Final Fantasy X - Test

/ Critique - écrit par Nicolas, le 18/08/2002

Tags : final fantasy ffx jeux yuna tidus test

"Je ne pense pas être de ceux qui savent créer de bons jeux d'action. Je préfère raconter une histoire." Hironobu Sakaguchi, créateur - Final Fantasy

Square Soft persiste et signe. Avec le dixième opus de la série de RPG-console la plus connue au monde, Final Fantasy fait son entrée sur PS2 pour un épisode qui ne passera certainement pas inaperçu, bien qu'il ne s'écarte pas énormément de ses prédécesseurs. Un DVD n'est pas de trop pour contenir la totalité de cette nouvelle histoire jalonnée de mystères, de tromperie, d'amour, et de belles invocations qui font mal.

Tidus, jeune star du Blitzball, est sur le point de remporter une nouvelle victoire avec son équipe les Zanarkand Abes quand un monstre gigantesque attaque la ville. Traîné de force par son tuteur, Auron, il va jusqu'à entrer en contact avec la monstrueuse créature, ce qui le transporte sur Spira, sa planète mais 1000 ans dans le futur. Le monstre, Sin, est toujours présent, troublant la quiétude du peuple qui a seul foi en les Invokeurs, des prêtres capables d'invoquer des créatures surpuissantes pour combattre le mal. Au bout d'un long pèlerinage, l'Invokeur peut recevoir l'Ultime Invocation, seule force au monde capable de neutraliser Sin pour 10 ans. Embarqué bien malgré lui dans le pèlerinage d'une jeune Invokeur, Yuna, et de ses gardiens Lulu et Khimari, Tidus va commencer à arpenter Spira et apprendre des secrets sur lui dont il n'aurait jamais pu se douter...

FF X marque le passage de la série dans la 3D. Cela apporte évidemment quelques modifications dans le jeu qui ne sont pas toutes bénéfiques. En effet la caméra a tendance à tourner sur elle-même est à réduire le champ de vision, si bien que les yeux du joueur ne quitte plus la petite carte afin de bien repérer les endroit praticables. Par contre, on aurait pu croire que l'environnement perdrait en plasticité (la 2D ne souffre pas des textures), mais le résultat est tout autre. Une réussite complète, et certainement les plus beaux paysages à ce jour de la PS2.

Les personnages, après avoir longtemps été représentés en Super Deformed, ont été dessinés cette fois-ci de façon "normale" (tel FF8). Un très gros effort a été fait pour que les personnages puissent réellement vivre, c'est à dire qu'ils puissent disposer d'un panel d'animations les rendant très crédibles. Et un encore plus gros a été fait sur l'animation faciale, leur permettant d'exprimer des sentiments autrement que par une gestuelle exagérée ou avec des mots. Ce n'est pas encore parfait, mais le progrès est là. Ce qui donne des personnages si bien rendus qu'on pourrait confondre les "cinématiques" (séquences narratives produites avec le moteur du jeu) avec les "vidéos" (images de synthèse précalculées).

C'est vrai, il est possible d'hésiter. Tout du moins, avant d'avoir vu la première vraie "vidéo" (la séquence de Blitzball, sur fond de Metal), atteignant une qualité proche du film (Les créatures de l'esprit) lui-même. Le faciès des personnages se dévoile nettement plus "oriental" que par le passé, pourra-t-on remarquer.

En termes visuels, FF X exploite du mieux qu'il peut les possibilités de la machine. Les attaques et autres magies resplendissent de couleur, d'effets de lumière, et les invocations explosent de beauté.

Dernière innovation technique, et pas des moindres, les personnages parlent. Chacun des protagonistes principaux et des PNJ importants sont systématiquement doublés en anglais (sous-titrés français, on a échappé au doublage), ce qui apporte encore à l'atmosphère du jeu. Des dialogues ont été également prévus pendant les combats, lorsque les personnages entrent en jeu ou donnent le coup final (du genre "Farewell", "See You", etc.)

Ce qui nous donne un Final Fantasy techniquement très réussi, sur tous les plans.

Parlons maintenant un peu de ce qui fait le coeur des FF, l'histoire, les personnages, et le système de combat. Dans les Final Fantasy, vous suivez une trame scénaristique très linéaire, le joueur n'intervenant que pour se déplacer et combattre.

Commençons par dresser une petite présentation des différents acteurs que vous pourrez incarner :
- Tidus, jeune star du Blitzball (finalement pas si bon joueur je trouve), avec une sérieuse dent contre son père (aussi joueur de Blitzball) qui a lâchement abandonné son fils et sa femme il y a 10 ans. Fraîchement débarqué sur Spira, il devra apprendre à connaître le nouveau monde qui l'entoure et se faire à l'idée qu'il ne rentrera peut-être pas chez lui, à Zanarkand.
- Yuna, jeune Invokeur en pèlerinage pour obtenir l'ultime invocation, et le seule personnage du groupe à pouvoir invoquer. Elle est remplie de bons sentiments, désirant plus que tout rendre les gens heureux et être entourée de ses amis.
- Auron, le fier combattant qui lorsqu'il ne combat pas garde toujours un bras dans sa veste. Un personnage énigmatique, puissant physiquement, qui sert de mentor à Tidus.
- Lulu, une des gardiens de Yuna, une magicienne limite gothique avec un bon 95 D et un décolleté à faire pâlir n'importe qui. Froide, distante, mais sage et surtout très puissante avec ses sorts élémentaires.
- Khimari, un ronso, une espèce de lion bipède avec une corne (coupée pour Khimari), un autre gardien de Yuna. Pas très bavard, très à cheval sur son rôle de gardien, assez puissant physiquement.
- Rikku, jeune Al Bhed (les hérétiques utilisant les machines), au comportement assez infantile. Rikku, si elle est une piètre magicienne et ne vaut rien en tant que combattante, possède certains atouts comme pouvoir voler ses adversaires, démonter les ennemis mécanisés, ou utiliser de puissants objets inutilisables pour les autres.
- Wakka, un adepte de Yevon (la religion de Spira) et du Blitzball, se défendant avec une balle dudit sport. Très respectueux des préceptes de Yevon, et également gardien de Yuna. Un personnage assez moyen, qui trouve son utilité surtout sur les adversaires éloignés ou volants.
Voilà pour les personnages.

Le système de combat est au tour par tour. Sur la droite de l'écran est indiqué l'ordre d'attaques dans la mêlée, selon leur rapidité et l'action qu'ils vont entreprendre. Cela permet rapidement d'élaborer de bonnes stratégies, puisque l'on sait quand tel personnage va pouvoir faire son action.

En combat, vous pouvez évidemment attaquer, utiliser des magies, compétences spéciales, ou encore des objets. Ce qui diffère, c'est la manière d'invoquer. Seule Yuna peut appeler une de ces grosses bêbêtes, les "chimères", au nombre de cinq (Valefore, Iffrit, Ixion, Shiva, et Bahamut) plus trois cachées (Anima, Yojimbo, les Soeurs Magus (Maria, Samantha, Anabella). Une fois l'invocation choisie, celle-ci remplace votre groupe et se retrouve seule face aux adversaires, jusqu'à ce qu'elle triomphe, qu'elle se fasse rappeler par Yuna, ou qu'elle soit anéantie, auquel cas votre groupe revient. Je dois avouer que ce système ne trouve pas très grande utilité au départ, du fait du peu de points de vie dont disposent les invocations, et qu'elle ne peuvent pas encore se soigner d'elle-même. Vers la fin, on ne peut plus vivre sans, surtout Bahamut puisque son attaque peut largement dépasser la barre mythique des 9999 (et sans parler des trois invocations cachées).

Autres nouveautés, si votre groupe n'est composé que de trois personnes, il est possible d'en intervertir. Par exemple, lorsque le tour de Yuna vient, il est possible de la remplacer par Lulu qui pourra de suite lancer une de ses puissantes magies. Notez que cette capacité est disponible seulement si vous avez le contrôle du personnage, ce qui implique déjà qu'il soit vivant !

A chaque fois que votre personnage se prend des dégâts, une barre en dessous de ses points de vie se remplit. Une fois complète, le personnage peut libérer un « Overdrive », une attaque puissante qui en général fait très mal. Egalement, les chimères ont aussi leur barre d'overdrive, et je peux dire que j'adore la voir remplie (la majorité des invocations font 9999 avec leur Overdrive, les autres font entre 2 à 50 fois plus).

Egalement, le système d'expérience se modifie. Au revoir les niveaux d'expérience, et bonjour au nouveaux niveaux d'expérience. Lorsque vous atteignez un certains seuil de points d'expériences (gagnés au terme des combats), vous gagnez un niveau d'évolution. Ce niveau vous gratifie d'une déplacement sur le Sphérier, un gigantesque dédale de cases où évolue chacun de vos personnages. Presque toutes les cases augmentent les caractéristiques, pour peu que vous les activiez avec les sphères appropriées (mentales, physiques, compétences, etc.), également gagnées en combat. Dirigiste au départ, le Sphérier va très vite vous demander des choix, car il n'est pas gratuit de revenir en arrière. Vous pouvez donc influer sur les personnages pour leur donner une tout autre voie que celle de base.

Enfin, l'histoire. FF X dit complètement adieu à la carte, ce qui aboutit sur un scénario encore plus linéaire. Vous traversez le paysage pour atteindre le lieu de pèlerinage suivant, vous vous écartez de temps en temps à cause d'événements non prévus, mais vous savez toujours où aller. Lors de vos déplacements, des combats sont déclenchés aléatoirement, comme tous les autres FF.

Le scénario reste très narratif. Tidus raconte en fait ses souvenirs depuis qu'il est arrivé sur Spira, et nous fait part de ses émotions devant tel ou tel événement. Alors, oui, on bouffe surtout de la cinématique (la vidéo restant très minoritaire), mais square à fait un effort de réalisation pour que cela ne soit pas trop soporifique. Après 15 bonnes heures très simples, à la fois didactiques et très scénaristiques, on rentre enfin dans le vif du sujet. Les longs déplacements se multiplient, les ennemis sont de plus en plus féroces, plus rien n'est facile. A l'approche de la bataille finale, comme d'habitude dans les FF, vous aurez à votre disposition un moyen de transport qui vous permettra de revisiter tous les lieux de Spira, et ainsi vous adonner à toutes les quêtes annexes (notamment les armes célestes, ou les invocations cachées, il y en a vraiment un tas). Un certain nombre de monstres planqués vous attendent un peu partout et font office de véritable défi (rappelez vous des Armes dans FF7, ou de Minotaur dans FF8). Et croyez-moi, quand vous n'êtes pas au courant qu'ils vont vous tomber dessus, ça fait TRES mal (les chimères sombres, des clones maléfiques et diablement puis puissantes que vos chimères, sont très amusantes, les Soeurs Magus m'ont atomisé avec un 99.999 fois 5 - je suis donc mort environ 100 fois en un coup).

L'histoire en elle-même se base sur des valeurs chères aux FF, le sacrifice, l'amour et l'honneur. Chaque personnage possède son propre background très fouillé, que vous explorerez petit à petit à travers la descente aux enfers de Tidus, qui voit son monde tout beau s'écrouler. Une belle histoire, empreinte de fantaisie, un peu longue à démarrer mais finalement très intéressante. Notez qu'il est possible à chaque point de sauvegarde de gérer une équipe de Blitzball, impliquant le recrutement des joueurs (des PNJ rencontrés sur votre route à qui vous proposez des contrats), des tournois, des entraînements, etc.

Final Fantasy X est surtout une très grande réussite technique, apportant son lot d'innovations par rapport à ses prédécesseurs (un système d'évolution intelligent), mais n'a pas le potentiel pour attirer une nouvelle catégorie de joueurs. Si vous êtes adeptes des FF, même un peu amateurs, nul doute que le 10 sera vous séduire par sa très belle histoire et l'atmosphère qu'il dégage. Pour les autres, ce ne sera qu'unFinal Fantasy de plus.

P.S. : quelques grosses sorties PS2 (notamment ce Final Fantasy, Metal Gear Solid 2) sont accompagnés d'un DVD de bonus, rempli de galeries d'images, d'interviews, de previews, etc. Pour l'instant, cela reste foncièrement inintéressant (des gens qui parlent, entrecoupés d'images du jeu en question), mais l'idée doit être creusée. Les films eux-mêmes ont mis un peu de temps à exploiter cette place qui leur était allouée, et on peut s'attendre si les développeurs continuent dans ce sens à de petits chefs-d'oeuvre justifiant le prix élevé du jeu. Soyons fous, espérons même quelques jeux en bonus (pouvoir jouer aux anciens FF ou Metal Gear, de vieux jeux presque passés dans le domaine public)...

P.P.S. : juste pour imaginer le délire que ce serait, voici je pense le doublage français idéal :
- Tidus : Jean-Claude Van Damme (« Moi je suis aware, c'est pour ça que je suis une star ! »)
- Yuna : Lara Fabian (« Je pense surtout à mes amis, à ma famille, à moi, oui, surtout à moi »)
- Lulu : Muriel Robin (« ..C'est comme ça et je vous emmerde ! »)
- Kimhari : Gérard Depardieu (« Kihmari a faim ! »)
- Auron : Christophe Lambert (« Allons vaincre Sin ! Hin hin hin hin ! »)
- Rikku : Alizée (« S'il te plait arrêtez, de persécuter les invokeurs ! »)
- Wakka : Jamel Debouze (« Allons jouer au B'itzball ! »)