et tous ces quadrillages sur des panneaux activent des machines complexes, font partie d'un tout où tout est lié, et l'on essaie peu à peu de comprendre à quoi tout cela sert. C'est là que The Witness se rapproche de Myst et des opus qui ont suivi. On aura même une jolie petite barque qui fonctionnera comme tout le reste avec son tracé du point A au point B. C'est ça qui est assez fou dans The Witness : on n'active rien, on ne bouge rien, on ne fait rien sans ce tracé du point A au point B. Et même si le jeu est assez fixe et qu'il n'y a pas de gros moteur Unreal Engine, le jeu vit et il y a de nombreuse séquences animées. Et si le choix des textures graphiques est délibérément sans finesse ni détail, il n'est pas grossier, est au contraire très esthétique et, du coup, il passe à merveille.

En fait, ce qui fait renâcler dans The Witness - il est extrêmement rare que je l'écrive - c'est le niveau de difficulté très ardu. Oh mazette, qu'est-ce qu'on en bave ! Pourtant, le jeu est progressif et hyper pédagogique, mais il y a des moments, franchement, on ne pense tout simplement pas à l'idée lumineuse. Genre, la branche par terre pour reconstituer un schéma manquant, ben non, pour ma part, je n'y ai pas pensé et j'ai dû consulter 8 ou 9 fois des guides au cours du jeu. Idem avec les petits panneaux qui semblent ne servir à rien avec des triangles. Je me doutais bien qu'ils avaient leur utilité, mais je n'ai jamais trouvé leur logique. Pas grave. J'en ai résolu des centaines d'autres, alors je m'en remets même si j'ai horreur d'aller voir la solution.


Activer des lasers, seul(e), sur une île déserte.

 

De ce fait, au bout d'un moment à The Witness, on est saturé(e) jusqu'à plus soif tant on a fait cramer nos neurones. Le plus rude, c'est quand on croit avoir fini le jeu, et que ben non, il y a une fin secrète, des tas de tracés encore cachés dans le paysage, et une longue série de nouveaux panneaux dans la montagne. Une petite pause avec un ou deux jeux est de ce fait recommandée. Mais ne faites pas un pause trop longue, sinon vous perdrez votre niveau. Les jeux de réfexions, c'est comme le sport : quand on arrête trop longtemps, on joue moins bien après.

Autre petite ombre au tableau : Jonthan Blow a purement et simplement oublié la musique ! Original jusqu'au bout The Witness, y compris dans ses défauts, ha ha. Bon, ce n'est pas hyper dramatique, j'étais tellement absorbée que j'y ai pas trop fait attention, mais avec de la musique en plus, le jeu aurait probablement obtenu un niveau d'immersion assez exceptionnel vu qu'il était déjà capable de nous immerger même sans musique.

Pour finir, on saluera les séquences dans la montage pour accéder à la première fin. Elles changent un peu toutes les règles et nous rappellent un chouilla Portal avec ses grandes salles délabrées et ses gigantesques passerelles.

Conclusion

Un jeu de réflexion hyper original, dans un île déserte à explorer façon Myst, minimum 40H pour tout finir fin secrète incluse, des mécanismes hyper variés, pas de musique mais tant pis, de la progressivité mais un niveau de fou, voilà la recette miracle de The Witness, mais à réserver fatalement aux initiés.


L'excellente phase finale dans la montagne qui casse les codes.

 

Crédits : quelques astuces

- On peut accéder à l'intérieur de la montagne et à la première fin si on a activé 7 lasers, mais il y a 11 lasers en tout à activer. Si vous activez les 11, vous allumerez alors un câble supplémentaire puis pourrez accéder à un passage secret.

- Activer le laser du village nécessite d'avoir exploré et avoir compris tous les mécanismes des différentes zones de l'île, donc gardez le village pour la fin.

- Résolvez les panneaux aux triangles disséminés sur l'île, faites des captures d'écran, cela vous aidera pour le passage secret de la montage.

- Il y a de très nombreux tracés géants à faire dans le paysage lui-même (le départ est toujours de forme circulaire). Les faire activera les piliers noirs que vous verrez un peu partout et vous donnera accès à la fin secrète.

- Dans le moulin, il y a un tunnel secret avec des vidéos philosophiques à débloquer. Pour cela, il faut 6 schémas cachés un peu partout sur l'île. Si vous tombez sur l'un d'eux, pensez donc à faire une capture d'écran.


Même pour naviguer, on fait un tracé. Tout se fait par un tracé.