8/10No More Heroes 2 - Desperate Struggle - Test

/ Critique - écrit par Mandark, le 25/06/2010
Notre verdict : 8/10 - Otaku au taquet (Fiche technique)

Tags : more heroes jeux travis premier struggle desperate

Suite directe d'un soft unique en son genre, No More Heroes 2 reprend avec brio les éléments qui ont fait tout le sel du premier épisode et améliore encore son rythme. Touchdown!

La Wii est décidément une petite machine bien plus coquine que ce que l'on pourrait penser quand on voit les jeux qui sont généralement mis en avant dans les multiples plages de pubs télévisées, qui vantent dans le même temps les mérites de diverses conventions obsèques et autres appareils fabuleux permettant de grimper à l'étage à la vitesse d'un escargot emballé, confortablement assis dedans sans avoir à se servir de ses cannes. Alors oui certes, une fois planté devant le mur de titres dispos sur la console chez son revendeur habituel on assiste à une prédominance certaine de jaquettes aux couleurs chatoyantes, montrant des plombiers transalpins moustachus et des familles trop heureuses de sauter en cœur et un grand sourire aux lèvres sur des balances en plastoc et des tapis mous. Regardez bien, même le chien à l'arrière plan de la photo à l'air de prendre sa patte! Que de joie, de rires, de pleine santé et de bons sentiments! Ahhhh, que c'est bon, que c'est frais...

Mais parfois, cachés dans cette masse de féerie ludique, on peut apercevoir quelques titres qui font tâche dans la sélection, pour le plus grand bonheur de ceux d'entre nous qui préfèrent distribuer de violentes raclées plutôt que des bisous baveux (comme dans la vraie vie en fait).

It's badass time!

MadWorld, Manhunt 2, House of the Dead Overkill, No More Heroes, ces trublions ont en effet en commun de s'adresser à un public adulte en jetant aux orties tout ce qui pourrait être politiquement correct pour revendiquer un fun qui puise ses origines dans le sang, la violence et l'humour acide.

Back in action!
Back in action!
Presque tous ont été des échecs commerciaux, ce qui n'est pas étonnant quand on sait que la petite boite blanche de Big N a un cœur de cible que l'on qualifiera de familial et que ceux qui se définissent en tant que serious gamers ont choisit de jouer sur PC ou consoles HD over puissantes of the dead, où là du coup les titres 18+ pullulent. O combien plus rares sur Wii, certaines productions hardcore continuent malgré tout à voir le jour régulièrement, en témoigne ce No More Heroes 2 – Desperate Struggle, suite déjantée du titre déjà bien barré cité plus haut et qui avait fait sensation il y a deux ans.

Pour ceux qui ne se seraient jamais essayé à No More Heroes, l'histoire raconte l'ascension d'un assassin otaku obsédé et gouailleur du nom de Travis Touchdown de la onzième à la première place du classement de l'U.A.A (United Assassins Association) de la ville de Santa Destroy, à la fois parce tant qu'il ne sera pas numéro uno tous ceux qui sont derrière n'auront de cesse de vouloir sa peau, et aussi (surtout?) contre la promesse de passer une nuit enflammée avec l'organisatrice du tournoi, la très chaude Sylvia Christel (aucun lien cependant avec l'actrice d'Emmanuelle). Un pitch déjà pas piqué des vers qui donnait lieu à un jeu pour le moins atypique, enragé et bourré de références « contre culturelles », totalement jouissif malgré certains défauts assez bigs.

Rrrrrrrrr......
Rrrrrrrrr......
Dans No More Heroes 2 Travis, toujours armé de son katana laser, reprend du service dans la compétition, cette fois pour venger la mort de son pote Bishop (le proprio du vidéo club où il se fournissait en cassettes pornos), explosé à bout portant au début de l'histoire par les hommes de mains du propriétaire de la chaine « Pizzas Butt » dont l'ambition est d'avoir le contrôle total de Santa Destroy. Et le hasard faisant bien les choses il s'avère que l'ordure en question se trouve également être la nouvelle tête de liste du classement de l'U.A.A depuis que Travis a pris sa retraite. Seulement cette fois pour se faire justice (et accessoirement pouvoir enfin passer une nuit avec la belle Sylvia, ce qui n'avait finalement pas eu lieu dans l'opus précédent), Travis doit partir de la cinquante et unième et dernière place du classement!

Toujours réalisée sous l'égide de Suda51 (Killer7), qui cède cependant sa place de réalisateur, se contentant ici du poste de directeur exécutif, la suite de No More Heroes conserve les forces et les faiblesses de son ainé. On retrouve donc un terrain de jeu à l'échelle de la ville avec toujours la possibilité d'alterner entre la quête principale, les missions annexes et les lieux de détente et d'upgrade. Ainsi c'est toujours dans sa chambre du motel « No More Heroes » que Travis pourra se relaxer en jouant sur sa console à un manic-shooter un brin fripon, faire faire de l'exercice à Jeanne, son chat, pour qu'elle perde ses quelques kilos en trop (et aussi la nourrir pour qu'elle ne déprime pas), lire ses revues de catch pour débloquer de nouvelles prises, passer par la garde robe pour varier son look (toujours punk) et bien sûr poser son séant sur le trône pour se soulager d'une bonne pêche qui fera office de sauvegarde.

Les petits boulots font aussi leur retour, toujours aussi débiles (et quasiment tous jouables sous la forme de vieux softs 8bits) comme la chasse aux insectes, la récupération de débris au dessus de la stratosphère, la collecte de noix de coco ou encore satisfaire les clients d'un resto en leur servant la viande à la cuisson exacte demandée. Tout cela rapporte bien sûr des brouzoufs que l'on pourra ensuite dépenser en sapes, en entrainement physique (pour augmenter sa force et son endurance) ou, plus intéressant, en nouvelles armes (dont un très classe double katana laser).

Sus aux noix de coco!
Sus aux noix de coco!
Deux différences majeures avec No More Heroes sont cependant, et heureusement, à noter: à l'exception d'une courte séquence vers la fin du jeu on ne se déplace plus dans Santa Destroy à moto (un des reproches, justifié, fait à No More Heroes en son temps, tellement ces phases « à la GTA » étaient raides et tellement les rues étaient vides et ultra limitées en termes d'interactivité), et il n'est plus nécessaire de réunir des fonds pour payer les droits d'entrée à chaque nouvelle étape du tournoi. Le jeu y gagne indéniablement en rythme.

Mais l'élément central de No More Heroes reste le tournoi de l'U.A.A, et cette nouvelle itération n'a rien à envier à son grand frère à ce niveau là. Le schéma n'a pas changé depuis la dernière fois, à savoir tailler dans le gras d'une plus ou moins grosse bande de sbires avant d'affronter un boss, et c'est justement ces grands méchants qui font de nouveau tout le sel du jeu. Prince du funk armé d'un ghetto-blaster qui crache des missiles, idole du football américain combattant avec ses pom-pom girls dans un immense mécha, jeune fan amoureuse de Travis qui pour lui prouver son amour tente de le découper en rondelles à l'aide d'une flute qui se transforme en double katana laser, cosmonaute déclenchant d'énormes tirs grâce à un satellite en orbite dans l'espace au dessus du champ de bataille ou samouraï motorisé, No More Heroes 2 joue en permanence la carte du délire assumé avec des gueules mémorables (dont certaines sont de vieilles connaissances pour ceux qui ont joué au premier volet) et des répliques cinglantes souvent bien trash. Pas spécialement difficiles à battre (une fois qu'on a compris leurs patterns) ils donnent quand même un minimum de fil à retordre à notre anti-héros et en tout cas assurent le spectacle lors de combats toujours bien nerveux.

Et cette fois nous avons la chance, le jeu n'a subi aucune censure. Le sang coule donc (outrancièrement) à flots des corps découpés, décapités, déchiquetés et explosés tout au long de l'aventure.

Mecha time
Mecha time
La maniabilité non plus n'a pas changé. On frappe avec le bouton « A », on locke et on protège avec « Z », on donne des grands coups de wiimote pour trancher dans le vif en courant, on fait des roulades d'esquive avec la croix directionnelle et on recharge son katana en appuyant sur « 1 » tout en secouant la même wiimote comme un fou si on tombe à court de cellules d'énergie pour son arme. Comme dans No More Heroes on retrouve aussi la transformation de Travis en berserk, transformation rendue possible quand il a achevé suffisamment d'ennemis avec une choppe ou une frappe fatale, deux sortes de coups qui nécessitent de bouger le combo nunchuk/wiimote ou juste la wiimote dans les directions indiquées à l'écran. A ce moment là une roulette se met à tourner et suivant la combinaison obtenue Travis rentre en mode furie (appelé ici Darkside Mode) et peut découper ses adversaires à la vitesse de la lumière pendant une quinzaine de secondes. Luxe ultime, si il obtient la combinaison « Lucky 7 » il se transforme en tigre pour ne faire qu'une bouchée des vilains. Bestial! Ce qui est nouveau en revanche c'est qu'on peut aussi déclencher l'état de furie manuellement en pressant la touche « - » dès que l'indicateur en bas à droite de l'écran (un tigre justement) passe au rouge et donne dans le féroce.

La belle Shinobu
La belle Shinobu
A noter aussi que Travis n'est pas le seul personnage jouable de No More Heroes 2. On en trouve en effet deux autres (Shinobu la samouraï et Henry l'irlandais) qui ont chacun un style de combat différent, ce qui permet d'aérer agréablement le gameplay même si ils ne font pas longtemps partie de l'histoire.

La direction artistique du jeu n'est pas non plus en reste puisque l'on retrouve le style graphique particulier du premier épisode, mais ici avec un moteur plus fluide et un design plus fin, et une bande son rock toujours aussi percutante et entrainante.

Par contre le soft souffre de quelques menus défauts, pas rédhibitoires mais quand même du genre crispants, comme une caméra souvent aux fraises lors des fights et des ralentissements parfois assez prononcés. Ça ne vient pas entacher le fun que l'on prend à jouer à No More Heroes 2, d'autant plus que c'était pire dans le premier volet, mais il y a quand même matière à faire la grimace de temps en temps.

Touchdown!

Quoiqu'il en soit No More Heroes 2 se révèle être à la hauteur des attentes placées en lui. Décomplexé, défoulatoire et tout autant empreint de « gros doigtitude » que l'épisode qui l'a précédé, on regrettera juste qu'il soit un peu court et qu'il nous rappelle que la Wii manque quand même cruellement de titres hard boiled.