Rage - Test
Jeux Vidéo / Critique - écrit par Mandark, le 07/10/2011 (Tags : rage software test avalanche ennemis monde armes
Avant que les jeux de tir en vue subjective ne soient désignés sous l'appellation technique de FPS, ils étaient généralement affublés du nom plus « chaleureux » de Doom-like ou Quake-like, en référence bien sûr à Doom et Quake, les deux titres qui, à peine débarqués sur les PC de l'époque, avaient instantanément marqué les esprits au point de servir de références ultimes pour un genre qui porta donc vite leur noms. Et à l'origine de ces deux pierres angulaires du jeu vidéo, il y a le studio id Software, et surtout leurs deux créateurs, John Romero et John Carmack.
Si le premier a quitté id pour fonder Ion Storm en 1996, le second est resté et a notamment dirigé le développement de Doom 3 avant de se lancer dans l'aventure Rage et son élément vedette : le graphic engine id Tech 5. Six ans de travail après, voilà enfin que Rage déboule sur nos machines, et c'est enfin l'heure du verdict.
De sympathiques voisins s'empressent de venir
à votre rencontre !Fatalement ça devait arriver, notre bonne vieille planète bleue finit par se retrouver un jour sur la voie de passage d'un immense astéroïde. Une bande de nantis, croyants se mettre à l'abri du danger, ont juste avant l'impact pris des dispositions pour se faire cryogéniser dans des sanctuaires protégés. 106 ans plus tard l'un d'eux se réveille pour constater que non seulement il est le seul à avoir survécu - les caissons de ses congénères n'ayant finalement pas tenu le coup - mais que l’astéroïde a causé suffisamment de dégâts pour transformer le monde que nous connaissons en champ de ruines post-apocalyptique. Après quelques pas à l'extérieur (le temps de découvrir le Wasteland, un paysage ravagé qui va être le théâtre des opérations) et une courte cinématique (le temps d'exposer rapidement la situation), on est balancé dans le vif du sujet : l'humanité se divise désormais entre survivants regroupés dans des villes de fortunes, groupes de pillards organisés et mutants agressifs, et tous sont surveillés par « l'Autorité », l'actuel gouvernement dirigé par un groupement para-militaire. Et pour survivre dans ce nouveau monde hostile il va falloir en découdre à grands coups de pétoires. Heureusement la loi de la sélection (pas) naturelle fait bien les choses, et le survivant que vous incarnez a eu la bonne idée de se faire génétiquement modifier avant le cataclysme, d'où une constitution supérieure à la moyenne et surtout la présence d'un défibrillateur intégré directement dans sa poitrine, ce qui est bien pratique et pour éviter une fin prématurée, et pour au passage griller net un assaillant qui se trouverait un peu trop près.
Rien de tel qu'un petit coup de turbo pour prendre
de la hauteurPremière constatation lorsque l'on lance la galette dans sa Xboite : le jeu est absolument splendide ! On est frappé par une impression de dépaysement absolue dès les premières secondes, que ce soit à la vue d'un désert canyoneux où se détache en fond des ruines de civilisation ou en levant les yeux vers un ciel absolument fascinant de réalisme, sans compter que l'id Tech 5 affiche une profondeur de champ vraiment sympathique (du coup on ferme les yeux sur certaines textures un peu limites vues de trop près). De plus le tout tourne sans aucun ralentissement en 60 i/s, que l'on ait installé les 20GO du soft sur son disque dur ou non (la différence entre avec et sans se fait surtout sentir au niveau des temps de chargement). Un résultat vraiment bluffant pour une console HD qui commence pourtant à arriver en fin de cycle, et la preuve que le sieur Carmack n'a pas volé sa réputation de meilleur développeur indépendant de moteurs graphiques (pour rappel, Quake fut le premier jeu de tir subjectif en 3D totale avec effets de lumière dynamiques). Bref, c'est vraiment très très beau, et qui plus est le level-design a fait l'objet d'une attention particulière, au point que chaque lieu à vraiment une identité propre, ce qui n'est pas rien quand on sait que le décor général est quand même un immense désert !
Seconde constatation, le jeu a un feeling « old school » dans son gameplay qui rappelle instantanément qu'il y a un indéniable savoir faire id Software, et c'est la brillante alchimie entre la beauté des décors et un gameplay classique mais solide qui immerge le joueur au point d'avoir franchement du mal à lâcher la manette au bout d'un moment.
Le maire de Wellspring : un look très westernCar si on ne peut éviter le parallèle avec deux jeux récents qui puisent eux aussi leur inspiration du côté du phénoménal Mad Max 2 de George Miller - à savoir Borderlands et Fallout 3 - Rage, bien que se situant lui aussi dans un monde post-apocalyptique ouvert, est en fait beaucoup moins grand que les deux titres pré-cités, et si son gameplay comporte lui aussi des éléments de RPG (armes et véhicules à customiser pour les améliorer, éléments à combiner pour fabriquer de nouveaux objets ou se soigner, objets à revendre pour se faire quelques brouzoufs) il ne s'agit pas de prendre de l'XP, mais en définitive bien de défourailler « à l'ancienne » avec un arsenal classique mais tout ce qu'il y a d'efficace, en alternant les quêtes principales et secondaires pour aider les survivants terrés dans ou aux alentours des deux villes du jeu : Wellspring et Metro City.
Un level-design vraiment impressionnant Alors oui, Rage fonctionne sur une mécanique qui sur le papier crée assez vite une certaine répétitivité : on parle à un NPC qui nous confie une mission - toujours très linéaire - où il s'agira généralement de se rendre dans le repaire de malfrats futuristes pour dézinguer tout le monde et revenir ensuite voir le NPC pour avoir accès à une récompense. Seulement voilà, chacune de ces missions est un vrai régal à jouer, parce qu'à chaque fois il y a ce level-design de folie et parce que la variété des ennemis rencontrés, leur résistance et leurs comportements très différents les uns des autres font que l'on appréhende chaque confrontation de façon unique dans la tactique de combat. Résultat, on ne s'embête jamais. Au contraire, une fois une mission terminée on se met immédiatement en quête de la suivante pour pouvoir encore jouer du flingue, du pompe, du fusil d'assaut, du sniper, et balancer violemment quelques grenades ou bien ses wingsticks, sorte de boomerangs tranchants qui sont un clin-d’œil évident au feral kid de Mad Max 2. La référence au Road Warrior ne s'arrête d'ailleurs pas là, puisque Rage propose également d'utiliser des quads et autres buggys rafistolés pour se déplacer à grands coups de turbo dans le Wasteland. Des phases - pas obligatoires (sauf deux) - très faciles à prendre en main et qui offrent quelques moments sympas dès que le véhicule est équipé d'un canon embarqué, ou qui permettent de gagner de l'argent en participant à quelques courses, armées ou non.
Les soldats de l'Autorité sont organisés et il faudra
ruser pour s'en débarasserRage dispose donc, et quoi qu'on en dise, d'un des modes solo les plus réussi de l'année, et le bonheur serait à son comble si seulement il bénéficiait d'un mode multi à la hauteur. Car c'est hélas là que le bât blesse (en plus d'une V.F qui fait parfois franchement saigner des oreilles, surtout chez les ennemis ; on imagine sans peine un gusse lire vite fait sa feuille de texte en attendant de pouvoir toucher son chèque et aller fumer son clope !).
Non pas que les modes de jeux proposés soient vraiment ratés : il y a possibilité de se faire neuf missions coop online ou en split-screen, d'une bonne vingtaine de minutes chacune, ce qui rajoute quelques heures de jeu franchement agréables à la bonne douzaine que propose l'aventure principale. Mais en dehors de ça on ne trouve que des affrontements à bord de véhicules ! Alors oui, il y a du deathmatch et du capture the flag, mais que sur roues, ce qui est un peu incompréhensible pour un mode multi de FPS. Et perso, si je veux m'éclater online avec une caisse, je fonce direct sur Motorstorm : Apocalypse ou Driver : San Francisco, qui sont quand même d'un niveau largement supérieur à celui de Rage dans le domaine.
Home sweet home...Il est vrai aussi que certains pourront regretter un manque de profondeur concernant l'univers du titre, bien moins vaste que ceux de Borderlands ou Fallout 3, mais encore une fois ce n'est finalement pas le même type de jeu. Il faut plutôt chercher le parallèle justement du côté de Doom et Quake, c'est à dire dans l'immersion totale et musclée au sein d'un monde réellement marquant de par sa crédibilité, son esthétique unique, son rythme haletant et son ambiance incroyablement prenante, même si hélas un mode multi trop léger et une fin franchement à la ouaneguène viennent un peu ternir le tableau.
Une révolution bien plus dans la forme que dans le fond donc, mais à l'arrivée un jeu tout de même profondément immersif et réussi auquel on pardonne facilement certaines faiblesses, surtout en se prenant à imaginer ce que va donner Rage 2, d'ores et déjà annoncé.