8.5/10Call of Duty - Black Ops - Test PS3

/ Critique - écrit par Mandark, le 24/11/2010
Notre verdict : 8.5/10 - Black office (Fiche technique)

Tags : ops black call duty mode test solo

Il semblerait que chaque nouveau Call of soit désormais destiné à devenir le titre de tous les records. Pour Modern Warfare 2 c'était mérité, et Infinity Ward avait placé la barre très haut. Cette année, Treyarch mérite-t-il d'avoir explosé les ventes de son prédécesseur ?

Record battu !

Ça y est, c'est officiel, Call of Duty – Black Ops est LE produit culturel, tous secteurs confondus, à avoir connu le plus gros démarrage et les plus importants chiffres de vente de tous les temps pour une journée de lancement : rien moins que 360 millions de dollars en 24 heures (soit 5,6 millions d'exemplaires écoulés rien qu'aux states et au Royaume Uni), encore mieux que Call of Duty - Modern Warfare 2, qui détenait ce même record depuis l'année dernière avec ses 4,7 millions de pièces ayant trouvées preneurs sur le même laps de temps.
Carton plein donc ! Et carton prévisible aussi, car depuis la baffe immersive de l'opus 4, chaque épisode se vend mieux que le précédent et chez Activision on doit se frotter les mains chaque mois de novembre rien qu'à l'idée de voir affluer les billets verts par brouettes.
La raison de ce succès ? Un mode solo haletant basé sur un scénario béton et surtout un mode multi qui a fait ses preuves au point de s'imposer pour beaucoup comme la référence absolue du shoot en ligne avec son système de grades et d'évolution gratifiant allié à un rythme de jeu très nerveux.
Call of Duty
est donc une série au succès public certain, mais les points de vues ne sont pas forcément toujours aussi unanimes quand il s'agit de la critique, ceci de par le fait que chaque nouveau volet de la franchise était développé un coup sur deux par un des deux studios « attitrés », Treyarch et Infinity Ward, et qu'à ce petit jeu c'est toujours ce dernier qui est sorti grand vainqueur sur le plan de la narration, du design, du gameplay et de l'intensité sur le champ de bataille (du moins jusqu'à cette année et le clash avec Activision qui a eu pour conséquence le départ des têtes pensantes du studio).

Guerre froide
Guerre froide
Autant dire que chez Treyarch ça n'a pas forcément du être rose tous les jours de se dire que malgré les excellents chiffres de ventes de leur World at War, le succès était surtout la conséquence du raz-de-marée Modern Warfare l'année passée, et que leur bébé était loin d'avoir été célébré avec les même louanges par la presse.
Bref, c'est peut-être parce qu'ils étaient dans l'ombre d'Infinity Ward que les petits gars de chez Treyarch ont décidé de continuer la lutte, in-game cette fois, sur le terrain des opérations spéciales, secrètes et « on a need to know basis only » par nature.
Fini donc (et enfin !!!) le tartalacrêmique conflit de la seconde guerre mondiale, c'est la période plus adulte, moins exploitée des années 60-70 et de la guerre froide qui servira ici de toile de fond. L'occasion pour les développeurs de concevoir un background de blockbuster puissant, et de faire appel à un cast « excusez du peu » : Sam Worthington, Ed Harris et Gary Oldman, entre autres, prêtent leurs voix aux protagonistes principaux en V.O et le scénario a été écrit par David S.Goyer (Dark City, Blade, The Dark Knight) en vue de renforcer le travail acharné des équipes de développement du studio, qui étaient toutes et à plein temps sur le projet depuis un an, que ce soit sur le solo ou sur le multi.
Et on va commencer par un constat positif en affirmant haut et fort que niveau ambiance et réalisation c'est une vraie réussite. Une narration habile implique le joueur tout au long d'une intrigue faisant la part belle à l'espionnage et à la théorie du complot, qu'il vivra sous la forme de niveaux-flasbacks à l'animation et au rendu graphique généralement éblouissants (avec mention spéciale pour la partie se déroulant au Viêtnam, proprement moite !) jusqu'au twist scénaristique final.

Guerre moite
Guerre moite
Puisqu'il faut bien, ici aussi, sacrifier au jeu du comparo entre l'approche du solo selon Treyarch et Infinity Ward, on notera que ces derniers conservent sans peine la maîtrise du sujet, mais ce n'est pas pour autant que chez Treyarch on ait à rougir du boulot effectué. Car comme on dit dans les douches à l'armée, ils se sont sortis les doigts les bougres, et livrent un furshlugginer de ride furieux tendance rollercoaster à grand spectacle surtestostéroné qui n'a rien à envier aux Modern Warfare pour ce qui est de ne pas donner envie de lâcher le pad avant le générique de fin.
Bien sûr on pourra leur reprocher de coller d'un peu trop près au manuel du bon p'tit Call Of, avec un déroulement de jeu inévitablement parsemé d'une profusion de scripts, nécessaires certes, mais qui privent le bidasse virtuel de la moindre liberté de manœuvre hors suivre les consignes données par les PNJ, et le condamne à assister à d'infinies vagues de respawn des ennemis tant qu'il n'a pas avancé (ou à des situations franchement ridicules, comme cette embarcation et son équipage qu'il est impossible ne serait-ce que d'égratigner tant que l'on n'a pas fait 5 pas de plus pour voir apparaître le bazooka qui réglera le problème).
Mais leur savoir faire, la diversité des lieux et des situations proposées (comme ce très jouissif niveau où l'on s'échappe en Hind, ce gros hélico d'assaut soviétique, en faisant place nette sur le fleuve) et visiblement l'envie d'en découdre et de montrer que eux aussi ils savent faire des softs qui prennent aux tripes finissent très vite par alpaguer le joueur, à qui ça fait bien zizir d'en avoir pour son argent.

Aube rouge
Aube rouge
Le contexte historique choisi est aussi pour beaucoup dans la réussite du titre. Situer l'action en pleine guerre froide est en effet une excellente idée de par la richesse du background politique et militaire de l'époque, propice à raconter une bonne histoire d'espionnage musclée qui baladera le joueur aux 4 coins du monde (il y a même quelques moments où le jeu vous a un petit côté James Bond). C'est aussi l'occasion de varier un peu le classique arsenal du parfait V-troufion, assez souvent coincé ces dernières années entre les pétoires de la guerre du pacifique et les M16 à visée laser utilisés par les G.Is au moyen-orient dès lors que l'on parle de FPS guerrier. On retiendra ainsi l'arbalète, silencieuse et mortelle et qui peut également envoyer des carreaux explosifs à retardement (humiliation garantie en multi !), le toujours très sympathique lance flamme et, redoutablement efficaces, les cartouches incendiaires pour le peupon. Le reste de l'armurerie est bien sûr conséquent, et c'est avec une belle gamme de bâtons-de-feu (et votre fidèle coutelas!) que vous allez faire couler « le premier sang », et pas que le premier d'ailleurs. Et c'est là qu'il est sans doute bon de préciser que pour ce qui est de la violence, Black Ops ne fait pas vraiment (et vraiment pas) dans la dentelle ! Égorgements, démembrements, énucléations, le tout savamment arrosé de jus d'airelles qui fait « pshhhh » en 5.1 quand il gicle...certains passages mettraient presque mal à l'aise de par la crudité et la froideur des exactions décrites, et même si un message en début de partie vous fait savoir qu'il est possible de fermer le robinet à hémoglobine à tout moment du jeu, le manque de gore n'atténue en rien la sauvagerie de ces séquences. Est-ce trop, est-ce « réaliste », premier degré, décalé ? Chacun en jugera chez soi, mais ce qui est certain c'est que les âmes sensibles sont prévenues (et qu'il y a un gros 18 sur la jaquette).
Barbouze on the wall
Barbouze on the wall
Plus proche d'un aspect que nous qualifierons de « grand guignolesque », la cuillerée de confiture de fraise balancée à la volée sur l'objectif fait son grand retour après sa tournée événement sur Modern Warfare 2. Résultat, après avoir mangé 3 bastos on ne voit plus rien ! Autre bémol, certains cafouillages de l'I.A des ennemis ou des coéquipiers (qui en plus ont tendance à se ressembler dans le feu de l'action), pas tout le temps mais assez tout de même pour que cela reste un défaut. Tels des figurants qui attendent un « moteur » ou qui se sont trompés de plateau, les pauvres pantins restent parfois plantés là ou alors marchent tranquillement sur vous sans vous voir, et ça ça casse un poil le délire.

Mais en définitive, et bien heureusement après les attentes qu'il a suscitées, ces quelques boutons d'acné ne ternissent jamais le teint de rose du solo de Call of Duty – Black Ops, qui n'a comme ses prédécesseurs que la réelle faiblesse de voir sa jeunesse faner follement vite (pour ceux qui ne sont pas versés dans le trip symbolique poétique, ça veut dire que le jeu est court), avec une durée de vie de 6 à 7 heures.
Cela dit, depuis Call Of Duty 4 et son mode multi en réseau qui s'est imposé, et s'impose encore, comme un « must play » pour tous les fraggeurs de la toile, on achète surtout chaque nouvelle itération pour prendre du gallon online. Si Call of Duty – World at War n'avait pas autant convaincu que son aîné pour ce qui était de la campagne principale, son mode multijoueur avait lui su séduire. Un constat positif que l'on ne peut que renouveler aujourd'hui, car là non plus l'équipe de développement en charge du multi n'a pas renâclé à la tâche. La base du jeu reste bien entendu la même, avec le gain d'exp permanent, la récup d'armes sur les brothers plus trop in arms et les killstreaks qui donnent accès à des bonus offensifs et défensifs, tout ça en classiques deathmatch, team deathmatch, domination et tutti-quanti, et sur une quinzaine de maps bien foutues.

Le multi est une réussite
Le multi est une réussite
Ce qui est nouveau c'est que le multi de Call of Duty – Black Ops introduit un système économique. En plus de rapporter des points d'expérience chaque partie permet d'engranger de l'argent, qui servira à acheter les armes, gadgets et autres options débloquées au fur et à mesure, mais pas seulement.
Afin de se confectionner une cagnotte plus importante, les joueurs peuvent aussi souscrire des contrats. Il s'agit de défis à réaliser en un temps limité, débloqués en investissant une certaine somme et qui en rapportent un montant bien supérieur en cas de réussite. Le côté sympa de la chose, c'est que de nouveaux contrats sont proposés régulièrement pour faire grossir son pécule sans avoir l'impression de revivre Un Jour Sans Fin.
Mais le vrai truc en plus, ce sont les Wager Matches : 4 types de matchs pour lesquels les participants investissent leurs kopecks. 6 joueurs s'affrontent alors et il faut impérativement terminer dans les 3 premiers pour faire gonfler ses gains. Et en plus les types de matchs en question peuvent se vanter de proposer des règles pas banales ! En mode One In The Chamber, on démarre avec une seule cartouche et chaque kill hokuto octroie à son auteur une munition supplémentaire. Pas mal non ? Pour celui appelé Sticks & Stones tous les joueurs sont équipés d'une arbalète, d'un chlâsse et d'un tomahawk ! Gun Game fait commencer tout le monde avec un six-coups et à chaque kill l'arme devient de plus en plus puissante, et dans Sharp Shooter tous les tireurs se voient attribuer le même soufflant aléatoirement, et celui-ci change à intervalles réguliers.
Beaucoup apprécieront enfin le retour des zombies, qui titubaient déjà dans World at War. Jusqu'à 4 joueurs peuvent unir leurs forces online (2 en local) pour défendre un cinéma nazi en Allemagne ou le Pentagone contre des hordes déferlantes de croques-cervelles.

C'est bô comme du Wagner !
C'est bô comme du Wagner !
Comme si cette débauche de modes et variations n'était pas suffisante, Treyarch fini d'enfoncer le clou avec le Combat Training, un coop permettant à 6 joueurs de se mesurer à un ennemi commun contrôlé par le soft, idéal pour ceux qui débutent et qui voudraient se faire la main tranquillement avant de se jeter dans la boucherie en réseau. Et puisqu'on cause de bouffe, je rajouterais une cerise finale sur le gâteau : on peut maintenant enregistrer des replays des matchs pour étudier tout ça bien tranquillement, les pieds sur la table basse, en fumant une chicha.

Ouf ! Y'a pas, en termes de contenu c'est du lourd, du bien ficelé, du généreux. Difficile dès lors de l'être (difficile), quand au final le jeu tient toute ses promesses et en met plein la vue avec autant de conviction et de savoir faire et que la somme de ses qualités est bien supérieure à celle de ses menus défauts.

Beau, fun, prenant. Call of Duty – Black Ops, c'est un jeu qu'il est bien !